sunny von bulow, une riche bourgeoise, a été retrouvée un matin dans le coma, et personne ne peut vraiment expliquer pourquoi. son mari claus a été condamné une première fois, accusé de lui avoir injecté de l'insuline pour hériter, et il fait aujourd'hui appel de sa condamnation.je me suis aventuré (
égaré) à aller voir
le mystère sunny au théâtre, qui se joue actuellement avec patrick chesnais et nicolas briançon. ça imagine une soirée entre von bulow et son avocat, 10 ans après l'affaire, et j'aime l'idée de faits inventés autour d'une histoire réelle et je me suis laissé tenté. c'était vraiment pas dingue du tout, tendance mauvais, mais ça m'a donné envie de revoir le film.
est-ce que ce serait pas un des films faits divers les plus célèbres ? parce qu'au final c'est pas un genre si populaire ou fréquent que ça aux etats-unis. mais c'est assurément un des meilleurs, et un des meilleurs films judiciaires, grâce à son angle vraiment original et parfait : les fondements de l'histoire sont expédiés en 3 minutes au tout début, et on arrive au moment où von bulow veut faire appel de sa première condamnation, et le film suit la préparation du dossier. ça permet d'échapper à tous les poncifs et passages obligés, de passer une heure sur l'avant du crime alors qu'on sait que ça arrive, ça permet d'être dans le processus judiciaire sans mettre un pied au tribunal, ça permet de raconter l'histoire par touches au fur et à mesure de l'enquête, c'est vraiment un angle totalement génial.
ça m'a aussi paru moralement irréprochable : en se mettant du point de vue de l'équipe d'avocat, le film se permet de ne pas vraiment prendre parti. von bulow est un personnage fascinant et il est filmé comme tel, mais il n'est pas sympathique et c'est filmé sans complaisance. la voix off de sunny permet de ne pas oublier la victime, les moments où elle raconte les choses de son point de vue équilibrent intelligemment, la victime n'est pas oubliée. le film est confortable à l'idée de dire qu'on en sait rien et qu'on en saura jamais rien.
après, tout cela vient du fait que c'est tiré du livre de l'avocat, et les défauts vont avec. déjà, la représentation totalement égocentrique de l'avocat super-héros, qui est aussi fidèle à la réalité du métier que tintin l'est pour le journalisme. le film pose la question dans une scène, mais le fait est qu'il donne vraiment un free pass à l'avocat qui gagne des sommes insensées en faisant libérer un très riche criminel potentiel mais attention, il le fait au nom du bien du juste et des valeurs humaines les plus essentielles. que les avocats se racontent ça, je le comprends parfaitement, mais le film est vraiment confortable à prendre ça pour argent comptant et on passe à autre chose. ce serait sympa, un jour, d'explorer les ambiguïtés morales de la chose. puis à être aussi complaisant avec alan et son récit, il laisse un peu en suspens la question : mais personne n'a rien foutu avant lui dans cette affaire ?!
le scénario a été nommé à meilleure adaptation, et c'est assez impressionnant comme c'est un scénario parfait selon les anciens critères. c'est évident qu'aujourd'hui, ce serait une mini série de 10 fois une heure, mais ici il faut tout raconter en 1H50 et chaque scène, chaque réplique est pensée pour donner le maximum d'informations. les personnage secondaires sont caractérisés en une phrase, en une dynamique à l'intérieur d'une scène au début puis leur évolution dans une autre à la fin, et cette évolution est représentative de l'histoire générale. ça donne des scènes parfois un peu artificielles et didactiques, mais c'est tellement riche et vif, mais on te dit les choses une fois, de la manière la plus intelligente et efficace possible, et on te fait confiance avec ça. vraiment, si on veut écrire un mémoire sur l'évolution du screenwriting provoqué par les séries (et les films de 2h30), on peut s'en servir comme représentatif de ce qui se faisait de mieux "avant".
mais dans l'absolu c'est un fait divers qui pourrait être assez quelconque mais qui a fait grand bruit à l'époque, et le film permet d'en ressortir tout le côté fascinant, que ce soit dans le portrait du milieu social, des protagonistes, du mystère criminel, du fonctionnement de la justice américaine.
jeremy irons a eu l'oscar et c'est vraiment le rôle de sa vie.
top.