Forum de FilmDeCulte

Il y a effectivement quelques scènes assez chichiteuses et c'est dommage que la narration soit parfois confuse, mais à part ça c'est un superbe film, qui montre bien la complexité de l'engrenage de la violence en Corse. J'ai adoré la mise en scène, toujours à bonne distance des personnages.

Très marrant le résumé du Truebas par gontrand.
Sinon le Peretti, pas mal, même si par trop sérieux : le film paraît ne pas relever l'ironie de ses situations, embrassant volontiers, même en le critiquant, un tragisme folklorique qui prête à sourire (ainsi qu'un Breton comme Pétillon a très bien su le relever). Sur le plan formel, j'apprécie le côté roman photo que le film explore par moments - moins les scènes spleenétiques, plan séquence se déroulant au son d'une chanson dans son intégralité. Les personnages sont pas suffisamment caractérisés : ainsi cet ami, qui est peut-être l'intellectuel de la bande, mais dont on n'apprend que dans l'ultime scène qu'il est prof. Le développement du mouvement autonomiste et indépendantiste dans les années 90 est pas super intéressant non plus, traité sous son aspect tragique, une fois que le sujet a été défriché. On sent que le film veut explorer quelque chose d'autre, en insistant sur l'aspect décevant de la réalité, vrai thème de Peretti, et peut-être caractéristique de la psyché corse, écartelée entre anomie et désir d'action, qui se résout en suicide ou en accident sur les routes à lacets (plutôt fréquents comme le devine fort à propos Gontrand).

J'ai trouvé ça remarquable, sans doute mon film préféré cette année, pour l'instant.

Cette ligne de crête entre d'une part mise à distance des émotions faciles pour mieux laisser le spectateur déchiffrer ce qui se passe à l'écran (ou hors champ, à l'image du récit de la mort de Patrick par une simple voix off pendant qu'Antonia rentre de la plage), et d'autre part lame de fond émotionnelle dans cette chronique d'une jeunesse qui va s'abîmer dans la violence et la recherce de pureté, est admirable. Le personnage d'Antonia se tient à la lisière de ce groupe d'indépendantistes, entre soutien et circonspection, il est filmé comme tel avec des cadrages relativement distants mais qui bougent en douceur, afin de marquer une différence du cinéma avec la photographie, et cette caresse est la matérialisation de la nostalgie sourde qui baigne le film.

Le militantisme est traité avec une forme d'abstraction quant à ses raisons, ce qui permet d'universaliser le propos qui n'a pas grand chose, finalement, de spécifiquement corse. Le film se propose d'explorer les confins de la fin et des moyens, de la noblesse de la cause et des compromissions du groupe politique. Avec une place contestataire des femmes.

Un film au final assez despéré dans son propos littéral mais qui aussi dégage une grande sérénité, une douceur qui m'ont beaucoup parlé.

Tu fais plaisir.

Assez déçu par ce film que j'ai trouvé tout plat, tout morne. Une espèce de version beaucoup moins bien d'Une vie violente. Déjà je trouve le point de départ faussé. Pourquoi construire le film comme ça ? Le personnage meurt sans qu'on sache si c'est un accident ou un suicide et toute la construction à rebours nous mène donc à ce point initial. Mais qu'est-ce que ça raconte ? Qu'est-ce que ça dit du personnage ? Ca l'enferme dans une espèce de tragédie dont elle ne peut s'échapper sans que ça ne résonne particulièrement avec le sujet central. Alors on pourrait peut-être y voir comme le personnage qui vit parallèlement au mouvement nationaliste, une mort parrallèle à toutes ces morts causée par la lutte armée. Mais ça ne m'a pas totalement convaincu.

Pour le reste, le film me paraît trop à distance, manquant de chair (pas surpris de la part de De Peretti) mais aussi de substance. Là où cette espèce de neutralité était absolument passionnante dans Scandale sur une affaire d'état, nous rendant proactif dans le visionnage du film, ici ça ne fonctionne pas vraiment tout simplement parce que la lutte armée est de facto une absurdité et que l'on est immédiatement du côté de Antonia, à distance. Jamais le FLNC n'est présenté comme une possibilité viable d'indépendantiser la Corse, on ne voit que des jeunes paumés qui jouent aux cowboys.

Et quand je lis fresque au sujet du film je m'étouffe un peu, c'est tout petit, le passage en Serbie est tout faible, trois figurants et c'est tout (pauvre Alexis Manenti d'ailleurs). J'aime bien l'indépendance du personnage principal, sa volonté d'avoir un impact et la tristesse de la résignation, j'aime aussi des moments de mise en scène où il se passe beaucoup de choses dans des plans fixes anodins mais le film m'a un peu glissé dessus et je le trouve franchement décevant en regard des précédents films du réalisateur.

3/6

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CroqAnimement votre

Ha, pour moi c'est le charme principal du film, cette structure de flashbacks incertains et d'enquête existentielle à la Citizen Kane ou la Comtesse aux Pieds Nus.
Le films de de Peretti prend d'ailleurs place un peu dans le même univers que celui de Welles, cela lui donne un ton latent de dérision post-moderne, avec Corse Matin à la place de l'empire Hearst, et un curé à perfecto en guise de Joseph Cotten, avec un peu la même gueule. La mort du personnage fait finalement très "monde de merde" et au revoir les fanascistes comme dans l'Hazanavicius, autre relecture de Kane.

Ce sont des films où on doute du comportement d'autrui, voire de sa réalité, tout en lui prêtant une radicalité cachée que l'on jalouse. Mais cette "modernité" a un peu disparu du cinéma, on a perdu l'habitude des personnages-énigmes dont il s'agit d'interpréter le parcours plutôt que les propos. Sauf peut-être chez Todd Haynes, mais le question se limite chez chez lui à la sexualité, or là le film déplace ce procédé, sur un enjeu "national" et "idéologique", qui n'est incarné par rien d'autre que sa propre critique.

Sinon il est difficile de trouver le livre de Peretti en magasin (hors de Gibert à Paris j'imagine) alors qu'il n'est pas si vieux et avait eu une bonne presse. Quelque-chose a changé dans le monde de l'édition et de la librairie.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Bien vue la comparaison avec Citizen Kane.

Art Core tu pues

Plus sérieusement:



Pas vu ce précédent film (c'est une priorité mais je le trouve pas en VOD et 25 euros le DVD c'est non), mais le titre annonçait la couleur, non? L'Enquête. Là, le titre c'est "Image" le mot-clé. Le film creuse les questions de représentation des luttes et des guerres, et la place que l'intime joue dans ce rapport à l'image.



Moi j'aime l'idée qu'une fresque ne soit pas nécessairement synonyme de gros budget ou d'ampleur matérielle. C'est l'idée, la manière dont l'espace et le temps sont organisés dans le film qui font fresque ou en tout cas saga.

Bien vu l'enquête/l'image

Deuxième film sur la désillusion du journalisme, d'ailleurs. Préféré le second.

Tu parles bien d’Enquete sur un scandale d’état ? Si c’est le cas je le vois pourtant dispo sur toutes les plateformes.

Ah? J'ai cherché sur ma box Bouygues en fait. Je vais voir sur Canal ou autre.

Va chez Cinemutins

Super merci je connaissais pas, ça a l'air bien.

Quand j’ai le choix je vais toujours chez eux.

Mais pour le coup, pour faire suite à celui ci il serait encore plus intéressant que tu vois Une vie violente.