thierry passe ses journées à classer ses photos de famille, persuadé que le meilleur est derrière lui. lorsque claire, sa femme, lui annonce qu’elle le quitte, thierry, dévasté, lui propose de refaire « grèce 98 », leurs meilleures vacances en famille. officiellement, il veut passer une dernière semaine avec leurs enfants avant de leur annoncer la séparation. officieusement, il espère reconquérir sa femme ! en tentant de raviver la flamme de son couple, thierry va mettre le feu à sa famille...je ne connais pas intimement le travail de florent bernard, donc je m’apprête à me livrer à un véritable procès d’intention. mais de ce que j’en connais et de ce que j’en perçois, j’ai l’image du protoype parfait de l’auteur d’humour dans l’industrie de l’humour circa 2020. c’est-à-dire un mercenaire, stakhanoviste de la « vanne », dont la culture humoristique et scénaristique est totalement américaine (sauf pour les films de ses potes). bref, le genre de gars qui paye 250e pour voir jerry seinfeld à l’olympia et qui y croise la moitié de son répertoire mais qui n’a jamais vu un film de coline serreau.
dans l'absolu pourquoi pas, il vaut mieux ça plutôt que de bruler des voitures et ça fait rentrer des cotisations sociales et de la tva. mais c'est vraiment pas mon délire.
les tweets lyriques de jerome lachasse avaient néanmoins mis le film sur mon radar, mais vraiment il est gentil jérôme, mais non.
il s'agit d'un film parfaitement formaté à l'intérieur du système (produit par nolita, tf1...) c'est donc extrêmement écrit, ces comédies où il n'y a jamais de joie, de vie, de surprise tant tout est écrit solidement et chacun fait son job. donc parler du film revient à parler de son scénario, là encore parfait prototype des normes actuelles. chaque scène dure 30 secondes. chaque scène à son petit concept - tant est si bien que plusieurs ressemblent très concrètement à des pubs (pour une boite de location de voiture, pour booking, pour dyson...). chaque personnage secondaire est lunaire, fantasque, flippant, con, etc - ce poncif monstrueux de la comédie française qui participe à la désintegration de la société tant il voit la vie en société comme "moi contre les cons", en déshumanisant totalement autrui. les dialogues ne sont pas là pour faire s'exprimer des êtres humains, mais pour balancer de la vanne, même si c'est totalement out of character, même si ça force tout le monde à adopter des mimiques identiques, même si ça sort de nulle part, même si ça rend one-note les ressorts comiques du film. le film est aussi parfaitement structuré, c'est à dire coupés en actes bien délimités avec un trait rouge, et parfaitement minutés pour obéir aux regles d'efficacité des manuels de scénarios et qui permettent également de caser des coupures pubs aux moments idéaux. nonobstant le fait qu'un autre film est sorti il y a un an avec exactement la même histoire et le même formatage, tout cela est donc atrocement prévisible, et ce n'est pas vraiment spoiler de dire qu'à 1h05 une grosse dispute éclate, que leurs chemins se séparent, et qu'on arrive dans le moment émotion. on se croirait alors dans un pixar récent, avec un quota émotion pour des scènes totalement mécaniques. un fait plus intéressant, là-dessus, est que florent est jeune et n'a donc, de fait, pas d'experience de ce qu'il raconte. il ne sait pas ce que c'est que d'être marié depuis 20 ans et de se séparer. alors "écris ce que tu connais" ça peut être un conseil utile, pas un dogme, mais c'est frappant à quel point il n'y a aucune vérité émotionnelle là dedans, ce ne sont que des sentiments très superficiels qui sont représentés. ça m'a fait penser - dans un tout autre style - à
5x2 de françois ozon qui, lui non plus, n'avait aucune experience intime de ce qu'il montrait et donc projetait des banalités perçues dans des films ou chez des gens autour de lui... mais du coup on les a perçu aussi, on a vu les mêmes films et on vit dans la même société, ça ne nous fait découvrir aucun sentiment particulier.
bref, tout ça m'emmerde terriblement. est-ce que les films de sacha guitry obéissent à ces regles et ce formatage ? non. la crise ? non. les bronzés ? non. les visiteurs ? non. la comédie française, celle qu'on regarde des décennies après - et ce n'est pas lui faire injure que de dire que ce ne sera pas le cas de celui-ci - ça n'est pas ça. donnez moi des films qui respirent et qui tentent des trucs - des films vivants, quoi. donnez moi des comédies bordeliques où je me dis que les gens sur le tournage ont du rigoler, s’engueuler, baiser, êtres bourrés pendant une prise plutôt que ces petites machines parfaitement huilées chiantissimes. donnez moi des trucs qui peuvent être géniaux ou nuls, mais cette extermination du risque commercial et artistique - qui en vérité n'annihilent rien à part la créativité, les 3/4 de ces trucs sont nuls et floppent ! - ça me détruit l'âme.
pour parler un peu du reste, j'ai été ravi de voir que ça n'était pas dans le sempiternel 2.35 des comédies françaises mais j'ai déchanté en voyant à quel point c'était laid, mon dieu. c'est vraiment filmé comme une pub, parfois d'assurance, parfois de location de voiture mais vraiment horrible tout le temps. les couleurs sont dégueulasses, il n'y a jamais d'idées ou de vie nulle part, horrible. je n'ai jamais cru une seule seconde au couple de josé garcia et charlotte gainsbourg - je n'ai même pas cru qu'ils déjeunaient ensemble sur le tournage alors 20 ans de mariage, non. la succession de petits caméos de ses potes parisiens (jerome niel, sebastien chassaigne marie sophie larrouy...) m'a également été un peu antipathique, dans la lignée de son casting principal : on a des sous de tf1 pour un film n'existant que pour passer sur tmc 3 fois dans les 5 prochaines années, mais en faisant des wink winks pour dire qu'on est plus chic que ça.
je trashe peut etre excessivement mais ça m'a gavé, et puis tout n'est pas mauvais puisque les 3 premières minutes sont inventives et vraiment jolies (on s'attend plus à voir apparaitre le logo orange que le titre du film, mais bon...), la scène entre josé garcia et son père est touchante, il y a un certain courage de la part de florent et de josé de donner à son personnage des traits 'négatifs' mais sans jamais le diaboliser, et 3 blagues m'ont fait rigoler.