Rambo 1 est un petit survival efficace "pro-guerre", qui, pour peu qu'on y soit légèrement attentif, n'évoque le trauma post-Vietnam du soldat d'élite que pour glorifier l'esthétique soldatesque de la bravoure sacrificielle, de la compétence (élite de l'élite), du code d'honneur militaire ("first blood"), etc.
Le personnage du Shérif et de ses adjoints "refoulant" le vétéran représentent, de façon ambiguë, à la fois le civil ingrat (anti-patriote) et une certaine image du policier "planqué", doublé du procès de sa "virilité" constamment affirmée mais incompétente techniquement - donc ridicule - dans l'art de la guerre, du survival, de la chasse, etc. Art où Rambo excelle, lui, et force constamment notre admiration.
Ils représentent d'une certaine façon cette "opinion publique" de l'époque, indifférente ou sourde, pire, hostile au sacrifice de ses "fils" partis bravement à la guerre.
De là, la construction du récit de chasse à l'homme de Rambo 1 n'a rien à voir avec une dénonciation quelconque de la politique de guerre us au Vietnam: c'est juste le contraire. C'est un doigt d'honneur au "pacifisme" qui a sali l'honneur des soldats, en même temps que l'éloge de leur dévouement patriotique (tout comme pour les "bérets verts" de John Wayne).
Preuve en est: la scène clef où Rambo fait un "acting-out" émotionnel devant son pater de substitution, son colonel chef de mission ange gardien. C'est à ce moment là qu'il beugle son cri du cœur, sa plus grande souffrance psychique: "on ne nous pas laissé GAGNER cette guerre" [...] alors qu'on avait tout ce qu'y fallait pour: matos, compétence, motivation". Je cite sa phrase à la virgule près.
Ce dont souffre Rambo, c'est que le sacrifice de ses amis morts au combat ait été "vain". Il n'y a aucune dénonciation de la guerre, et encore moins une ouverture quelconque à "l'altérité" (comme on aime à dire) du Vietnamien (comme dab, réduit à une pure abstraction dont on se fout éperdument): l'enjeu est clairement des probs de conscience d'américains entre eux sur fond de psychodrame collectif "internaliste". Ici, un traumatisme d'échec et d'impopularité militaires, et non cet échec de "l'humanisme" (que feindront hypocritement de dénoncer les films soi-disant anti-guerre du Vietnam qui commencent à fleurir à la même époque, de A.N. à Platoon).
Donc, Rambo 1, déjà, était une sombre merde conservatrice et belliciste, mais que dire des suivants, qui constituent non pas une rupture, mais le prolongement boursouflé, anabolisants compris, de la même thématique?
Quant au dernier, j'ai eu l'occasion de le visionner rapidos en streaming: c'est même pas une sombre merde, c'est le degré ultra-zéro du cinéma d'exploitation. Avec ou sans la caution habituelle du style "la guerre, c'est sauvage: y a des têtes qui explosent", en effet.