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 Sujet du message: EO (Jerzy Skolimowski, 2022)
MessagePosté: 23 Oct 2022, 01:08 
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Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens biens et d'autres mauvais et fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais à aucun instant, il ne perd son innocence


Vu le synopsis, on pense évidemment à Au hasard Balthazar, il y a un peu de ça, mais Skolimowski n'est pas Bresson et son film est assez différent. Comme le Bresson, on va suivre notre héros animal, exploité de toutes parts et noyé dans le dur monde humain. A ce titre, il y a un très beau travail sur la bande sonore et sur le tintamarre humain subi par Eo. J'aime beaucoup Deep end et son atmosphère aérienne qui débouchait sur un beau trip poétique. Même si on n'est pas au niveau de son chef d'oeuvre, il y a un peu de ça dans cette aventure animale de Skolimowski. Il faut voir certains passages assez tripants comme ce début avec un filtre rouge et ce passage dans la forêt avec les loups. C'est vraiment à une pure expérience sensorielle que nous convie le cinéaste polonais. Il n'hésite pas à tenter des trucs et, tout en étant un hommage à Bresson, il s'en éloigne par son audace plastique. C'est assez inventif formellement parlant.

Alors on est évidemment dans une fable animale où domine le spleen. Pauvre âne qu'on sent impuissant tout le long du film, sans tomber dans le piège du misérabilisme, et qui va subir les affres de ce monde. Le film n'est pas non plus privé d'espoir. Il y a cette jolie histoire d'amour avec sa première propriétaire qui lui apporte à chaque anniversaire un muffin aux carottes. Cette rencontre avec le religieux. Malgré son impuissance, Eo n'abandonne pas et n'est pas vu comme un martyr à l'écran. Confère la fuite de chez Isabelle Huppert. Skolimowski s'abandonne à son conte et y préfère la voie du poème mélancolique par rapport au Bresson. Eo est le genre du film dans lequel on aime bien s'abandonner. C'est noir mais tendre. Une rêvasserie agréable sur la brutalité du monde humain actuel qui donne presque envie d'adopter un âne. Une jolie petite réussite et un bon Skolimowski.

4/6


Dernière édition par Abyssin le 24 Oct 2022, 14:43, édité 1 fois.

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MessagePosté: 23 Oct 2022, 08:01 
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Antichrist
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J'étais une voix dissonante à Cannes, pour une fois. Je comprends que la forme étonne, que ce soit surprenant et original mais passée la première demi-heure, j'avais trouvé ça répétitif dans ses effets visuels et narratifs. Et le propos; bon...

2-3/6


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MessagePosté: 23 Oct 2022, 08:30 
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T'avais adhéré au Bresson? Car c'est plus ou moins le même propos, même si l'approche est différente.


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MessagePosté: 23 Oct 2022, 10:22 
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Antichrist
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Pas plus que ça. Je préfère La Vache et le prisonnier.


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MessagePosté: 23 Oct 2022, 14:24 
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MessagePosté: 24 Oct 2022, 14:31 
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C'est pas Eo mais EO. Affiche réservée au Max.

La référence à Bresson est trop évidente, répétée à l'envie, mais finalement le film de Skolimovski n'a que très peu à voir avec. Balthazar c'est un vrai punching-ball, il n'a pas d'existence propre, il n'est là que comme réceptacle de la méchanceté des hommes, son histoire c'est avanie sur avanie. EO c'est tout autre chose, c'est un observateur, il est acteur de son périple, il se prend des coups mais il en donne aussi. Et puis le film est beaucoup plus protéiforme, c'est l'antithèse de l'austérité bressonienne, je peux d'ailleurs comprendre ceux que les expérimentations de Skolimovski lassent, pendant 1h30 il n'y a pas un instant de répit, certaines séquences sont pour le moins cryptique... n'empêche que ça fait un bien fou de voir une œuvre avec tant de vitalité, qui ose encore fouiller, travailler la forme quitte à parfois s'emmêler un peu les pinceaux. Et ce qui est incroyable, c'est qu'il faut encore que ce soit un réalisateur octogénaire qui soit à la baguette.

