le film sur un service public ou un assoc qui oeuvre pour le vivre ensemble dans la joie et la concorde malgré les difficultés dûes au manque de moyen, à destination de seniors qui veulent se goinfrer de feel good sur l'état de la société avant de partir, ce genre qui tient le cinéma français par le col et n'a aucune intention de le lâcher.
ici donc, un film sur un assoc qui accueille des lgbt (qi+...) à la rue. vous aurez donc reconnu : le refuge.
le refuge, c'est l'assoc lgbt (qi+...) adorée par les hétérosexuels, la droite, les institutions, le capital, les homophobes et honnie par les homosexuels et les autres assoc'.
les griefs étaient nombreux. la personnalité problématique des fondateurs-dirigeants, totalement narcissiques et cherchant la lumière et les paillettes. de nombreux ragots qui circulaient sur leur compte. cette proximité sans état d'âme avec tout ce qui avait du fric ou du pouvoir et brillait. ce qui menait à d'incessantes opérations de gay-washing, puisque soutenir le refuge était le pass d'immunité délivré aux politiques qui manifestaient contre les droits, aux auteurs de propos ouvertement nazis (toute la clique de gims qui vont au refuge là j'ai toujours pas digéré) et surtout, un angle à la fois accessible, mainstream, et tellement réducteur. limiter la lutte contre l'homophobie à "il ne faut pas foutre votre gamin de 15 ans à la rue si il suce des bites" je comprends que ce soit le minimum absolu sur lequel tout le monde peut être d'accord, mais que ça bouffe tout l'espace et devienne la seule revendication médiatique, ça fait plus de mal que de bien.
s'en est suivi le scandale sur leurs méthodes, l'usine à exploitation des bénévoles pendant que le petit carré de dirigeants vivaient la belle et grande vie, le couple de dirigeants qui draguaient les jeunes en question dans une ambiance ouvertement sexuelle, les tornades de fric brassé qui en servait pas vraiment la cause...
bref, j'étais fondamentalement très dubitatif, mais : bryan marciano. c'est ridicule mais je l'aime bien. c'est le frère de anthony, réalisateur de
play que j'adore (et qui est ici réal seconde equipe, c'est mignon). j'aime bien son instagram qui m'a fait rire plusieurs fois. je l'ai croisé pas loin de chez moi. et donc, surtout, c'est le réalisateur de vingt-cinq, sur ocs, qui n'était pas extraordinaire mais à qui je trouvais un certain charme (à la série autant qu'à bryan, pour etre honnete) et quelques trucs d'écriture et de réal qui m'avaient fait dire "il est pas mal, lui". et en voyant l'annonce du projet, je me suis souvenu de sa petite storyline gay dans la série, et ce garçon manifestement hétéro mais manifestement très friendly j'ai trouvé ça mignon.
bref, pardon.
au final, c'est sûrement la meilleure version possible de ce que pouvait être un film à partir de l'idée moisie de faire un film sur cette assoc moisie.
c'est ce que c'est, pas de doute là-dessus. c'est financé par disney +, dans la droite lignée des partenariats de l'assoc. ça dit que c'est pas bien d'abandonner ses enfants et de cracher sur les gens dans le bus, mais attention on ne voit rien de sexuel entre garçons, oh dégueu. c'est tout plein de bienveillance border culcul la praline, pas du tout ma sensibilité. c'est programmatique as fuck, je me souviens de ce que disait art core sur
sage-homme et son scénario écrit par ia, et ça n'atteint pas ces sommets mais enfin il y a exactement 0 surprise, tout est connu, vu et revu, tout ça. j'ai d'ailleurs pris la sous-écriture hallucinante du personnage de finnegan oldfield comme un semi aveu que cette storyline balisée de délinquant hétéro (on le voit ken une meuf pour qu'il n'y ait pas d'ambiguité) en tig dans l'assoc et qui finit par s'attacher à ces petits pédés est un passage incontournable mais en vrai l'emmerde un peu.
parce qu'il y a un vrai regard sincère sur tous les "jeunes". il dit qu'il a vraiment fait son job d'immersion dans l'assoc, qu'il en a rencontré plein, et c'est vraiment à la limite de la chronique sur tous ces freaks and geeks. le casting est exceptionnel, des gens qu'on ne voit jamais d'habitude, hyper bons et touchants. le gamin de 15 ans est hyper émouvant. la fille trans hyper puissante. il y a ce truc bienveillant casse couilles, mais à côté il sait les filmer comme étant problématiques, compliqués, même antipathiques. il sait s'autoriser quelques blagues un peu osées (le mec africain qui déclare avoir 14 ans contre toute évidence). il ne cède pas à la facilité de l'homophobie ce terrible fléau provoqué par les catho-tradis, et le mec arabe 'soigné' par son imam est vraiment émouvant. y a des trucs un peu faciles, un peu yeux au ciel, mais son regard sur ces gens est vraiment joli et juste, et venant d'un petit gars hétéro de classe moyenne qui doit quand même être à 10 millions de kilomètres de tout ça, c'est la marque d'une empathie sincère qui me touche.
et le film a un petit truc en plus, ce n'est *pas* filmé comme un téléfilm, il est crédité co-directeur de la photo - ce qui n'est pas banal dans l'absolu et certainement pas pour un premier film - et y a vraiment plein de jolis plans, de cadres pensés, de façons de filmer témoignant d'une vraie façon de voir. il est encore tenu par son formatage, le final tire larmes, des trucs d'écriture industriels, mais sans que je sois confiant sur le fait qu'il a un chef d'oeuvre en lui qui ne demande qu'à sortir, je maintiens mon diagnostic de
vingt-cinq qu'il a un vrai truc.
et même la manière dont il traite l'asso est vraiment la meilleure manière de traiter une asso qui était sur un piédestal quand ils ont lancé le projet et qui a depuis été couverte de fange. au final il n'en parle pas, le personnage de lemercier (qui en a enfin terminé de son obsession d'être bab dans tous ses films ?!) est un personnage d'employée d'assoc avec une carapace monstrueuse sinon on devient fou, c'est une assoc inconnue qui manque de moyens. il y a plein de petits détails qui évoquent des choses manifestement réelles, mais c'est pas un film sur l'assoc, ni pour glorifier les associatifs (coucou
hors normes ) mais vraiment une chronique sur les jeunes, ce qui est un joli choix.
le film est parti pour faire un four énorme avec 2000 entrées en premier jour et c'est injuste, c'est un joli petit film et j'espère que bryan aura l'occasion de faire des trucs chouettes à l'avenir.