Forum de FilmDeCulte

Elle précise au-dessous, que ce tweet "is not about the quality of the film".
J'ai lu l'article du site auquel elle participe et qu'elle a retweeté:
https://citizendamepod.com/2021/10/15/the-last-duel-trips-over-its-own-bravado/
La critique est négative mais nuancée: un des principaux reproches, c'est la violence de la scène de viol, et le fait qu'on la voit deux fois.

Ça dit quand même pas grand-chose sur le film cette critique mais bon on s'y attendait..

S'ils tombent sur l'Obsédé en plein jour d'Oshima avec cette approche il y a dez bugs voire des orages magnétiques qui risquent de se produire dans quelques esprits.

Vu le film hier. A propos du plan dont tu parles, ce que j'ai vu, plus que les pieds enchaînés de Marguerite, ce sont ses chaussures noires avec des motifs dorés. Et j'ai repensé alors à cette scène où le duc demande à LeGris de choisir ce qu'il doit chausser, et ce dernier lui répond : les chaussures dorées. Mais je voyais pas bien où tout ça menait. As-tu progressé dans ta recherche ?

Edit : je voulais dire le comte, toujours eu du mal avec les titres de noblesse.

Ah, merci elmer !


Le film t'a plu?

A la fin, au moment du duel, y'a plus de "point de vue" il me semble

Oui mais j’avoue avoir davantage apprécié le film après vous avoir lus, toi et les autres.

J’aime bien l’affiche postée par FF. Encore plus épurée, si c'est possible, que du Saul Bass ; je pense à celle-ci bien sûr :

Pas grand-chose à rajouter qui n'ait été dit, j'ai bien aimé ce film très féministe qui prend aussi le temps d'une description des liens de pouvoir au Moyen-Âge - la femme étant l'objet de convoitise ultime, devant les terres et les fonctions. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu le Moyen-Âge si généreusement détaillé - et tout le casting est excellent, j'ai adoré Jodie Comer aussi.

Ceci dit, au moment du duel final, je me suis quand même dit: "comment Scott va-t-il s'en sortir? Tout le propos du film est déjà là, a-t-on vraiment besoin d'un spectacle qui court le risque d'être obscène en regard de l'enjeu féminin?". Et j'ai du mal à trancher sur ma réponse. Il y a bel et bien un intérêt à montrer l'absurde sauvagerie de ce genre de duel (on est bien d'accord, à un moment ils tranchent un écuyer comme victime collatérale? ou c'est un cheval?). Mais j'ai aussi été mal à l'aise par rapport à ma propre attente de ce spectacle après 2H20 racontant la même histoire trois fois.

Le côté très programmatique du film finit aussi par être un peu gênant, à l'image de ce carton "La Vérité", qui soutient qu'un seul protagoniste puisse détenir l'absolue vérité, ce qui est ridicule, quand bien même dans ce cas la femme détient l'essentiel de la vérité, sur un sujet comme son propre viol. Typiquement le genre de carton qui dessert un peu sa propre cause et que les machos vont brandir comme symptôme d'une chasse aux sorcières.

Et comme QGJ j'attendais davantage de variation dans les récits, même s'il y a tout un tas de non-variations qui sont subtilement amenées justement, comme le dit FF (par exemple, oui, elle aussi a été troublée au moment du baiser à Le Gris, il se passe un truc; ce qui ne veut absolument pas dire qu'elle a désormais envie de lui; le film déconstruit admirablement tous les attributs de conquête habituels de certains hommes). Simplement, je pense qu'un tel film supportera pas forcément bien une seconde vision.

Ouais c'est vachement bien.

Passons sur la grande classe formelle (Scott ne déçoit pas souvent là-dessus), sur la reconstitution de ouf.. Gros boulot, c'est du solide.
Mais l'argument premier est son scénar qui confronte un récit post-#metoo à l'époque médiévale dans une structure à la Rashomon, et ils s'en sortent vraiment bien. Les différences entre les "vérités" ne sont pas dans les faits mais dans les... points de vue, justement, les nuances. Et c'est bien foutu.
Autre réussite du scénario: le personnage féminin, hyper réussi. La troisième partie est passionnante et déploie le coeur battant du film: le courage que cette femme a eu, et puis

Le duel final envoie de bois, sinon. Content de l'avoir vu en salle..

4,5/6

Perso il est dans mon top 5 des meilleurs Ridley Scott.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai adoré.
Pour toutes les raisons déjà avancées et quelques autres, je vais essayer de ne pas trop répéter, notamment latique dont je partage l'enthousiasme.
Un point de désaccord tout de même


Je suis déjà gros client des Scott et épées mais j'ai toujours une pointe de frustration.
J'ai un excellent et lointain souvenir des Duellistes mais pas non plus transcendant. Un peu long je crois.
J'adore Gladiator mais le trouve trop naïf.
J'aime énormément Kingdom of Heaven mais sa version longue. Seulement l'ampleur et le sujet du film ne peut éviter quelques caricatures. Quand Orlando Bloom, même s'il n'est pas mauvais, est trop frêle pour porter le film (même s'il y a une logique à le voir se faire bouffer par tous ses partenaires, le perso veut ça pendant une bonne partie du film).
J'ai de la sympathie pour son Robin des Bois même si la tentative de relier le folklore de l'encapuchonné défenseur du petit peuple saxon et la Magna Carta reste peu convaincante, c'est couillu. Voire attendrissant de la part d'un vieil anglais qui a peut-être rêvé depuis gamin à faire son Robin Hood.

Bémol: le carton sur le chapitre de Marguerite.
Dédier le film à Marguerite aurait eu nettement plus de gueule.

Dommage de voir un film aussi intelligent être aussi grossier et vulgaire. D'autant que parler de “vérité” quand tu interroges les notions de croyance et raison médiévales (géniale dissonance entre l'importance, à 1ère vue moderne, donnée à l'orgasme féminin dans la conception par exemple) dans un fait divers vieux de 700 ans, ça relève tout autant du déraisonnable de s'avancer sur la vérite de l'affaire.


Ca interroge aussi sur le point de vue.
C'est pas un témoignage reconstitué


Mais ce n'est pas non plus une illustration de la conscience des personnages.


C'est "juste" le film qui semble osciller entre les deux selon son propre confort. Un peu décevant.

Reste que c'est appréciable ses variations présentées simplement, limite naïvement parfois, en évitant l’esbroufe facile.

L'agencement des chapitres fonctionnent avec en point d'orgue, cette illumination, cette respiration quand on arrive au chapitre de Marguerite après la vie de brute de Carrouges (j'adore comment les batailles finissent par devenir fatigante, abrutissante pour le spectateur) ou de faux-semblants de Le Gris.

D'ailleurs, j'adore aussi comment le film reste basé sur des figures classiques du médiéval: le chevalier, la dame, le fourbe, le souverain. La belle-doche ! Pour mieux retourner tout ça.

Alors en y réfléchissant, la perfection de Marguerite est une certaine facilité. Mais c'est justement parce qu'en 3e partie que ça marche. Enfin, on a quelqu'un d'aimable à qui se raccrocher après 1h30 de gros relous, et où Marguerite elle-même est présentée comme une potiche à baffer.
Du coup, ça permet aussi de croire à cette symbolique pas trop finaude non plus de “la femme est l'avenir de l'homme”.
A ce titre, j'adore la transition entre

Le film est très fort dans cet équilibre.

Marrant de voir ce côté féministe de notre époque avec la facette maternelle de la femme, truc bien tradi, largement célébrée.
Et puis les femmes ne sont pas toutes des Marguerites.

Quand les bonhommes ne sont pas totalement haïssables. Sauf le seigneur, qui est le seul indéfendable mais dont on n'a pas eu la version de l'histoire. Les autres ont pu se défendre ou s'expliquer.


Le duel est plus que satisfaisant vu le poids de la promesse qu'on nous fait dès que t'achètes ton ticket quoi. Alors avec l'intro puis le sort de Marguerite, fallait bien charcler du bourrin contre un rempart.
Voir 2h sur la complexité des psychées individuels et collectives pour que ça se termine sur le truc le plus basique du monde: se foutre sur la gueule, c'est parfait.
Moi aussi j'ai tiqué sur le plan avec les pieds, j'ai aussi pensé au coup des chaussures mais j'ai pas trouvé de rapport. Mais effectivement, à revoir, ya forcément une signification sur ces gros plans.

Puis le cast est au poil. Même si Ben Affleck a deux-trois moments Kaamelott, ça va. Et sa gueule un peu trop méchant blond de comédie adolescente américaine, on s'y fait. Mais ça évite le syndrome “film médiéval à sales gueules”. Un côté glamour cinéma à l'ancienne (Jodie Cormer, n'en parlons pas, avec cette peau de pêche en toutes circonstances) face à Damon à mulet et Driver avec sa gueule médiévale parfaite.

J'ai à la fois très envie de le revoir mais un peu peur que la structure des variations, parfaitement passée la 1ère fois et suffisamment ludique sans pour autant devenir un jeu, souffre un peu.
Mais si ça passe, les autres petits défauts deviendront insignifiants.

Scott évoque une version longue.......

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Tu fais bien de rappeler cette scène sur leurs lectures. Ca m'oblige à lire des choses sur Le Roman de la Rose, dont je découvre qu'il a été au centre d'une querelle littéraire vers 1400 (à peu près l'époque de l'intrigue donc), animée notamment par Christine de Pisan - qui reproche au roman une vision dégradée de l'amour (réduit à la pulsion sexuelle) et des vers misogynes de ce genre:
"Toutes êtes, serez et fûtes
De fait ou de volonté, putes."
Tu te souviens de ce que dit Le Gris pour défendre ce roman plutôt que "Perceval"?
Le film n'invente rien, si on en croit cet article:
https://actuelmoyenage.wordpress.com/2018/09/14/tas-joui-de-limportance-de-lorgasme-feminin-au-moyen-age/

Encore plus de trucs à dire ! Non mais je ne crois pas qu'il défende le Roman de la Rose. Le livre lui sert de prétexte pour à la fois montrer son érudition et ses intentions quand Marguerite, qui a bien compris la manœuvre, choisit sciemment le roman sur le personnage le plus pur et le plus dévoué à lui opposer.

C'est en tout cas encore l'occasion pour le film de jouer sur les oppositions des personnages dans le cadre d'une époque en transition.

Un film qui dévoile son ambition au fur et à mesure, qui se joue dans certains détails, des omissions, et beaucoup de voilage de face. J'admire la retenue du film, et notamment le fait que le passage de Le Gris

Après moi j'ai toujours un problème avec les films basés essentiellement sur des personnages détestables. Aucun n'est à sauver, hormis Marguerite mais même elle en réalité est limite accessoire pendant une partie du film (ce qui est surement voulu et sert le propos). Est-ce que j'aurai envie par exemple de me refaire ce film basé pendant une bonne heure et demi sur ce Carrouges un peu pathétique et quand même un poil caricatural ?

Il aurait sans doute fallu avoir un peu plus de contrepoint, sous quelle forme je ne sais pas, mais pendant les deux premiers tiers environ j'avais du mal à être à fond. Même les personnages de femmes sont cruelles.

4/6

On pourrait quasiment écrire cet article entièrement sur la base du film seulement !