Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 19 Nov 2024, 10:49

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 24 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Blonde (Andrew Dominik, 2022)
MessagePosté: 28 Sep 2022, 16:08 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86825
Localisation: Fortress of Précarité
Image

Je n'ai pas lu le livre de Joyce Carol Oates, réputé pour son portrait peu embarrassé par la stricte réalité historique, mais l'adaptation qu'en fait Andrew Dominik, enfin concrétisée après une dizaine d'années de gestation, est apparemment fidèle même si le cinéaste s'en émancipe également par le biais de deux parti-pris, l'un formel, l'autre thématique.

Esthétiquement, l'exercice assume complètement sa dimension de mythe, en partant de photos célèbres de l'actrice pour les reconstituer scrupuleusement d'un point de vue visuel tout en imaginant ce qui s'y est dit et déroulé. Ainsi le film embrasse l'iconographie populaire de Marilyn Monroe, premièrement parce que c'est tout ce que le public connaît réellement d'elle, c'est comme ça qu'il l'a vue, qu'il la voit, mais ensuite pour en faire justement le carcan qui écrase la protagoniste.

Le metteur en scène use tour à tour du format (on passe du 4:3 au 2.35 au 1.85 au...format smartphone?), d'un travelling avant qui s'arrête et reprend, resserrant sans cesse le plan pour échapper un interlocuteur, d'un flou ou d'une absence d'ambiance sonore, ne laissant que la voix en constant quasi-chuchotement de Marilyn, pour isoler, enfermer son personnage dans le cadre, dans son image inextricable.

Et Ana de Armas, tout simplement époustouflante, de chercher à s'en échapper, par l'humanité qu'elle confère au rôle.
Quel chemin parcouru par l'actrice découverte dans Knock Knock. Blade Runner 2049 avait montré qu'elle pouvait camper une figure bien plus troublante mais là, elle est incroyable. Ce n'est pas juste le mimétisme, avec ce timbre de voix et cet accent cubain complètement disparu, qui pourrait fatiguer, ni même la ressemblance à deux doigts du deep fake par moments, c'est la vulnérabilité qu'apporte la comédienne, avec son visage poupon parfait (là où Naomi Watts et Jessica Chastain, successivement attachées au rôle, dégagent autre chose). Elle parvient à elle seule à éveiller l'empathie.

C'est son humanité qui incarne la peinture impressionniste que Dominik fait de la vie d'une icône partagée entre sa création Marilyn et son désir de Norma(lité), cette quête désespérée d'un père chez les hommes et d'une mère en elle.

Narrativement, le récit peut donner l'impression d'un biopic classique, avec son enfance traumatisante, sa promotion canapé, ses amourettes tumultueuses, son défilé de personnalités et ses problèmes d'addiction mais ces étapes semblablement obligées dessinent en réalité l'arc distinct qui intéresse en particulier Dominik qui délaisse bien des événements à première vue importants de la vie de la star, même parmi ceux présents dans le matériau de base.

Je lis ça et là des reproches sur l'angle d'attaque choisi, la focalisation sur les aspects les plus négatifs de la vie de Marilyn, polémiquant sur le regard de l'auteur, un sadique excité uniquement par la Marilyn victime, et...on n'a pas vu le même film. Clairement, c'est ce qui intéresse Dominik, qui l'avoue clairement dans des interviews où il est à deux doigts de dire qu'il se fiche complètement de Marilyn Monroe, mais je ne vois aucun sadisme ni complaisance dans l'horreur qu'il dépeint. Le film est peut-être mal-aimable mais il est pas là pour être aimé. Il est là pour donner une interprétation subjective d'un parcours précis. Qu'est-ce qui a mené ce sex-symbol à la mort?

Et la réponse est un biopic cauchemardé d'une intensité et densité étouffante.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 16:17 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Mar 2012, 13:20
Messages: 11243
Tu piques ma curiosité sur un film dont au départ le sujet m'intéressait peu.

edit : par contre j'avais pas vu. 167 minutes :cry:


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 17:07 
Hors ligne
Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5843
Le sujet me branche pas, mais c'est sans doute l'un des réalisateurs actuels les plus intéressants, donc je regarderai.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 17:09 
Hors ligne
Robot in Disguise
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36696
Localisation: Paris
Désolé de n'être qu'une caricature de moi-même, mais ouch 2h46.

L'avis de Freak m'a quand même bien chauffé donc je materai, mais il me faudra un petit chablis.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 17:14 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28387
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pareil la durée me fait vraiment peur. Déjà que Diana m'avait quand même passablement emmerdé malgré le grand réal (mais le sujet m'intéresse un poil plus).

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 18:43 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86825
Localisation: Fortress of Précarité
Y en a ici qui s'astiquent sur les Kechiche et qui plissent du nez quand quelqu'un d'autre fait 2h45. Je vous rassure, y a des gros plans sur la morve ici aussi.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 18:51 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Sep 2007, 09:31
Messages: 4997
Et niveau scènes de uc, ça se vaut?


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 18:59 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Mar 2012, 13:20
Messages: 11243
Enfin les vraies questions ?

Ana de Armas est elle souvent nue ?


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 19:08 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86825
Localisation: Fortress of Précarité
oeil-de-lynx a écrit:
Et niveau scènes de uc, ça se vaut?

Du tout. Y a une très belle scène de baise mais ici c'est un artiste de cinéma qui réalise, pas de softcore porn.

Mr Degryse a écrit:
Enfin les vraies questions ?

Ana de Armas est elle souvent nue ?

Beaucoup de topless.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 20:21 
Hors ligne
Sir Flashball
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23851
Les biopics, ça me gonfle d'une force en général, mais j'aime bien Dominik.

