Forum de FilmDeCulte

Le premier film de genre de Pialat fait le pont avec un autre tout aussi réaliste et réussi, le fameux L627 de Bertrand Tavernier. Entre les deux, le vide, provoqué sans doute par la vision réaliste d’un cinéaste qui enterre définitivement le policier à la française tel que l’on popularisé un temps les Belmondo et Delon. Chez Pialat, le policier vit, souffre, doute, aime… ou n’aime plus. Ou cherche à aimer. Mais reste bloqué dans un commissariat ressemblant trait pour trait à un abri anti-atomique, dans lequel il n’y a pas la moindre ouverture sur le monde, dans lequel les couloirs sont les viscères d’un corps qui digère lentement ses composants. Aucun lien avec l’extérieur, Mangin (Depardieu, touchant de naturel) est soit dedans, soit dehors et ne peut jamais opérer la moindre jonction entre sa vie privée et sa vie professionnelle, à cause d’un lieu qui le vampirise littéralement. Oui, mais il y a Noria, jeune femme belle et libérée, qui n’en peut plus du milieu de la pègre tunisienne et cherche à s’en échapper. L’aime t-elle réellement ? On ne le saura jamais vraiment mais elle est peut être cette unique chance que cet homme, brisé par le destin, usé par le boulot, démoralisé par les planques et la violence qu’il fait subir aux autres, recherche depuis la mort de sa femme. Un film incroyable qui brosse un portrait terriblement attachant de ce flic en distillant subtilement une véritable émotion.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Polar noir très bien mené, sans temps mort. Pialat dirige à merveille ses comédiens quand même, même Sophie Marceau m'a agréablement étonné.

5/6

Sophie Marceau dans le rôle de Nouria, littéralement en blackface... ou en "greyface". Twitter péterait un câble aujourd'hui.

Mais sinon le film est très fort. J'avais cru comprendre que c'était un Pialat mineur mais j'ai trouvé ça très bien. J'ai préféré la première partie en mode "chronique d'un commissariat" que la deuxième avec son enquête où j'avoue avoir plus d'une fois décroché, mais dans l'ensemble Depardieu est superbe, Marceau aussi, c'est plein de moments inattendus, saisissants, beaux... La première scène est extraordinaire. Pialat fait vraiment partie des rares cinéastes français dont j'aurais aimé tous les films que j'ai vus.

Et sinon, ce moment sublime et méta où Depardieu s'arrête devant le magazine qui met en couverture (feu) François Truffaut...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Considéré comme un Pialat mineur? Je l'ai vu plusieurs fois dans des tops 10 de tous les temps de critiques éminents.

Il n'y a pas de Pialat mineur.

Pialat a quand même fait des films beaucoup plus forts.

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N'écoutez pas Film Freak

En parlant de Pialat, savez-vous d'où vient son amertume et sa colère ? J'ai l'impression d'un mec qui en avait gros sur la patate, mais... pourquoi ?

Sensation d'exclusion par rapport à la Nouvelle Vague ? Ou juste caractère de cochon ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mais t'es Pialat, mais t'étais où ? Pialat!

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Ca c'est sa version.



Ca c'est la vraie raison.

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N'écoutez pas Film Freak

Je crois qu'avant d'être cinéaste il voulait être peintre, dans une veine marquée par le fauvisme et l'impressionisme qui était en décalage avec le courant abstrait et considérée comme passéiste . Cela explique peut-être en partie l'usage rhétorique de sa colère contre le public et la critique? Le cinéma est peut-être une manière de préserver un réalisme figuratif plus "fondamental" après une première déception artistique.

C'est un mec qui trimballe un lourd passif, un pervers manipulateur (avec les femmes notamment) partagé entre l'assurance d'être un génie et un complexe incroyable (de pauvre, de provincial, de cinéaste arrivé trop tard...). Sa biographie est passionnante.

D'après Google sa peinture n'a pas l'air folichonnement intéressante ; plus proche de ce qu'on vend au pied de Montmartre que de Giorgio Morandi, tout en évoquant un énorme cafard célinien.

J'aime beaucoup certains de ses films, Van Gogh et La maison dans le bois en particulier mais son cinéma se heurte ailleurs aux limites d'un certain réalisme.
Nous ne vieillirons pas ensemble, vu récemment, a assez peu d'intérêt.
Les reproches que Manchette fait à Pialat me paraissent assez justes. Cinéma du quotidien sordide et qui n'arrive pas s'extirper de ce sordide ou de la banalité.

C'est quand même une vision terre à terre bien limitée (et fausse en plus). J'aime bien Manchette, mais c'était franchement un critique médiocre.

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N'écoutez pas Film Freak

Et quand en plus tu n'apprécies pas particulièrement le romancier, je te dis pas ce que tu penses de ses critiques.....