Plutôt qu'à Bresson donc, on pense parfois à Malick (expurgé de spiritisme new age, en mieux donc), au Théorème de Pasolini (parce qu'EO est un vrai catalyseur à embrouilles, dès qu'il pointe le bout de son museau ça tourne systématiquement au vinaigre), et plus bizarrement (et je vais probablement être le seul à faire le rapprochement) à la solitude de l'extra-terrestre d'Under the Skin. Non seulement pour l'hyper définition de l'image numérique (dans les plans de nuits en particulier, le plan de drone qui suit la grenouille dans le torrent c'est waouh), mais pour la proximité des parcours, EO qui s'isole sciemment de ses congénères et qui est d'une curiosité insatiable pour tout ce qui l'entoure (les humains bien sur, mais qui vaut aussi pour les chevaux, un loup, des poissons dans un aquarium, des fourmis qui trottinent sur une barrière), mais curiosité stérile surtout (ce que vient sceller la dernière scène, aussi magnifique que terrifiante). Parcours qui semble par ailleurs se faire dans deux directions opposées, EO qui remonterait le cours de l'histoire à rebours (d'où la chute d'eau inversée) quand le robot Boston Dynamics (dans la scène qui fait probablement la plus penser au film de Glazer lorsque celui-ci regarde son image se refléter dans le sol d'un noir de jais) solderait la victoire de la technologie sur le vivant. Plane alors une même mélancolie et un même sentiment désabusé vis-à-vis de l'humanité.


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MessagePosté: 24 Oct 2022, 14:42 
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Je trouve plus bizarre ton rapprochement avec Malick qu'avec Glazer, qui est séduisant quand on te lit. Même si le Skolimowski et les Malicks sont des expériences formelles et qu'il y a un côté animiste, ça s'arrête là tellement leurs styles n'ont rien à voir. Pasolini j'ai du mal, car EO n'est pas du tout un catalyseur à embrouilles dans le film. Je ne vois pas à quel moment il déclenche ou accélére les merdes à l'écran. Sinon joli texte pour un joli film :wink:


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MessagePosté: 24 Oct 2022, 14:51 
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Abyssin a écrit:
Même si le Skolimowski et les Malicks sont des expériences formelles et qu'il y a un côté animiste, ça s'arrête là tellement leurs styles n'ont rien à voir.
Il y a un côté pareillement aquatique dans certaines scènes (la plus malickienne est justement celle où EO est avec d'autres ânes entourés d'enfants). Mais cela ce circonscrit à quelques courtes scènes, oui.

Abyssin a écrit:
Pasolini j'ai du mal, car EO n'est pas du tout un catalyseur à embrouilles dans le film. Je ne vois pas à quel moment il déclenche ou accélére les merdes à l'écran.

Quand il braie au moment du penalty. Sinon, bien que ça ne soit pas de son fait, il est dans le camion du mec qui se fait égorger, il est présent au moment de la tentation incestueuse en Italie (évidemment ce qui m'a fait penser à Pasolini).


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MessagePosté: 24 Oct 2022, 15:53 
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Je reste pas convaincu par ton hide. Sinon pour Glazer, c'est effectivement tout le beau passage dans la forêt qui y fait penser. Je suis pas à fond sur le film mais il faut reconnaitre qu'il est assez stimulant dans ses différentes tentatives. Même si je comprends qu'il puisse dérouter et laisser certains à quai.


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MessagePosté: 25 Oct 2022, 11:29 
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Lohmann en parle très bien.
De mon côté j'ai trouvé la séance agréable, le film est singulier et étonnant mais en même temps ça ne m'a jamais vraiment emporté. Je vois le projet "un âne et des hommes" mais du mal à voir plus loin, ce que le film a vraiment de singulier à dire sur son sujet. Les passages expé ne m'ont pas dérangé, certains sont même très impressionnants (les plans de drones en rouge dans la forêt) mais en quoi est-ce que ça sert le propos de Skolimowski. Au départ j'avait l'impression que c'était tout un truc sur le regard de l'âne, sur le point de vue mais pas vraiment, c'est plus de petites digressions.

