Ah tiens, j'ignorais que Pacôme Thiellement en a parlé (merci pour le lien, je vais m'achever là-dessus). J'ai appris à apprécier son personnage, sa démarche, sa pensée, très loin en apparence de mes "références" philosophiques. Il est stimulant et émouvant.
Pour le Kaufman, je répète à qui peut l'entendre, depuis sa sortie, que c'est un chef d’œuvre monstrueux. Et parfait en son genre, car je ne vois pas qu'on puisse en soustraire ni y ajouter quoi que ce soit.
C'est l’épitomé des expérimentations de Kaufman (je suis fan de son
Adaptation), qui travaillent l'ego comme une matière prismatique dans laquelle le monde entier peut se projeter et se reconnaître (à condition bien sûr d'admettre que l'existence humaine n'est rien d'autre qu'un inexorable processus de démolition, comme disait Fitzgerald). Et quoi qu'on ait pu en dire, la mise en scène est exceptionnelle de maitrise, tout est concerté, y a pas un atome de déchet. Et c'est d'une générosité folle.
A prendre ou à laisser en bloc.
Des années après, ce sentiment n'a pas changé: c'est un des plus grands films américains de ces 20 dernières années. Une sorte de monolithe solitaire qui continue à errer dans l'espace en émettant des signaux mystérieux qui nous concernent intimement.
Rien à ajouter sur ton beau texte.
Sinon, mais c'est un détail sans grande importance, que je conteste toute proximité de ce film avec l'univers ou la sensibilité de Houellebecq. Il y a dans SNY un amour profond et sans cynisme de la vie que le second n'a pas, et je pense que le thème de la "dépression" est un peu une fausse piste...