Forum de FilmDeCulte

"Durant de nombreuses années, j'ai recherché l'image manquante : un cliché pris entre 1975 et 1979 par les Khmers Rouges, alors qu'ils étaient à la tête du Cambodge... A elle seule, bien sûr, une image ne peut pas prouver un génocide, mais elle nous incite à réfléchir, à méditer, elle écrit l'Histoire. Je l'ai cherchée en vain dans les archives, les vieux documents, dans la campagne cambodgienne. Aujourd'hui, c'est une image manquante. Donc je l'ai créée. Ce que je vous propose aujourd'hui, ce n'est pas une image ni même la recherche d'une image unique, mais l'image d'une quête : une quête que seul le cinéma nous permet d'entreprendre".

Je n'attendais vraiment plus rien de Rithy Pahn, que j'avais mis dans ma poubelle plus jamais ça quelque part entre Hong Sang-Soo et Zach Snyder après son doc sur des prostituées séropositives et l'exposé exhaustif de tous leurs malheurs, et d'ailleurs sans le prix un certain regard de cette année, je ne l'aurais pas rattrapé en traînant les pieds, persuadé d'entendre une nouvelle fois sa conférence sur le génocide khmer avec en catharsis sa vocation de cinéaste, lassé de se faire chier à l'avance devant un film inattaquable de par son sujet.

Et bien j'y ai retrouvé ni plus ni moins que tout ce que j'aime dans la littérature d'Emmanuel Carrère. A l'instar de S21 ou de The act of killing (en Indonésie), qui eux compensait l'absence d'image du génocide par une reconstitution par les bourreaux, L'image manquante la fabrique en mélangeant images d'archive, pour la plupart propagande du régime, et de petites séquences avec des santons, personnages en terre cuite à la confection rudimentaire, figurines parfois mêmes incrustées aux archives. Dit comme ça, ça a l'air stupide et théorique. Pourtant l'effet est saisissant, il y a toute la tristesse de ces visages à jamais effacés qui s'incarnent dans ce procédé artisanal d'animation. En parlant pour la première fois de son histoire (ses deux parents sont morts déportés) dans l'Histoire du Cambodge, en questionnant le statut des images dans ses fonctions réparatrices d'un traumatisme, de transmission de la parole des morts, des flux et reflux de la mémoire. C'est passionnant, personnel, original, émouvant, en un mot: marquant.
5/6

Je respecte totalement la démarche et le projet du film mais ça n'a pas marché sur moi. Je trouve le film laid, répétitif, peu informatif (j'ai pas appris grand chose) et franchement soporifique (cette musique et cette voix off putain... à la fin j'en pouvais plus!!). L'idée des personnages en terre est louable mais ça n'a jamais la même force que les vraies images d'archives montrées...

Bon je dois être tout seul (tout le monde adore visiblement) mais je trouve ça mille fois moins marquant qu'un, au hasard, Valse avec Bachir.

2.5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ca m'a bien fait marrer l'aveu de Rithy Panh qui avoue dans So Film écrire n'importe quoi pour toucher l'avance de la commission sur recettes, et ensuite tourner ce qu'il veut (Non mais vous pensez vraiment qu'ils me donneraient de l'argent pour un film sur des santons?)

J'ai trouvé ça vraiment très bien aussi. Le dispositif naïf est parfait : ça canalise l'hystérie des images d'archives environnantes, ça impose une pudeur face au récit à la première personne, une décence face à la représentation de scènes horribles, la gueule burinée des figurines et leurs statisme expriment bizarrement bien l'abattement des prisonniers... Enfin voilà, du gros doc solide et très touchant, que je trouve autrement plus convaincant que S21 (bon, que j'ai vu y a un bail, faudrait le revoir) pour aborder la question des khmers rouges.

Tu vois Arnotte, en fait c'est très bien.

Oui Arnotte, convertis-toi. C'est pour ton bien. Aie confiance.

Oui. Je sais. Mais j'aime pas.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Toutes nos envies a dû faire 3 millions d'entrées en Belgique, il a pris la confiance.

...??

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Tu as aimé le conspué Toutes nos envies > Le box-office belge t'a donné raison > Tu te sens assuré dans tes opinions.

Google Trad.

Le Lioret c'est le Titanic belge si ça a fait 3 millions d'entrées

Non ça doit encore être une vanne incompréhensible car Toutes nos envies a été un quasi-flop (moins de 10.000 entrées je pense).

Pour vous donner une idée Intouchables fait 1 million. 3 million c'est juste impossible, c'est quasi le tiers du pays.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Le film passe ce soir sur arte à 20h50.

J'ai vu !

Pour moi les santons, la dureté de l'histoire, la manière dont c'est filmé, la narration, le côté récurent du manque d'image, tout est parfait. Sauf qu'une fois que tu as vu ça, tu restes sur ton canapé, tu te poses des questions sur le monde et tu te dis la misère, la faim, la douleur, la honte, l'humiliation, la déshumanisation, bref mon dieu, quel monde de merde.

Ma question est, tu vois le film, tu hais l'humanité et finalement ça sert à quoi ? Tu fais quoi de tout ça ?

C'est marrant, même si le film est pas joyeux du tout, il a je trouve un côté assez clair, limpide, limite "apaisant". Je veux dire par là que le regard du spectateur est autant tourné vers les évènements que vers le travail d'exorcisme des souvenirs qui est en cours sous ses yeux : il reste le sentiment d'un film qui est fait exactement comme il le fallait, d'une plaie qu'on a refermé sainement.

Après, je refais peut-être un peu le film, j'en parle déjà avec des souvenirs assez lointains...