Je dois au film un petit fou rire totalement inattendu
le meurtre totalement gratos du routier, ça sort de nulle part, c'est incompréhensible
mais le passage d'Isabelle Huppert c'est utra bizarre. Gros hors sujet. Alors je me suis dit que le film allait plus loin et confrontait EO non plus à la réalité mais carrément à une scène de cinéma (et c'est d'ailleurs assez drôle puisqu'il se barre et laisse derrière lui cette sous-intrigue superflue) mais ce n'est pas tellement satisfaisant. La dernière scène est forte (et visuellement sublime), d'une rare cruauté.

Je regrette une certaine naïveté dans le propos, que ce soit du côté de l'animal ou celui des humains. La photo est sublime et le film quand même très stimulant. Hâte d'écouter le podcast de Bae-GOD-ô sur le film, je me demandais comment il allait tenir une heure dessus tellement le film me paraît direct et simple et que je ne vois pas grand chose à en dire.

Ceci dit, je l'ai vu vendredi et il vieillit bien. Je pourrais même le revoir.

4/6

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MessagePosté: 26 Oct 2022, 15:43 
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Art Core a écrit:
Je dois au film un petit fou rire totalement inattendu
le meurtre totalement gratos du routier, ça sort de nulle part, c'est incompréhensible

mais le passage d'Isabelle Huppert c'est utra bizarre. Gros hors sujet.

Le meurtre du routier survient après qu’il a tenté une "plaisanterie" avec la migrante à qui il offre à manger : "and now, sex". Il se fait couper la gorge juste après, par une sorte de malentendu tragico-absurde à la Albert Camus. (J’ai rien lu, dans les critiques dithyrambiques, sur le sens de cette scène, pourtant hyper choquante : toute la salle (moi compris) a poussé un soupir d’effroi à ce moment-là.)

***SPOILERS***
D’une manière générale, il m’a semblé que le film ne se préoccupait pas seulement du mal que les hommes faisaient à la nature et aux animaux, mais aussi du fait que les hommes n’avaient plus aucun sens du jeu, de la comédie au sens large.
Plusieurs épisodes fonctionnent sur ce principe. Que ce soient le spectacle de cirque au début, le match de foot, ou même la messe à la fin, à chaque fois il est question d’un spectacle qui doit s’interrompre, d’un jeu qui ne fait pas rire, d’une illusion qui ne prend pas. Le spectacle de cirque est annulé par des militants pour les droits des animaux, au motif que les bêtes y sont maltraitées (alors que le film suggère qu’il n’en est rien) ; le match de foot se transforme en bagarre générale et la mascotte est laissée pour morte. La messe aussi paraît une comédie vidée de son sens : interrompue par la sonnerie du téléphone et de banales querelles d’héritage, célébrée par un prêtre qui accumule les dettes de jeu, etc.

Qu’est-ce qui reste, quand la représentation n’a pas lieu ? Une réalité totalement sinistre, où dominent les pulsions agressives (violence, prédation, destruction, exploitation) ou régressives (l’inceste, avec l’histoire de la Comtesse et de son beau-fils : toute cette scène italienne symbolise aussi la liquidation définitive du monde ancien, celui d’avant la révolution industrielle).
Le film paraît hanté par l’imaginaire de la guerre, et l’errance de l’âne prend souvent les allures d’un exode au milieu d’un paysage de ruines, indifféremment industrielles et guerrières : la décharge de métal, le cimetière juif au milieu de la forêt… L’immense couloir bétonné où s’aventure l’âne à tout d’une forteresse souterraine datant de la Seconde Guerre mondiale (faudrait vérifier). Et évidemment, les images finales des bêtes conduites à l’abattoir, évocatrices d’autres massacres de masse.
On ne s’étonne pas assez, je trouve, que les images les plus mémorables du film soient toutes obtenues avec du matériel militaire : le drone dévalant la rivière au milieu d’une forêt repeinte en rouge ; la caméra-robot ou le laser des fusils de chasse, tout un arsenal techno-militaire à la James Cameron, dont le film essaie d’extraire des images féeriques.

Tout (hommes, bêtes, plantes) est toujours vu comme un ennemi (à abattre ou neutraliser), ou comme une ressource (à soumettre et exploiter). Le vent, la forêt, la rivière, les animaux, ne sont rien d’autre qu’une ressource disponible, une matière première pour des éoliennes, des barrages, des abattoirs, des usines. Il n’y a que l’âne pour voir les choses autrement, patiemment, avec une sorte de curiosité contemplative – non pas pour faire réapparaître une nature intacte, originelle, chimérique, mais pour transformer les rotations d’une éolienne ou les vannes d’un barrage en images poétiques : alors, par la magie de trucages dignes d’un spectacle forain, la Terre se met à tourner autour de l’éolienne et les eaux à remonter à leur source, comme pour un tour de piste semblable à ceux que l’âne faisait au début.

A l’opposé de ce monde sinistre, qui semble se confondre avec la totalité du monde réel, il n’y a que le monde de l’art, représenté par le spectacle forain au début du film. Très classiquement, le film raconte une chute, un exil, en combinant l’imaginaire mythique de l’odyssée et du désir de retour vers la patrie natale, et celui biblique du paradis perdu, dont l’âne garde jusqu’à la fin la nostalgie. Ce n’est que par la magie de l’art que l’âne peut, tous les soirs, mourir et ressusciter sous les caresses de l’écuyère, lors d’un spectacle où il semble mimer une mort et une résurrection, si on en croit les images qui ouvrent le film. Hélas pour lui, une fois chassé de ce paradis, la mort c’est juste un écran noir : il n’y aura pas une image à la fin pour lui redonner vie.


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MessagePosté: 26 Oct 2022, 17:18 
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Passionnante critique, merci latique !


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MessagePosté: 26 Oct 2022, 20:08 
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Robot in Disguise
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Purée j'espère qu'ils ont demandé des droits, les héritiers de Bresson (aka "Mouchettimaginatio")...

J'ai été bercé par ce film lancinant et mélancolique, convoquant à la fois Emmanuel Gras et Herzog, même si finalement la référence à Glazer n'est pas inadaptée. D'ailleurs merci à ce Forum et ses très bonnes critiques qui ont mis des mots sur des choses que je ne m'étais pas forcément formulées (les constantes interruptions des "bons délires"...).

Après, si plusieurs séquences me frappent, d'autres me laissent sur le carreau, je me demande un peu quel est le projet. Et je trouve le chapitre final chez Huppert trop écrit et trop peu organique par rapport au reste.

Mais j'ai quand même été touché par la sincérité étonnante de l'ensemble. C'est jamais larmoyant (et même assez peu émouvant vu le sujet) mais l'âne est néanmoins traité avec une empathie que je n'imaginais pas forcément en entrant dans la salle.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 26 Oct 2022, 20:14 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
je me demande un peu quel est le projet.
Tu t'es posé la question pour le Bresson? La nature, la brutalité humaine à hauteur d'animal...

Qui-Gon Jinn a écrit:
Et je trouve le chapitre final chez Huppert trop écrit et trop peu organique par rapport au reste.
Ca c'est clair qu'il tranche avec le reste. J'aime bien perso, il apporte (un bref moment) un côté lumineux au film.

Qui-Gon Jinn a écrit:
Mais j'ai quand même été touché par la sincérité étonnante de l'ensemble..
Pas étonnant, si on est familier avec Skolimowski. La sincérité, l'innocence du personnage "principal", la douceur et le côté planant...j'y ai retrouvé un peu du kiff de Deep end.


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MessagePosté: 27 Oct 2022, 09:52 
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Lohmann a écrit:
Passionnante critique, merci latique !

:o merci à toi
Abyssin a écrit:
Pas étonnant, si on est familier avec Skolimowski. La sincérité, l'innocence du personnage "principal", la douceur et le côté planant
Pas vu "11 minutes", mais "Essential killing", c'était pas trop ça.


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