Forum de FilmDeCulte

Oui le roi ça fait resucé du roi taré et insupportable de Game of Thrones, je l'ai pas trouvé terrible non plus.

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CroqAnimement votre

En même temps, je découvre qu'il avait réellement un grain :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VI_(roi_de_France)#Crise_de_d%C3%A9mence_de_1392
Charles VI, dit « le Bien-Aimé », et, depuis le xixe siècle, « le Fou » ou « le Fol »1,
[...]
En 1392, alors qu'il conduit une expédition militaire contre le duché de Bretagne, le roi est victime d'une première crise de démence, au cours de laquelle il attaque ses hommes en la forêt du Mans. Quelques mois plus tard, à la suite du Bal des ardents où il manque de mourir brûlé, Charles est de nouveau placé sous la régence de ses oncles, le duc Jean de Berry et surtout le duc de Bourgogne Philippe le Hardi.

Dès lors, et jusqu'à sa mort, le roi alterne périodes de folie et de lucidité.

Comme vous, je suis emballé par ce film. Je suis pas fan de Scott et de ses épopées type "Robin des bois" ou "Gladiator", mais j'ai trouvé ce film d'une grande richesse - à commencer, justement, par sa vision absolument pas épique du monde féodal : les seigneurs font la guerre pour éponger des dettes, se marient en traçant les limites de leur domaine sur des cartes, et se battent sans héroïsme à coups de procès. J'étais frappé, par exemple, par l'aspect répétitif des batailles dans la première partie: une fois à Limoges, puis en Ecosse, puis j'ai oublié où, et au fond peu importe - comme si c'était là un travail, un truc plus fastidieux qu'autre chose, et n'ayant pas grand-chose à voir en tout cas avec les notions d' "honneur" ou de "patriotisme". Même quand les personnages font référence à ces valeurs chevaleresques, on voit bien qu'il s'agit avant tout d'un réseau d'alliances, d'allégeances, d'un système de pouvoir par lequel les seigneurs se lient les uns aux autres par des chartes, des contrats, toute une administration. Le film prend l’histoire au sérieux, et nourrit le récit de toute une matière historique vraiment riche, faite de dates, de lieux, de noms propres, de références aux singularités politiques de l’époque, qui va plus loin qu’une reconstitution simplement décorative. J'imagine qu'un historien verra à redire sur bien des points, mais je n'ai pas l'impression d'avoir souvent vu une description aussi détaillée et peu romancée du Moyen Âge, surtout dans un film à grand spectacle comme celui-là, où, généralement, l’éloignement dans le temps permet avant tout de mettre en scène le drama fantasmé des éternelles passions humaines déliées de tout ancrage historique.

Toute la description de l’amitié et de la rivalité entre Le Gris et Carrouges joue ainsi sur des plans très variés qui la rendent passionnante : Le Gris n’est pas "bien né" (comme disait l’époque), et pourtant il parvient aux plus grandes faveurs, grâce à son éducation, son talent, son charisme, alors que Carrouges est un guerrier à l’ancienne mode, dont la place en ce monde n’est garantie que par le respect des traditions et des serments, des transmissions héréditaires et des vieux liens de fidélité, et qui se voit peu à peu évincer de la cour, où le talent semble maintenant primer la naissance.
En retour, il y a chez Le Gris un désir de revanche sur ce vieux monde dont il ne fait pas partie, qu’il respecte et qu’il envie en même temps: d’où son attitude ambivalente vis-à-vis de Carrouges, qu’il défend auprès du comte en faisant valoir ses compétences guerrières, et qu’il cherche en même temps à humilier dans les scènes de confrontation, en lui montrant qu’il n’est qu’un lourdaud qui ne sait pas lire, pas parler en public, pas séduire, un vestige du passé qui n’est plus rien au regard des critères nouveaux.
Est-ce qu’on peut parler d’amour dans ce cas ? Toutes les scènes où Le Gris observe Marguerite, c’est moins avec amour qu’avec envie, dans la relation triangulaire d’admiration et de mépris qui le lie à Carrouges. Il semble ne désirer Marguerite que parce que c’est la femme de Carrouges (comme on le voit dans la scène de leur première rencontre, quand il la regarde danser avec son mari, après le baiser). Le Gris ne semble pas supporter que ce lourdaud de Carrouges ait épousé une femme aussi belle et intelligente (elle lit, parle plusieurs langues, comme lui) ; à ses yeux, Carrouges ne mérite pas une femme pareille, qui devrait lui revenir. Symboliquement, le viol a lieu sur le lit conjugal : c’est vraiment un désir de supplanter le mari, de prendre sa place. Marguerite n’existe aux yeux ni de Carrouges ni de Le Gris, sinon, comme tu le dis, en tant qu’objet, comme un trophée qui départagera les rivaux et reviendra au vrai champion. Quand Carrouges déclare que le viol, c’était pour lui nuire, à lui, toute la salle se soulève d’indignation devant son indifférence à la douleur de sa femme. Mais ce qu’il dit est juste (Le Gris a violé Marguerite parce qu’il veut ce que Carrouges possède : sa place à la cour, ses terres, sa femme – qui semblent les substituts de ce qui lui manque et qu’il ne pourra jamais avoir : la naissance).

