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MessagePosté: 03 Aoû 2010, 15:57 
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Troisième vision de ce film hautement déprimant mais si juste. On y suit le quotidien étiré de deux adultes aussi mal embouchés que des collégiens, qui passent leur temps à s'emmerder ou à se pourrir la vie, et qui se quittent mollement parce que ça ne marche pas entre eux. De fortes décisions, puis de prévisibles regrets, de puissants remords et de nouvelles fuites. Amoureusement, passionnément, mais avec ennui. Pialat y étale ses névroses, sa mauvaise humeur, ses coups de sang, son impulsivité, les met en scène au travers d'un Jean Yanne sublime, alter ego royal, et décrit superbement ces va-et-bien ridicules et inhérents à un couple mal assorti. En baignant sans complexe mais avec pudeur, dans la mauvaise foi, la bêtise quotidienne et les petits plaisirs d'être avec quelqu'un, simplement. Yanne et Jobert ne s'aiment pas, mais s'aiment, ne se supportent pas, mais pensent n'être rien sans l'autre. Pialat capte superbement ce manque d'imagination et cette possessivité maladive. Le film pourrait me faire déprimer, mais à chaque fois il m'apaise, heureux de ne pas être à leur place, mais ayant connu des relations similaires. L'intransigeance m'a sauvé, ce qui manque affreusement à ces personnages qui dérivent vers un néant mou. Des comédiens somptueux, des situations rares au cinéma, des répliques formidables terriblement réalistes, issues de la vie plutôt que de l'imagination. Film magnifique. Pialat était vraiment unique.

6/6

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MessagePosté: 03 Aoû 2010, 16:24 
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Ah, ça tombe bien, je devrais justement regarder Nous ne vieillirons pas ensemble très prochainement ...
Je vois mal comment je ne pourrais pas aimer (déjà, avec un titre aussi beau !!)


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MessagePosté: 03 Aoû 2010, 17:20 
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Z a écrit:
Nous ne vieillirons pas ensemble (1972)

Troisième vision de ce film hautement déprimant mais si juste. On y suit le quotidien étiré de deux adultes aussi mal embouchés que des collégiens, qui passent leur temps à s'emmerder ou à se pourrir la vie, et qui se quittent mollement parce que ça ne marche pas entre eux. De fortes décisions, puis de prévisibles regrets, de puissants remords et de nouvelles fuites. Amoureusement, passionnément, mais avec ennui. Pialat y étale ses névroses, sa mauvaise humeur, ses coups de sang, son impulsivité, les met en scène au travers d'un Jean Yanne sublime, alter ego royal, et décrit superbement ces va-et-bien ridicules et inhérents à un couple mal assorti. En baignant sans complexe mais avec pudeur, dans la mauvaise foi, la bêtise quotidienne et les petits plaisirs d'être avec quelqu'un, simplement. Yanne et Jobert ne s'aiment pas, mais s'aiment, ne se supportent pas, mais pensent n'être rien sans l'autre. Pialat capte superbement ce manque d'imagination et cette possessivité maladive. Le film pourrait me faire déprimer, mais à chaque fois il m'apaise, heureux de ne pas être à leur place, mais ayant connu des relations similaires. L'intransigeance m'a sauvé, ce qui manque affreusement à ces personnages qui dérivent vers un néant mou. Des comédiens somptueux, des situations rares au cinéma, des répliques formidables terriblement réalistes, issues de la vie plutôt que de l'imagination. Film magnifique. Pialat était vraiment unique.

6/6

Rhah, j'aimerais beaucoup voir celui-là. Mon père m'en a toujours beaucoup parlé.
Et puis ce serait l'occasion d'enfin voir un film de Pialat.

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MessagePosté: 03 Aoû 2010, 17:56 
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Arnotte a écrit:
Rhah, j'aimerais beaucoup voir celui-là. Mon père m'en a toujours beaucoup parlé.
Et puis ce serait l'occasion d'enfin voir un film de Pialat.


En plus, pour commencer, il est pas mal celui-là.

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MessagePosté: 02 Jan 2011, 17:06 
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J'ai eu le coffret Pialat volume 1 à Noël.
Alors j'ai commencé cet après midi par Nous ne vieillirons pas ensemble:

C'est un film que je voulais voir depuis longtemps parce que j'avais envie de découvrir Pialat et que je trouve Marlène Jobert super jolie dans ses premiers films..

Et donc j'ai beaucoup aimé, sans non plus avoir l'impression de m'être (ou d'avoir voulu) senti pleinement concerné par ces personnages un peu tristes, tellement le film est dur et violent. Malgré tout c'est une histoire très sensible, Jean Yanne est formidable et Jobert a toujours autant de charme. L'écriture est très belle aussi, le film est sans arrêt sur la corde entre tendresse et cruauté et Pialat s'en sort formidablement bien;et puis il y'a des mouvements très bien sentis également: j'ai le souvenir d'une séquence où Jobert annonce à Jean Yanne qu'elle préfére prendre le métro plutôt qu'il la raccompagne en voiture. Là-dessus on a un plan de transition, un travelling sur un métro qui passe dans le ciel, la caméra descend lentement et arrive finalement sur le couple qui marche ensemble. Et il y'a beaucoup de petites choses comme ça dans le film.

Bref, 5/6 et j'ai hâte de découvrir la suite.


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MessagePosté: 14 Fév 2018, 08:54 
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Robot in Disguise
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Ah, rattraper un petit Pialat, c'est toujours un succès...

J'ai halluciné devant la narration quasiment-concept du tronc central: une suite de téléportations de décor en décor, au mépris de toute continuité émotionnelle (du style "Je veux plus jamais te voir", cut: ils font du bateau ensemble), une sorte de Scènes de la vie extra-conjugale fascinant de sécheresse, enlevant tout le gras pour ne plus laisser que l'essentiel. C'est fort.

Marlène Jobert est un peu dans les codes de jeu de l'époque, par contre Jean Yanne est hallucinant. C'est pas compliqué: il fait rien. Et il est génial.

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MessagePosté: 14 Fév 2018, 10:09 
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Je veux le voir!

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MessagePosté: 14 Fév 2018, 10:37 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
J'ai halluciné devant la narration quasiment-concept du tronc central: une suite de téléportations de décor en décor, au mépris de toute continuité émotionnelle (du style "Je veux plus jamais te voir", cut: ils font du bateau ensemble), une sorte de Scènes de la vie extra-conjugale fascinant de sécheresse, enlevant tout le gras pour ne plus laisser que l'essentiel. C'est fort.


C'est ce qui est le plus typique du cinéaste à mes yeux. On rapproche tout film comportant un trio amoureux de Pialat, mais c'est surtout la construction (qu'on retrouve dans Loulou, Police, A nos amours, Le Garçu...) qui est si marquante et originale.


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MessagePosté: 14 Fév 2018, 10:45 
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Y'a une bonne explication à ça aussi : Pialat détestait les scènes de transition. Dès qu'il fallait filmer un truc un peu fonctionnel il se faisait chier et quittait le plateau. Seul les moments forts l'intéressaient. Du coup tous ses films sont comme ça.

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MessagePosté: 14 Fév 2018, 11:41 
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Pas trop compris l'intérêt du film quand je l'ai vu l'an dernier. C'est d'une banalité à faire pleurer et le schéma dispute-humiliation-réconciliation finit par lasser. Du coup, on a l'impression de n'avoir que des scènes de transition.


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MessagePosté: 14 Fév 2018, 12:25 
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Schtroumpf sodomite
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MessagePosté: 21 Sep 2020, 11:24 
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Adoré et confirmation que Pialat c'était vraiment unique, du presque rien qui fait du grand cinéma. Ici cette relation amoureuse vouée à l'échec avec en effet cette succession de scènes sans transition entre on se sépare, on est de nouveau ensemble qui pourrait donner un côté répétitif et vain mais qui en fait dessine peu à peu les contours de ses personnages d'une tristesse sans fond. J'ai surtout aimé la description de ce personnage masculin aussi détestable que touchant. Détestable parce que l'archétype du mec violent imbu de lui-même, jaloux, menteur et surtout lâche mais touchant parce que l'on comprend rapidement que c'est un homme profondément triste, sans doute dépressif, qui ne parvient pas à exister par lui-même, qui semble sincèrement amoureux et qui agit parfois comme un enfant qui cherche sa maman. Inintéressé par son propre travail de cinéaste (j'adore comme ce n'est quasiment jamais abordé) et toutes les ellipses du film semblent nous dire que les seuls moments de bonheur du personnage sont ceux que l'on voit à l'écran. Un bonheur qu'il est incapable de vivre pleinement toujours handicapé par cette violence rentrée, cette méchanceté de surface qui s'exprime parce qu'il ne sait pas comment être autrement. Jean Yanne est absolument parfait, tu sens qu'il joue même pas, qu'il est juste lui-même, espèce d'icône du français de cette époque.
Marlène Jobert est magnifique aussi, dans ce rôle de fille fragile qui a peur d'être seule et qui ne cesse de revenir auprès de cet homme dont elle sait qu'il ne pourra pas lui offrir de futur.

C'est vraiment fort et dur, ça te laisse avec une tristesse assez dingue, comme la confirmation que tout bonheur est fondamentalement impossible. Et puis j'ai trouvé le film très beau, beaucoup de plans simples, fixes, mais superbement éclairés et composés. Une qualité presque picturale sans que ce soit du tout ostentatoire. J'adore toutes les scènes en bagnole (encore un symbole très fort de l'époque).

Faut vraiment que je voie La gueule ouverte et Passe ton bac d'abord.

5+/6

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MessagePosté: 21 Sep 2020, 11:32 
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Ce qu'en dit Isabelle Huppert dans le doc en ce moment sur Arte est très juste.

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MessagePosté: 21 Sep 2020, 12:04 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Je vais le regarder.

D'ailleurs en parlant de Huppert, le film est très proche de Loulou. Même histoire d'amour troublée, même perso de mec fainéant et lâche.

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MessagePosté: 21 Sep 2020, 12:36 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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Ah oui oui, c'est tout autant autobiographique. Comme Le Garçu, ou Rocheteau remplace Guy Marchand.

EDIT : et la fin a inspiré celle des Nuits fauves.

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