Baptiste a écrit:
Les Monades urbaines - Robert Silverberg
Les 70 milliards d'humains vivent dans des tours de 1000 étages auto-suffisantes, sans pouvoir sortir, alors il faut bien que les pulsions puissent se déverser pour prévenir tout conflit: malgré la persistance de l'institution du couple, les hommes sont autorisés à aller niquer les meufs qu'ils veulent à la nuit tombée.
Roman génial, drôle - et terrifiant. On change de narrateur à chaque chapitre, assurant une certaine diversité de ton dans un genre à la 1984 où l'ennui peut si vite pointer. Probablement un peu long sur la fin, quoique le désespoir des protagonistes trouve dans l'étirement final quelque chose d'incroyablement poignant.
Bien kiffé, surtout que l'utopie ne soit pas abordée sous un angle terrifiant (dystopique donc), l'angoisse est présente, mais de façon diffuse et vient craqueler légèrement une société dont l'efficacité maximale comprend certes la mise au rebut de ses éléments réfractaires, mais selon une logique dont les sociétés humaines, dans leur variété, sont coutumières. Il y a un aspect un peu porno dans la description d'un monde régi par la sexualité libre (schématiquement, car il reste régi par quelques règles, où les femmes ont l'obligation de consentir au désir sexuel de n'importe quel mâle ou presque) qui est amusant : on imagine le film qui en serait tiré, un truc à la Brian Yuzna mais interdit aux moins de dix-huit. La réactualisation de la phalange fouriériste à l'ère des psychédéliques (une description de concert à la Grateful Dead est marrante) et de la révolution sexuelle est marrante. Faudra que je le lise celui qu'Art Core mentionnait dernièrement.
Cantal a écrit:
Y'a une bonne partie du Silverberg qui se passe en dehors de la tour. Y'a un côté un peu hippie/psyché dans mon souvenir (on n'est pas vraiment dans la noirceur de 1984) et qui donne d'ailleurs les passages les plus réussis
Exact.