Forum de FilmDeCulte

Belle vue hein ?

Je ne savais rien du film avant de le voir, j'ai même cru brièvement que ce serait un documentaire quand j'ai vu le générique de début: "starring Jean-Claude machin et ses enfants".

Très vite le film m'a saisi par son esthétique, ses couleurs dans tous les sens, son léger glissement par rapport à la réalité (la télé couleur parfaite dans le salon), bref tous ces oripeaux d'un bonheur idéalisé et ludique. Le film est d'ailleurs assez plaisant par ses afféteries et trouvailles Nouvelle Vague: le montage cut dans les moments intenses (lesquels peuvent céder la place à des oner sympa), les à-plats de couleur, les observations expressionnistes du quotidien (les enseignes qui viennent témoigner de valeur: "confiance", "assurance", etc.). Un regard joueur et stimulant.

Concernant le destin du perso, j'ai aimé comment ce vernis de bonheur se craquelait oklm via cette liaison tout en douceur et sans drama. Le twist des 3/4 en mode Ophélie nous surprend, même si le dernier acte paraît précipité, la faute notamment à ce tournage estival par trop condensé où on n'a nullement la sensation de passage du temps (t'as l'impression que le film se déroule en deux semaines - même si l'apparition des feuilles automnales à la fin est immédiatement impactante).

Pour ce qui est de la fin, je pensais que qu'on s'orientait vers un nouveau "bonheur" reconstitué que le héros ne pouvait s'empêcher de fuir à nouveau (sa brève errance dans les bois quand il se détache de sa nouvelle cellule familiale), allant en quête d'une nouvelle postière qui pourrait lui servir de maîtresse, comme un cycle sans fin. Mais pas sûr que ce soit ça qu'elle raconte.

Par contre j'ai pas décelé la représentation des minorités signalée par Jeronimo, j'ai juste remarqué un mec noir au bal mais c'est tout. Au contraire je me disais que ça témoignait d'un monde ouvrier totalement blanc et de barres d'immeubles montrées presque comme idylliques alors qu'aujourd'hui ça doit être DHEEPAN. D'ailleurs c'est un témoignage jouissif d'une banlieue parisienne qui ne fait plus rêver et ça a été un kif monstrueux d'aller chercher les décors du film, voyez plutôt:

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste