Nicolas Mathieu le cite dans un numéro de Telerama où sont interrogés quelques lauréats du Goncourt sur leurs livres favoris. Ça m’a donné envie vu que j’avais bien aimé
Leurs enfants après eux et que j’adore
Robinson ou les limbes du pacifique, le livre de Tournier.
Les Météores, c’est un peu l’antithèse de
Robinson : là où le second concentrait l’action sur une île, le premier multiplie les endroits, les pays en proposant même sur la fin un voyage autour du monde comme dans le roman bien connu de Jules Vernes, cité dans le livre.
Le grand thème abordé c’est celui de la gémellité : les deux personnages principaux sont de vrais jumeaux comme les Dupont-Dupont de Tintin. Si j’ai déjà vu traité ce thème au cinéma (
Dead ringers), c’est la première fois que je lis un bouquin sur le sujet et j’ai trouvé que Tournier en tirait une fiction assez passionnante sur l’identité, la question métaphysique : qui suis-je ? étant évidemment lestée d’un poids supplémentaire lorsque celui qui se la pose a tous les jours son clone sous les yeux (lol).
Mais c’est un roman foisonnant qui offre bien plus que ça notamment avec ce troisième personnage important, l’oncle des deux jumeaux, homosexuel, « dandy des gadoues » comme il s’appelle, ce surnom résultant de ses fonctions : responsable d’une société de ramassage des ordures ménagères. Ça nous vaut un tour de France des décharges publiques et des scènes assez mémorables, tantôt comiques, tragiques voire carrément triviales.
Accessoirement, le livre m’a permis aussi de corriger une erreur : les météores, ça ne vient pas de météorite mais de météorologie. Ce sont les phénomènes qui se déclenchent dans l’atmosphère (pluie, neige…), dont le caractère aléatoire est opposé par Tournier à la régularité des phénomènes cosmiques, cette opposition étant un peu le leitmotiv du livre.
J’ai sûrement pas capté toutes les références que Tournier a en tête (à la mythologie notamment), ni toutes les implications philosophiques du livre mais sur l’échelle du plaisir, sa lecture c’était du 11 sur 10.