Forum de FilmDeCulte

Katia Reiter dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d'années. Elle forme un duo de choc (sic) avec Aimé, jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile.

Je connais un peu Cyprien Vial, un super gars humainement, dont la carrière est étonnante: un premier film social français (BEBE TIGRE, sur les mineurs isolés), puis une comédie LGBT coréalisée avec Ocean(eRoseMarie), et enfin ce troisième opus à la promesse autrement pu sulfureuse.

Dès le début on se dit qu'on va être devant un film trippant et sourd, en constant risque d'éruption: les paysages abrupts de la Soufrière, la brume, les petites silhouettes qui gravissent le volcan... Ne manque que la musique de POPOL VUH.

Lorsqu'on redescend dans les basses terres pour les tractations avec les habitants, le préfet, et les éléments de backstory on se dit que c'est le petit passage obligé avant de repartir à l'assaut du volcan et du stress. On voit les ingrédients "note d'intention" type "Le magma c'est en réalité la clameur des guadeloupéens qui gronde contre l'état", tout ça. Mais petit à petit on comprend que la menace du volcan s'éloigne et le film se fait presque social.

D'ailleurs c'est intéressant politiquement. Normalement dans ce genre de film c'est la scientifique qui alerte les autorités, lesquelles autorités ne veulent pas la croire et mettent donc la population en danger. Ici dans la première partie c'est l'inverse: Marina Foïs (excellente mais avec un horrible mulet qui va immédiatement dater le film) minimise la menace mais le préfet campé par Mathieu Demy insiste pour déloger de longues semaines les habitants. Ce qui renvoie les habitants au trauma de leur déplacement en 1976 et donc à la mainmise de l'état sur leur île. Ça compte donc j'imagine comme un point de vue "de gauche" car on est dans les DOM-TOM (deux foruméens disparus) mais est-ce que si on faisait ça en métropole ça compterait pas comme un point de vue de droite ? En effet, le méchant "principe de précaution" érigé en règle d'or par "les bureaucrates qui ne connaissent rien à la réalité du terrain et veulent contrôler la population", bref tous les violons anti-Covid quoi.

Dans la deuxième partie les rôles s'échangent quelque peu, Foïs étant remise à sa place par Théo Christine (taillé comme un enfoiré mais tellement peu expressif...) et la menace du volcan se rematérialise un chouïa. Je sais gré au film de rebattre les cartes et d'essayer d'apporter un peu de nuance dans les positions des uns et des autres, mais la nuance risque souvent de glisser vers la confusion, dans un entre-deux mal-aisé. Le tout pour déboucher sur le climax le plus "déceptif" (on va être gentil) du monde, où le péril qui plane n'est plus celui du volcan mais... d'une coulée de boue.

Et hop, 1h19 sans générique, c'est plié, et on en ressort terriblement frustré.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste