Cyniquotron a écrit:
Donc dire que les fans de Foucault sont même encouragés à lire Sade euh...
C'est pas vraiment ce que je dis, je croquais plus en vitesse les mandarins d'UFR qui marchent dans les pas de Barthes et compagnie. Ils n'incitent pas tant que ça à la lecture de Sade, mais contribuent à alimenter sa "présence" dans le milieu, et surtout à empêcher toute considération morale le concernant... Un peu à la Gontrand qui, plus haut, se trouvait à deux doigts de railler la "bien-pensance" au sujet des vices avérés de ses chouchous.
Après je dis ça, mais l'édition 10/18 des
120 journées je l'ai à la maison, hein, et je rejoins dans l'ensemble le reste de ton message. D'ailleurs en ce qui concerne ça :
Citation:
Il y a aussi une critique féroce des puissants - paradoxal puisqu'il était aristo lui-même - mais entre ce que tu traces et l'argument des 120 journées - ce sont 4 aristocrates : un duc, un évêque, un président et un financier qui organisent ce déferlement criminel dans un château dissimulé, il y a une étrange proximité.
Là où j'accepterai sans broncher que l'on m'accuse de conspirationnisme, c'est que je reste persuadé que Sade y décrit en effet des pratiques qui ont été et qui sont encore monnaie courante dans certains milieux que l'on peut toujours qualifier d'aristocratiques dans le mauvais sens du terme, c'est à dire au-dessus des lois par la richesse et le pouvoir, et aussi donc au-dessus (ou plutôt en-dessous) de la morale.
Les motivations de ses personnages sont sans doute en ce sens toujours d'actualité tout en étant très anciennes, et ne sont pas sans rappeler certains préceptes, par exemple, du frankisme, et de manière plus globale la logique du sacrifice humain. J'ai une vision assez premier degré du truc, non pas que ça me le rende plus supportable, bien au contraire (cela dit l'humour sardonique des premières pages dans la description de chaque monstre est plutôt réussi), mais du coup toute les lectures critiques et théoriques qui s'appliquent sans doute aussi au film (pas vu) me semblent bien noueuses pour pas grand chose, en plus de détourner l'attention de la substantifique moëlle de l'entreprise que je résumerai, par pure spéculation paranoïaque, à "voilà ce qui se passe, voilà ce que j'en sais". D'ailleurs quand c'est appliqué aux fascistes par Pasolini, ça ne relève tout d'un coup plus du complotisme : on est bien portés à croire qu'ils soient capables de ça, eux.
Bref...
En effet Foucault m'attire peu, en partie aussi parce que j'ai suffisamment lu d'auteurs ""mineurs"" qui m'en ont bien synthétisé certains des aspects les plus pertinents à mes yeux à l'époque où j'en avais besoin, notamment dans des thèses. Par contre ça fait un moment que Maurice Blanchot pointe le bout de son nez dans mon parcours, je ne serai pas contre quelques conseils à ce sujet parce que ça m'intrigue pas mal.