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Les monstres de l'espace en VF (purée...), troisième volet des aventures du professeur Quatermass, toujours pour la Hammer, toujours écrit par Nigel Kneale, toujours à partir de sa troisième série pour la BBC.

Changement d'acteur déjà pour le personnage, qui finit bien moins désagréable et prototypique, plus paternant. Personnage féminin plus présent, plus intense, moins caricatural (Barbara Shelley, charmante). Fidèle à l'écriture des deux premiers films de la série, on reste dans un empilement de mystères et de péripéties toujours intriguants, même si le démarrage se fait ici de manière moins urgente, et certains raccourcis pour faire avancer les choses s'avèrent bien didactiques (Quatermass formule deux ou trois hypothèses décisives un peu trop facilement, mais c'est le jeu du format aussi).

L'ambition en termes de SF horrifique est en revanche sidérante, proposant une synthèse d'invasion, possession, cosmogonie, hantise et occulitsme, paranormal et parapsychique, dans une veine qui rappelle par moments certains concepts chers à Lovecraft en matière d'angoisse sourde quant à nos origines secrètes qui détiennent aussi la promesse, encore à déchiffrer, de notre anéantissement à venir. Et ce malgré le côté légendairement statique & studio des productions Hammer de l'époque. Si l'articulation entre toutes ces idées n'est pas toujours habile, l'atmosphère menaçante et la nature totale (physique, psychique et spirituelle) de la menace rattrape le tout, ainsi que le côté osé de l'entreprise et surtout sa générosité : dès qu'on sent poindre un cul-de-sac niveau rythme, révélation ou intrigue, BAM, une nouvelle dinguerie vient soit remettre une couche d'incompréhensible à explorer, soit précipiter une escalade de la menace. Il y a une sorte d'inconfort galvanisant qui se dégage de la détermination des personnages face à la peur de l'inconnu qui se dévoile peu à peu jusqu'à un final aussi surprenant qu'ambitieux niveau catastrophe.

J'ai adoré être aussi surpris et aussi souvent.

Vraiment cool.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Celui-là est sur ma liste depuis quelques temps mais tu donnes aussi envie de voir les autres.

Vu à la fac avec les autres Quatermass, en grande partie à cause de sa citation dans le Lipstick Traces, le bouquin sur les situationnistes de Greil Marcus qui le relie au dernier concert des Sex Pistols :

"Il est flagrant aujourd'hui que Quartermass and the Pit est une version des années soixante des films bombe-atomique-mutation des années cinquante. Une allégorie disculpante du nazisme et du Blitz. Une actualisation rapide et facile de l'hérésie gnostique qui divise le monde entre dieux également puissants, le dieu du bien et le dieu du mal. Une tentative facile pour faire de l'argent, à partir des moindres dislocations, bouleversements, désorganisations, qui peuvent intervenir dans la société moderne à un moment donné. Ça ne marche pas comme ça. Le sentiment d'épouvante progresse - surtout à deux heures du matin, heure à laquelle le film est le plus volontiers programmé à la télévision. Quand, comme l'a écrit Nietzsche, "l'homme admet qu'on lui mente (...) lorsqu'il rêve, et son sens moral n'essaye même pas d'empêcher cela." Quand il n'y a personne avec qui on puisse surmonter le film. La victoire de Quatermass est la victoire de la certitude rationnelle sur le double irrationnel. Le doute sur son visage, à la fin, ne signifie pas qu'il doute d'avoir gagné mais d'avoir voulu gagner. Ce n'est peut-être pas un accident si, habituellement, quand il passe à la télévision à une heure tardive, les vingt dernières minutes sont coupées : plus d'anarchie, rien que le mystère, sa solution formelle, et puis le dernier plan du film, qui n'a plus alors aucune signification."

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