Forum de FilmDeCulte

Il y a 130 ans, les frères Lumière inventaient le cinéma. Tout était déjà là, les plans, les travellings, le drame, la comédie, le jeu des acteurs… Grace à la restauration de plus de 120 vues Lumière inédites, le film nous offre le spectacle intact du monde au début du siècle et un voyage stimulant aux origines d'un cinéma qui ne connait pas de fin.

N'ayant pas vu le 1, j'avais peur de ne pas comprendre mais le film raconte notamment la découverte par Antoine Lumière du Kinétoscope d'Edison, les essais des frangins, les trois versions existantes de Sortie des usines Lumière...bref, les débuts en somme, si bien que j'en viens à me demander ce qu'il racontait dans le premier.

Quoiqu'il en soit, c'était une expérience assez émouvante. Dans un premier temps, c'est la seule force de ces images, de simples témoins de la vie à une autre époque, du reportage, mais avec déjà une science du cadre. Dans ces premières vues, ce qui m'a saisi, ce sont ces moments, nombreux, où des passants regardent la caméra, curieux, forcément, de cet engin et de l'opérateur que l'on devine en train de tourner continuellement la manivelle, contrairement à un appareil photographique. Je me suis pris à penser que ces gens-là ne savaient pas qu'ils étaient en train d'être capturés parmi les premiers essais de cinéma, qu'à leur insu ils étaient des pionniers. Et j'ai trouvé ça encore plus vertigineux quand il s'agissait d'enfants. L'idée qu'ils ignoraient alors que cette invention allait les accompagner et les éblouir toute leur vie m'a profondément touché.

Au début, je ne reconnaissais donc à l'exercice que sa qualité de collection, leur valeur revenant aux metteurs en scène originaux et au pur hasard des réactions des badauds, puis la reconstitution commence à prendre une autre forme. Non seulement Frémaux choisit des vues qui illustrent son récit (quand les Lumière viennent pour la projection à Paris, bon bah on montre des vues de Paris qu'ils n'auront filmé que plus tard) mais c'est quand se sont succédées les 12 vues sélectionnées par les Lumière pour la première projection publique payante, et que le montage les a ensuite rassemblé en un split screen, que j'ai improbablement eu les larmes aux yeux. C'est comme si j'avais devant moi mes propres origines. Sans elles, je ne serais pas qui je suis. Tout a commencé là. Avec ça.

Par la suite, si les autres vues ne recèlent pas cette force, et que sur la longueur leur intérêt se fait inégal (même si leur voyage te met tout de même à la place des spectateurs de l'époque, les films ayant pour principal attrait de nous montrer "la vie au Japon" ou "la vie à Alger"), la démarche de Frémaux (et la justification de ses commentaires constants) trouve sa cohérence dans ce qu'il raconte de l’œuvre des Lumière, la fameuse "vision du monde" qui fait d'eux des auteurs, qui ne se retrouve donc pas dans certaines vues fantasmagoriques post-Méliès, colorées et truquées, mais dans cette approche documentaire.

Faudrait que je rattrape le premier.

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