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MessagePosté: 27 Juil 2010, 12:47 
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Z a écrit:
C'est très juste. Mais je trouve que Michael Mann arrive néanmoins au niveau de Friedkin en termes de filmage à l'instinct et d'univers urbain. Heat - Collateral - Miami Vice forment un tryptique aussi maîtrisé que le dyptique French Connection - Police Federal LA.


Oui et j'irais même plus loin en disant que "Miami Vice" est à "Heat" ce que "Police Fédérale LA" est à "French Connection" ...
Dans les deux cas le premier film est un polar urbain bien tendu, et le second toujours à première vue un polar urbain dans la même veine mais enrichi d'une atmosphère plus étrange, quasi-onirique, parfois jusqu'aux confins de l'abstraction.

EDIT : quand je parle de "premier film", je ne parle du premier film cité dans ma phrase précédente, mais du premier film sorti ... Soit "French Connection" pour Friedkin et "Heat" pour Mann.


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MessagePosté: 27 Juil 2010, 12:50 
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Z a écrit:
C'est très juste. Mais je trouve que Michael Mann arrive néanmoins au niveau de Friedkin en termes de filmage à l'instinct et d'univers urbain. Heat - Collateral - Miami Vice forment un tryptique aussi maîtrisé que le dyptique French Connection - Police Federal LA.


Même s'il y a des ponts à établir entre les deux, je les trouve assez différents finalement. Probablement en raison de l'époque dans laquelle chacun a évolué. Il y a une aridité typiquement 70's chez Friedkin qu'il n'y a pas chez Mann, et une poésie nocturne chez Mann qu'il n'y a pas chez Friedkin. Néanmoins, j'adore voir les cinq films que tu cites comme un tout, une sorte de panorama sur trois décennies. Il faudrait que je revois Police Federal LA quand même, puisque le film semble charnière.

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MessagePosté: 27 Juil 2010, 12:53 
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Cosmo a écrit:
Z a écrit:
C'est très juste. Mais je trouve que Michael Mann arrive néanmoins au niveau de Friedkin en termes de filmage à l'instinct et d'univers urbain. Heat - Collateral - Miami Vice forment un tryptique aussi maîtrisé que le dyptique French Connection - Police Federal LA.


Même s'il y a des ponts à établir entre les deux, je les trouve assez différents finalement. Probablement en raison de l'époque dans laquelle chacun a évolué. Il y a une aridité typiquement 70's chez Friedkin qu'il n'y a pas chez Mann, et une poésie nocturne chez Mann qu'il n'y a pas chez Friedkin.


Et c'est tant mieux finalement. Peut être que Friedkin, avec 30 ans de moins, aurait fait des films Manniens aujourd'hui. Ils ont tous les deux épousé leur époque.

Mais sinon je trouve que l'aridité de Friedkin disparait un peu dans "Police Fédérale LA", beaucoup plus baroque que "French Connection". C'est pour ça que dans mon message précédent je le compare au "Miami Vice" de Mann, plus étrange et moins sec que "Heat".


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MessagePosté: 27 Juil 2010, 13:09 
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Cosmo a écrit:
Même s'il y a des ponts à établir entre les deux, je les trouve assez différents finalement. Probablement en raison de l'époque dans laquelle chacun a évolué. Il y a une aridité typiquement 70's chez Friedkin qu'il n'y a pas chez Mann, et une poésie nocturne chez Mann qu'il n'y a pas chez Friedkin. Néanmoins, j'adore voir les cinq films que tu cites comme un tout, une sorte de panorama sur trois décennies. Il faudrait que je revois Police Federal LA quand même, puisque le film semble charnière.