La 3e partie dégage une perspective qui permet de sortir de ce duel mortifère entre les deux hommes. C’est comme si Marguerite réconciliait le meilleur des deux mondes, celui de la fidélité et celui de l’éducation. Du monde de la fidélité, elle retient cette attention à l’égard de son mari, cette curiosité pour le corps et ses plaisirs, pour les stratégies du désir (quelle robe choisir, par exemple), à travers laquelle on sent qu’elle cherche un chemin pour aimer le mari qu’on lui a donné. Du monde de l’éducation, elle retient le sens politique qui lui permet de manœuvrer habilement à la cour et de rétablir son rang et celui de son mari, avec les sourires et les paroles courtoises dont Carrouges est incapable. Elle retient aussi de son savoir un sens pratique qui la rend plus efficace dans tout ce qui concerne les affaires de son domaine (alors que Carrouges semble appliquer sans réflexion les recettes traditionnelles). Les terres ne représentent plus le même enjeu, on sort des luttes de pouvoir et de prestige ; les plans sur les cartes du domaine laissent place à des scènes de vie aux champs, avec des bêtes bien vivantes, des terres à labourer, qu’il ne s’agit plus de s’approprier mais de faire fructifier. En un sens, historiquement, Marguerite représente le mouvement qui va faire sortir le monde féodal de ses luttes stériles.
D’accord avec ça. Il s'agit de varier les points de vue, non pas pour qu’on voie autre chose, mais pour qu’on voie autrement la même chose.

Le duel qui clôt le film est hyper impressionnant, et tout le final a qqch d’écrasant:

C'est marrant, tout le monde parle plus ou moins de la performance des acteurs, mais personne n'évoque celle de l'actrice (que j'ai trouvé excellente)...

Comme d'habitude excellent texte de laltique. Et oui tu as sans doute raison pour l'amour des deux hommes pour Marguerite qui cache bien d'autres choses et une jalousie évidente pour Le Gris.

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CroqAnimement votre

Elle est très bien mais son perso d'innocente la rend moins "intéressante" vu que la déconstruction porte sur les persos masculins.

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Adaptation indirecte mais réussie de Jeanne d'Arc, ou itération loupée du Berserker ? Le Dernier Duel divise à l'Heure Magique, mais on est quand même d'accord sur le fait qu'il s'agit du meilleur Ridley Scott depuis longtemps.

https://www.youtube.com/watch?v=9dC6ktUuUGg

Pour rebondir sur le texte de latique, c'est vrai que j'ai trouvé cet aspect factuel et historique du film très précieux. On a l'habitude de voir le moyen-âge traité de façon caricatural et on n'en est pas loin ici, avec son côté gris et boueux (le récit se passe sur plusieurs années mais c'est toujours l'hiver), mais ailleurs on verrait ce genre de conflit traité de façon un peu floue et fantasmée du régime féodal fonctionnant uniquement par la violence.
Ici il y a une desciption de la justice et de ses procédures qui montre justement comment l'injustice était formalisée et qui donne une vision du monde médiéval plus inconfortablement proche de nous qu'on n'en a l'habitude.

Sinon le naufrage de la critique américaine continue :

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CroqAnimement votre

Alors que si le film cartonnait, cette personne serait la première à tweeter "HOLLYWOOD TAKE A HINT - PEOPLE WANT MOVIES ABOUT FEMALE POVS"

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui excellent c'est le mot. Ses avis sont souvent pertinents et justes.

@Art Core et Gnagnagna: merci !

J'ai une question bête sur le duel final, pour ceux qui ont bonne mémoire:

Putain, le film ne passe déjà plus dans les salles correctes de Nice.

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There is no such thing in life as normal

Ca bide tant que ça? Quelqu'un a les chiffres?

120 000 entrées en 5 jours. Rien de déshonorant. C'est aux Etats-Unis que le démarrage est vraiment faible (5 millions de $ pour son premier weekend sur 3000 salles).

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CroqAnimement votre