Perso j'ai toujours connu et employé ce mot, "déceptif", dans des discussions cinéphiles.
Pour la plupart des gens qui le lisent et l'emploient, ça a un sens très spécifique de l'ordre d'une convention que tout le monde comprend et que personne ne songe à blâmer.
Ce sens spécifique, lorsque je parle d'un "film déceptif", est absolument non péjoratif et sert au contraire à louer une qualité particulière du film. Pour le dire simplement, j'ai l'habitude d'appeler "déceptif" un film qui ne va pas où le spectateur attendait qu'il aille, qui déjoue cette attente, qui sort d'un sillon qu'on croyait tracé (par la tournure narrative, l'appartenance à un genre. Exemple: un film policier, d'apparence, avec enquête etc, mais à l'arrivée rien n'est résolu), volontairement ou involontairement, mais cette sortie de route produit une émotion positive, de l'ordre d'une révélation plus subtile que ce qui était attendu, de l'ordre de l'ambiguïté, du paradoxe... Dans ce sens, il y a bien une déception, mais c'est une déception qui féconde quelque chose. C'est de l'ordre de l'événement, de ce qui échappe, excède, sort de la maitrise. On parle aussi, dans le même ordre d'idée, de "films malades", dans un sens positif, ou admiratif, pour évoquer ces films dont le "ratage" même fait partie de leur qualité subtile, impondérable. Dans cette notion de "film malade", la dimension de l'involontaire est il est vrai plus présente que dans celle de "film déceptif", mais la frontière reste pour moi mal définie, et ce n'est pas un mal.
J'ai donc pas de problème avec ce terme. Pour moi il signifie le contraire de ce qui est prévisible (dire d'un film qu'il est "prévisible" et "déceptif" est dès lors ressenti par moi comme une contradiction - involontaire, et là faudrait en effet écrire "décevant"), mais la langue n'est pas de la géométrie pure.
Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 03 Jan 2018, 22:00, édité 3 fois.
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