L'aridité que tu ressens chez Friedkin, d'autres la ressentent davantage chez Mann. Je pense que les deux se valent sur ce point précis (personnages instinctifs et peu bavards, univers masculins, intrigues sèches, peu narratives et liées à des professions exigentes et aliénantes, ce chassé croisé infernal entre le chasseur et sa proie, l'obsession des personnages mise en exergue en lieu et place d'une histoire à la narration évidente, l'absence de conclusion claire, le refus du happy end, etc.). Il y a ce goût pour le documentaire des deux côtés, pour l'ultra réalisme poussé à son paroxysme, qui débouche chez Friedkin vers un réalisme inédit au cinéma, et chez Mann vers un surréalisme baroque (les couleurs et la photo notamment), d'où peut-être cette poésie nocturne que tu évoques, qui naît principalement - à mon avis - de son utilisation d'une technologie nouvelle (la HD, les néons) et de la musique flottante. J'aimerais énormément voir Friedkin utiliser la HD et se coller une dernière fois au polar urbain... je suis certain qu'il aurait encore quelques éclairs de génie à démontrer aux cinéastes actuels.

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MessagePosté: 27 Juil 2010, 13:30 
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Z a écrit:
L'aridité que tu ressens chez Friedkin, d'autres la ressentent davantage chez Mann. Je pense que les deux se valent sur ce point précis.


Pour être plus complet sur ce que j'avançais plus haut : il me semble que là où Mann et Friedkin se rejoignent, c'est sur la période 80/90/2000. Quand je parlais d'aridité, j'aurais pu dire sécheresse, froideur, et elle s'appliquait surtout à French Connection ; comme indiqué, il faut que je revois Police fédérale, mais ce dernier est un film "chaud" (je ne trouve pas d'autre adjectif) là où French Connection est un film "froid". Par ailleurs, il me semble que chez Mann, la "chaleur" est nocturne, tandis que dans French Connection, la froideur est diurne (hiver rigoureux oblige !). L'autre point important, c'est ce paysage new yorkais qui est déterminant - dans les cinq films cités, l'environnement est primordial : on ne filme pas NY comme on film LA. A ce titre, j'aimerais vraiment voir Mann se frotter à cette ville de NY, qu'il serait capable sans doute de sublimer d'une façon inédite jusqu'à présent. On retrouve effectivement chez lui une précision dans le montage (sans pour autant que ce soit scolaire), une plongée dans l'environnement, un jeu sur la lumière, qu'on avait déjà chez Friedkin - sans compter les arcs scénaristiques évidents et communs que tu évoques. French Connection reste quoi qu'il en soit un film absolument à part dans le cinéma américain, donc l'influence peut se ressentir sur un tas d'autres films plus ou moins réussis (au hasard, Les Faucons de la nuit, certains Lumet...). Je ne trouve rien, dans le genre, pas même chez Mann, qui me contente (m'agresse) autant que ce film. Bien que suradorant Mann, j'aimerais le voir évoluer parfois dans quelque chose de différent, dans un univers moins confortable. Je pense que ce serait le mot qui conviendrait le mieux : les films de Mann sont confortables (sans que ce soit aucunement une critique) là où French Connection fait mal aux yeux.

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MessagePosté: 27 Juil 2010, 13:54 
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Cosmo a écrit:
Je ne trouve rien, dans le genre, pas même chez Mann, qui me contente (m'agresse) autant que ce film. Bien que suradorant Mann, j'aimerais le voir évoluer parfois dans quelque chose de différent, dans un univers moins confortable. Je pense que ce serait le mot qui conviendrait le mieux : les films de Mann sont confortables (sans que ce soit aucunement une critique) là où French Connection fait mal aux yeux.


Je comprends, mais Thief se passe à Chicago et l'ambiance est encore plus rèche que dans French Connection. Miami Vice se passe en Floride (& Cuba) et baigne cette fois dans une atmosphère davantage diurne que ses autres films. Mann est le réalisateur iconique de Los angeles, mais ses excursions dans d'autres cités sont toutes aussi remarquables. J'aimerais le voir évoluer dans NY aussi, pourquoi pas, mais je n'éprouve pas un manque. Si Friedkin exploite bien la ville et le quartier de Brooklyn, NY n'est pas autant mise en valeur que LA dans Heat ou Collateral. Enfin, j'écris ça mais c'est un peu injuste, je m'en rends compte. Car mis à part James Gray, Martin Scorsese et Woody Allen (qui exploitent chacun un pan singulier et communautaire de la ville), il n'y a guère que chez John McTiernan (Die Hard III) et Spike Lee (La 25ème heure) où la ville est aussi présente dans sa globalité, depuis les films de Friedkin et Lumet.

