Gontrand a écrit:
Sinon rien à voir, mais George Herrimann, sans doute le fondateur de la BD d'auteur moderne et de l'humour méta vraiment drôle, était métis (mais le refoulait) .
Sa famille a quitté la Nouvelle-Orléans pour la Californie lorsqu'il était enfant (sans cela il n'aura probablement pas pu devenir un auteur reconnu).
Le refoulait ou l'ignorait, en tout cas dans sa jeunesse (une de ses grand-mères était née à La Havane hein). J'écris pour ajouter qu'en fait c'est assez lisible dans son
Krazy Kat (ce qu'il aura fait de plus passionnant, tant les
sunday pages que les
daily strips, Herriman travaille bien avant les fascicules de
comics, mais pour la presse de William Randolph Hearst): lisible dans le langage qu'il invente pour Krazy Kat - des jeux phonétiques entre l'anglais, l'espagnol et le français, et même un chouïa d'allemand. Et lisible dans le fait que le personnage de Krazy Kat, c'est son identité sexuelle qui est indéterminée : on ne saura jamais si ce chat noir est un mâle ou une femelle...
Pour Jack Kirby (né Jacob Kurtzberg) qui invente Black Panther (avec Stan Lee dans
Fantastic Four), il est du Lower East Side (Manhattan, New-York), et donc baigne dès l'enfance dans une certaine mixité ethnique, versant quartier pauvre (livreur ou auteur de
comics strips, c'était à peu près le même genre de travail sous-payé en ce temps et en ce lieu, quand il commence dans les années 30). Lui aura contribué à l'émergence de la forme
comics (ces fascicules en couleurs d'une trentaine de pages y compris les publicités), plus que tout autre limite, étant donnée la quantité de planches qu'il aura produite des années 40 (avec Joe Simon) aux années 70 (tout seul soit sans Stan Lee au scénario).
Ah oui Jack Kirby a quand même vu la seconde Guerre Mondiale d'assez près, c'est-à-dire au front comme soldat américain. Tout son travail postérieur en est largement empreint, et il aura fait des comics de guerre tout aussi fascinants, notamment
Les Losers (publié en français par Urban l'année dernière).