Forum de FilmDeCulte

Une adolescente a un pouvoir, celui de nous faire entrer dans ses rêves. Mais aussi dans ses cauchemars. Enfermée dans sa chambre, son seul rapport au monde extérieur est virtuel. Elle navigue entre fiction et réalité, guidée par une youtubeuse inquiétante et mystérieuse, Patricia Coma.

J'aime bien Bonello, en particulier Saint-Laurent qui m'avait beaucoup impressionné à l'époque, et même dans Zombi child il y avait de quoi picorer mais là je suis circonspect devant le résultat. Tout commence par un enchainement d'images random sur une musique électronique irritante où le cinéaste récite pendant 5 minutes la note d'intention de son film. Ce dernier va être une lettre ouverte à sa fille, une oeuvre ayant comme arrière plan youtube et internet et qui va devenir la réverie macabre d'une adolescente durant le confinement et couvre-feu covid.

On est devant une oeuvre radicale et fauchée qui donne l'impression que Bonello fait son Lynch. Il y a quelques jolies images poétiques et une ambiance mortifère qui fait mouche dans certaines scènes mais c'est bien maigre. On a du mal à voir où veut aller Bonello. Pourquoi parler de la génération Youtube et de l'isolement virtuel alors qu'il semble ne rien y comprendre et en livre une imagerie ringarde? Il faut voir les interventions de la youtubeuse Patricia Coma, à laquelle est accro l'adolescente. De la poésie confuse à deux balles qui devient presque comique quand on fait attention aux dialogues particulièrement ratés. On entend des trucs du style "On parlera la semaine prochaine de Michael Jackson dont la pédophilie a été mal comprise" qui confinent quasi au nanar intello. Les dialogues se veulent poétiques mais ils font involontairement rire.

Surtout, le film n'a ni queue ni tête. Quel est le projet de Bonello? Perso je l'ignore, beaucoup de mal à voir du sens et de la cohérence dans cet enchainement de scènes que rien ne semble lier. Le truc le plus réussi, ce sont les scènes avec des poupées Barbie et Ken qui jouent une parodie intello des feux de l'amour. Pour le coup, c'est assez drôle mais on se demande ce que ça vient foutre dans le film. Coma est un essai filmique ramassé sur 80 minutes, il faut avouer qu'on ne s'ennuie pas, mais c'est catastrophique et une inquiétante sortie de route pour le cinéaste.

1/6

Ha tiens Julia Faure

Elle est plutôt pas mal dans le film, malgré son texte pourri. De manière générale, les acteurs s'en tirent bien.

La youtubeuse est inspirée de Solange vous parle ? Une youtubeuse qui a eu son heure de petite notoriété dans un créneau "perché", bénéficie maintenant d'une audience d'environ 30k spectateurs, a obtenu à une époque des subventions du CNC, même fait un long-métrage, et qui avait fait venir un escort dans une de ses vidéos, enregistrement sonore fourni.

Oui mais c'est une version bobo-chichiteuse caricaturale à mort et totalement à l'ouest de la Solange. C'est là que tu vois que Bonello a du mal à saisir l'air du temps. Ses passages sont très gênants à l'écran.

Ca a l'air vraiment le film de confinement d'un réal installé qui fait son petit truc pourri dans son coin et qui sort ça en salles.

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CroqAnimement votre

Elle est toujours en activité, quasi 500K abonnés sur YT (et c'est marrant j'ai écouté un podcast de France Culture avec des femmes qui racontaient leurs recours aux escorts et elle était dedans sans dire que c'était elle, j'ai reconnu sa voix) :
https://www.youtube.com/user/SolangeTeParle/videos

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CroqAnimement votre

Ca reste du Bonello, sur la forme et malgré l'économie de moyens, il se débrouille très bien. Après, je préfère ce genre de film qui tente pas mal de choses, mais ne les réussit pas à mon goût, qu'un truc impersonnel et anecdotique. On ne peut enlever au film une certaine ambition.

Je dois bien admettre que là c'est un Bonello mineur, dans des formes d'expérimentations qu'on pourrait dire attendues, il y a quelque chose qui ne prend pas dans cette profusion des régimes d'images (animations, stop motion de poupées Barbie, etc.), et on peut dire le film lourdement lynchien sans la part de mystères et d'improbabilités que contient le cinéma de Lynch. Beaucoup de platitudes qui font que j'ai pas accroché.

En effet que ce film ait droit à la distribution en salles prouve surtout que Bonello a un très bon réseau. Ca m'a rappelé mon ennui devant son Cindy, The Doll Is Mine (un court avec Asia Argento) pour dire qu' il a déjà connu ce type d'errances.

Le premier plan vient de son Nocturama, et s'enchaine avec des plans plutôt abstraits où la lettre d'intention à sa fille est placée en sous-titres. Il nous cite aussi une bribe de la conférence de Gilles Deleuze Qu'est-ce que l'acte de création? que tout étudiant en cinéma se doit de voir, et qui sert presque de leitmotiv au film, il ne faut pas être pris dans le rêve de quelqu'un d'autre, et se méfier de la jeune fille (ça vient de Gombrowicz ça? bref). Pour moi c'est des clichés lourdingues. Les confinements ont fait du mal à la création chez certains, une preuve de plus.



J'aurais pas du cliquer, ses vidéos m'ont filé des frissons de dégoût, quelle horreur, et cette diction bordel, elle doit être une inspiration oui, après Patricia Coma dans ce film est aussi une influenceuse typique, elle vend des gadgets inutiles, etc., je sais pas s'il faut plus se méfier des jeunes filles que des parisiennes tout simplement.

2/6

Des femmes.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Ouais je pars de la citation que fait ce film de Deleuze, en gros il cite ce passage vidéo, recadré : « Minnelli, il a, il me semble, une idée extraordinaire sur le rêve. Elle est très simple, on peut dire et elle est engagée dans tout un processus cinématographique qui est l’œuvre de Minnelli, et la grande idée de Minnelli sur le rêve, il me semble, c’est que le rêve concerne avant tout, ceux qui ne rêvent pas ; le rêve de ceux qui rêvent concerne ceux qui ne rêvent pas, et pourquoi cela ça les concerne ? Parce que dès qu’il y a rêve de l’autre, il y a danger. A savoir que le rêve des gens est toujours un rêve dévorant qui risque de nous engloutir. Et que les autres rêvent, c’est très dangereux, et que le rêve est une terrible volonté de puissance, et que chacun de nous est plus ou moins victime du rêve des autres, même quand c’est la plus gracieuse jeune fille, même quand c’est la plus gracieuse jeune fille, c’est une terrible dévorante, pas par son âme, mais par ses rêves. Méfiez-vous du rêve de l’autre, parce que si vous êtes pris dans le rêve de l’autre, vous êtes foutu. »

Je voulais juste remplacer jeune fille par parisienne friquée mais ça marche moyen De toute façon c'est peut-être le plus mauvais Bonello, film de papa (et pas de daron, nuance), et film de prof, vivement le prochain (La bête) !

Ouf tout va bien c'est pas de la misogynie, juste de l'érudition.

Je pense pas que Bonello soit le plus misogyne de nos cinéastes, disons qu'il joue avec les codes de représentations de la féminité (jusqu'à son Tiresia, est-ce que tu l'as vu?), parfois un peu maladroitement comme ici. Dans ses courts il y a un extrait de son film fantôme, impossible à faire, Madeleine d'entre les morts, qui devait consister en un remake du Vertigo d'Hitchcock mais du point de vue de Madeleine, donc bon...