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MessagePosté: 26 Aoû 2015, 02:41 
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Ça faisait un moment que je me disais qu'il fallait que je le revoie, notamment quand La French est sorti l'an dernier, donc j'ai profité de cette ressortie en version restaurée, 10 ans après avoir découvert le film, et...je crois comprendre aujourd'hui pourquoi il ne m'avait laissé aucun souvenir.

Pendant un long moment, j'ai attendu que le film "démarre". Je crois que tout, du titre à l'intro marseillaise en passant par la réputation du film, me faisait attendre un récit beaucoup plus ample là où il s'agit d'une simple enquête new-yorkaise limitée à des filatures. En cela, je vais rejoindre la vérité exposée par deudtens page précédente (et royalement ignorée par tout le monde) : au bout de la 57e scène de flics suivant les criminels, j'en avais un peu marre.

Alors c'est remarquablement mis en scène à chaque fois, avec une approche semi-documentaire - justifiant en partie l'aspect dépouillé de "l'enquête" - qui ne perd jamais en tension, et ça culmine avec cette excellente et atypique course-poursuite mi-pédestre mi-véhiculée et sur deux niveaux géographiques, mais c'est quand même franchement redondant.

Surtout que le scénario aurait gagné à explorer de manière un peu moins superficielle l'entêtement du protagoniste (là c'est juste Popeye qui bougonne à chaque fois que le mec lui échappe et/ou qu'un supérieur lui dit que ça mène à rien), de façon à mener un peu plus organiquement à cette dernière scène (Popeye qui tue Mulderig par accident mais s'en fout complètement). D'ailleurs, si je peux accepter cette fin, sans doute LA PLUS ABRUPTE DU MONDE, j'ai beaucoup de mal avec les cartons DÉBILES et superflus qui la suivent et qui cassent la belle ambiguïté des secondes qui précèdent ("Popeye et Cloudy ont été réassignés" euuuuh ok).

C'est con parce que, le reste du temps, la caractérisation marche du tonnerre, ne surlignant jamais les différences de caractères des deux co-équipiers (interprétés à la perfection par Hackman et Scheider), comme un buddy movie réaliste. Là-dessus, Friedkin est décidément très bon (cf. Sorcerer) mais j'ai toujours un souci avec le développement qui suit (cf. Sorcerer).

Enfin j'ai un problème avec Friedkin de toute façon, même ses meilleurs, je les trouve bien sans plus (et je parle même pas des autres). Je voulais redonner une chance à Police Fédérale Los Angeles mais après les underwhelming Sorcerer, Cruising et The French Connection, je vais m'abstenir, je crois.

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Film Freak a écrit:
Ça faisait un moment que je me disais qu'il fallait que je le revoie, notamment quand La French est sorti l'an dernier, donc j'ai profité de cette ressortie en version restaurée, 10 ans après avoir découvert le film, et...je crois comprendre aujourd'hui pourquoi il ne m'avait laissé aucun souvenir.

Pendant un long moment, j'ai attendu que le film "démarre". Je crois que tout, du titre à l'intro marseillaise en passant par la réputation du film, me faisait attendre un récit beaucoup plus ample là où il s'agit d'une simple enquête new-yorkaise limitée à des filatures. En cela, je vais rejoindre la vérité exposée par deudtens page précédente (et royalement ignorée par tout le monde) : au bout de la 57e scène de flics suivant les criminels, j'en avais un peu marre.