Ca va de la naissance au cercueil ?

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2022, 20:56 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86825
Localisation: Fortress of Précarité
Ça commence elle est toute petite puis ça passe direct à 1952 et ça va jusqu'à 1962.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2022, 06:30 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9898
Localisation: Ile-de-France
Le livre est paraît-il génial mais flemme donc je compte bien voir ce film.


Dernière édition par Baptiste le 03 Oct 2022, 22:21, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 01 Oct 2022, 21:43 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23986
Attention légers spoilers

Sacré morceau de cinéma... Je n'ai pas lu le livre d'Oates, je ne voue pas de culte particulier à Marilyn Monroe et je ne connaissais rien de sa vie (à part les mariages, les grands films et la mort...), si bien que les parti-pris fictionnels ne m'ont pas dérangé (mais je comprends que l'on puisse tiquer)...Par contre, je ne comprends pas l'obsession d'Andrew Dominik pour les détails scabreux et les "visions" de bébé font très fake. Bien sûr cela fait partie du projet - décrire le cauchemar que fut l'existence schizophrénique de Marilyn Monroe mais le film a le même problème de point de vue (masculin) que Nina Wu de Midi Z.

Peut-on dénoncer la masculinité toxique en mettant en scène un viol qui n'a pas existé, une scène de triolisme qui n'a pas existé et une fellation présidentielle imposée ? De projeter en quelque sorte ses propres fantasmes (masculins) pour les dénoncer ? Pour autant, le "geste" cinématographique ne doit pas être réduit à cela. On a beaucoup évoqué Lynch et je comprend pourquoi : l'héroïne est le double hollywoodien de Laura Palmer et la zik (sublime) de Nick Cave et Warren Ellis évoque les nappes de synthé d'Angelo Badalamenti. Mais le film m'a plus rappelé les biopics horrifiques de Pablo Larrain, Jackie et Spencer. Le travail formel est assez dingue, la performance d'Ana de Armas bluffante (même si elle manque un peu de chair non ?), c'est aussi indiscutablement trop long (mais bon, avec Netflix, on a l'habitude). Bref, je n'ai pas beaucoup aimé mais je le conseille quand même car... This is cinema.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 01 Oct 2022, 23:13 
Hors ligne
Titilleur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 06 Fév 2022, 11:54
Messages: 97
Film Freak a écrit:
Et Ana de Armas, tout simplement époustouflante, de chercher à s'en échapper, par l'humanité qu'elle confère au rôle.
Quel chemin parcouru par l'actrice découverte dans Knock Knock. Blade Runner 2049 avait montré qu'elle pouvait camper une figure bien plus troublante mais là, elle est incroyable. Ce n'est pas juste le mimétisme, avec ce timbre de voix et cet accent cubain complètement disparu, qui pourrait fatiguer, ni même la ressemblance à deux doigts du deep fake par moments, c'est la vulnérabilité qu'apporte la comédienne, avec son visage poupon parfait (là où Naomi Watts et Jessica Chastain, successivement attachées au rôle, dégagent autre chose). Elle parvient à elle seule à éveiller l'empathie.


Elle était déjà géniale en hologramme dans BR2049, réussir à rendre son personnage attachant était déjà une gageure, ça doit probablement venir de ce qu’elle dégage, on sent une fêlure en elle, si le threesome a quelque d’érotiquement troublant, ça vient d’elle assurément…


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 03 Oct 2022, 22:18 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9898
Localisation: Ile-de-France
J'ai oscillé entre l'envoûtement que le film recherche et finir par obtenir, à forces de nappes musicales et lumineuses rappelant évidemment Mulholland Drive ou encore Jackie de Larrain (on voit d'ailleurs la femme de Kennedy pleurer brièvement sur un canapé), et une lassitude face à cette répétition facile.

Le film aurait pu faire 45 minutes de moins et être aussi, voire plus troublant. Là on a du délayage alors que le propos et l'esthétique choisie pour le faire passer sont finalement assez simples dans l'idée (l'exécution est belle il faut reconnaître). Il n'y a pas l'excuse du biopic qui doit entasser les événements du début à la fin puisque Dominik a sélectionné même à l'intérieur du livre ce qu'il souhaitait, quitte à rayer d'autres pans de la vie de Marylin.

Bref, impressionné au sens premier sans être impressionné sur un plan plus idéal.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 24 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Chopper (Andrew Dominik, 2000)

Le Pingouin

8

1919

31 Mai 2020, 17:12

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. One More time with Feeling (Andrew Dominik - 2016)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Cooper

25

2933

09 Sep 2016, 15:47

Cooper Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Cogan, la Mort en Douce (Andrew Dominik - 2012)

Art Core

13

2308

18 Déc 2012, 23:51

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford (Andrew Dominik - 2007)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 9, 10, 11 ]

Karloff

157

14127

08 Mai 2010, 22:34

Vintage Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Nuit du 12 (Dominik Moll - 2022)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Qui-Gon Jinn

41

10229

26 Mar 2024, 05:09

Marinabpv Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. LOLA (Andrew Legge - 2022)

Fire walk with me

0

69

14 Oct 2024, 13:14

Fire walk with me Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Super Blonde (Fred Wolf - 2008)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Blissfully

15

2601

13 Oct 2008, 00:33

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Blonde de Pékin (Nicolas Gessner, 1967)

Mr Chow

3

1667

26 Fév 2013, 10:25

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Amours d'une blonde (Miloš Forman - 1965)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Tom

40

4086

23 Aoû 2021, 07:23

eftcuoly Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Atomic Blonde (David Leitch, 2017)

Film Freak

4

1847

26 Déc 2019, 23:19

deudtens Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Google [Bot] et 5 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web