Par l'auteur de
Robinson Crusoe, journaliste, polémiste, espion etc. dans la grande tradition des hommes de lettres de l'époque. Version à peine romancée de l'épidémie de peste bubonique de 1665 qui a frappé Londres, vue par un habitant de la ville et racontée après coup. Très intéressant de par son aspect très documenté, avec ses chiffres et son name-dropping de quartiers pas didactique une seule seconde, et le style à la fois très emphatique et par moments extrêmement naïf typique de l'époque. Les réponses des pouvoirs publics (si tant est qu'on puisse les appeler comme ça à cette époque) face à une maladie virulente à tous points de vue méritent d'être mises en parallèle avec ce qui nous arrive depuis 2 ans : confinements ciblés, exodes, couvres-feux, incivilités, effondrement du quotidien, de l'économie, théories sur la propagation, impuissance généralisée, cadavres à même la route etc.
Réputé pour être un des plus accessibles de Thomas Pynchon avec
Vente à la criée du lot 49 et
Inherent Vice (pas lu). Je reste sceptique, moyennement convaincu par cette narration détachée, programmatique, cette obsession pour les noms complètement débiles pour ses personnages, celle ringarde au possible pour les joints et la contre-culture des 60's, le complotisme qui s'assume pas et prend des détours absurdes pour rester
safe... Il y a des moments marrants, cela dit, mais l'impression de plus en plus cimentée de lire un type qui
daigne être lu, et ça me gonfle un peu, à force.
Le plus grand roman d'aventure post-
Seigneur des Anneaux, et un peu dans la même veine "conservatrice" (Tolkien était catholique, Adams orthodoxe). Très bucolique (les personnages principaux sont des putains de lapins), très normé, très influencé par la littérature médiévale (c'est encore plus palpable dans la suite,
Tales from Watership Down qui est un excellent receuil de nouvelles), un régal si on aime le jargon de la campagne et tous les avatars de la quête initiatique, avec un
deep lore très fouillé sans un seul gramme de prétention post-moderne ou quoi que ce soit du style.
Un SAS à l'ancienne, à l'époque où les scènes de cul n'étaient pas encore (je l'imagine) sous-traitées à des scribes de chez Dorcel pour les rendre plus à la hauteur de la compétition avec les vidéos-clubs puis xHamster. Je reste fasciné par la manière dont De Villiers, prétendumment l'auteur longtemps le plus lu au Quai d'Orsay, décrit avec un oeil de passant habitué des destinations absolument pas grand-public, encore moins à l'époque de publication (ici 1978). L'intrigue est plutôt bateau, ça reste du sous Ian Fleming qui se défend (encore) bien, en plus vulgaire mais pas spécialement plus cruel. C'est surtout la manière dont Kinshasa, ses rues, ses quartiers même les plus inaccessibles et malfamés, est décrite comme le Saint Michel ou le 11ème chez Simenon, avec une familiarité placide et entendue, avec en plus la précision sardonique et sans pitié de "l'agent d'influence" qu'était De Villiers (Simenon aussi, dans une moindre mesure), avant tout là pour se promener aux quatre coins du monde au nom de la France. C'est raciste évidemment (même si ça me choque moins que Tintin au Congo), mais ça reste un truc assez incroyable écrit sur une grande capitale Africaine, avec un degré de réalité bien sûr pas flatteur ni pour le continent, ni pour les fameux "expats" encore tout à fait d'actualité. Celui qui se passe à Haïti est du même acabit, beaucoup plus proche de la réalité de terrain que les atermoiements marxistes d'auteurs pourtant haïtiens qui planaient à quinze mille.