Alors c'est remarquablement mis en scène à chaque fois, avec une approche semi-documentaire - justifiant en partie l'aspect dépouillé de "l'enquête" - qui ne perd jamais en tension, et ça culmine avec cette excellente et atypique course-poursuite mi-pédestre mi-véhiculée et sur deux niveaux géographiques, mais c'est quand même franchement redondant.

Surtout que le scénario aurait gagné à explorer de manière un peu moins superficielle l'entêtement du protagoniste (là c'est juste Popeye qui bougonne à chaque fois que le mec lui échappe et/ou qu'un supérieur lui dit que ça mène à rien), de façon à mener un peu plus organiquement à cette dernière scène (Popeye qui tue Mulderig par accident mais s'en fout complètement). D'ailleurs, si je peux accepter cette fin, sans doute LA PLUS ABRUPTE DU MONDE, j'ai beaucoup de mal avec les cartons DÉBILES et superflus qui la suivent et qui cassent la belle ambiguïté des secondes qui précèdent ("Popeye et Cloudy ont été réassignés" euuuuh ok).

C'est con parce que, le reste du temps, la caractérisation marche du tonnerre, ne surlignant jamais les différences de caractères des deux co-équipiers (interprétés à la perfection par Hackman et Scheider), comme un buddy movie réaliste. Là-dessus, Friedkin est décidément très bon (cf. Sorcerer) mais j'ai toujours un souci avec le développement qui suit (cf. Sorcerer).

J'aurais pu écrire le même avis presque mot pour mot, jusqu'au fait qu'une fois de plus, presque 10 ans après, je ne gardais que quelques bribes de souvenirs du film (la poursuite, la fin abrupte). Par exemple, je ne me souvenais plus qu'il s'agissait d'un film presque intégralement constitué de filatures.

Toutefois, allez savoir pourquoi, j'ai davantage été réceptif cette fois-ci, appréciant l'approche "documentaire" de Friedkin, avec ce récit procédural, qui s'attarde justement sur le caractère laborieux d'une enquête, la nature répétitive du travail, les nuts and bolts comme on dit en anglais (littéralement avec le démontage de la caisse), même si c'est étrangement contre-balancé par des séquences plus "fiction" (le sniper en pleine journée, la course-poursuite improbable) qui font que c'est pas non plus L.627 quoi.

Et si je pousse un peu, je peux déceler en creux comment cela raconte la trajectoire de Popeye, qui apparaît en fin de compte moins comme un puriste engagé fonctionnant à l'instinct qu'un mec avec un gros complexe qui aime pas qu'on se foute de sa gueule en lui foutant le nez dans sa merde (le collègue récalcitrant, le petit "coucou" de Charnier dans le métro une fois qu'il l'a blousé), ce qui explique la fin (il se fiche d'avoir tué le premier par mégarde alors qu'il traquait l'autre).

Je le revois donc légèrement à la hausse mais je reste tout de même un poil sur ma faim.

Mais le début de carrière de Friedkin est quand même fascinant dans ses virages.

Citation:
Enfin j'ai un problème avec Friedkin de toute façon, même ses meilleurs, je les trouve bien sans plus (et je parle même pas des autres). Je voulais redonner une chance à Police Fédérale Los Angeles mais après les underwhelming Sorcerer, Cruising et The French Connection, je vais m'abstenir, je crois.

Et bah ayant justement réévalué To Live and Die in LA l'an dernier, je suis désormais curieux de ce que je vais penser de Sorcerer et Cruising.

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MessagePosté: 05 Mar 2024, 17:31 
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Je ne sais pas dans quelle mesure les Friedkin ont servi de maître-étalon pour des productions ultérieures et ont pu être un choc à leurs sorties, mais en dehors de Sorcerer, j'ai toujours ce sentiment de "tout ça pour ça".
French Connection, c'est donc effectivement des gars en filatures et quand ça se vénère en voiture, bah, ça paraît assez anecdotique.
J'ai vu la suite dans la foulée, sans trouver ça génial, j'avais préféré.


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