Forum de FilmDeCulte

Isabelle, la cinquantaine, artiste peintre parisienne, est un peu perdue dans sa vie, pas très bien dans son milieu de galleristes chics, mais en même temps rassurée par lui. Elle accumule les liaisons avec des hommes un peu foireux, en espérant trouver quelqu'un de fiable.

En trois syllabes : SYM-PA-THI-QUE.
Étonnement j'ai apprécié l'humour doux-amer. Cela fait penser aux films de Catherine Corsini d'il y a 20 ans, mais en un peu plus grinçant. Cela rappelle les BD de Reiser ou encore Grosse Fatigue de Michel Blanc au féminin. J'ignorais que Christine Angot pouvait être assez drôle (on a reproché au film de montrer le sempiternel marigot de bourgeois et cadres culturels parisiens, mais le film n'est pas tout à fait dupe de l'égocentrisme de ce milieu) . Juliette Binoche est bien (elle atténue le côté unidimensionnel de son personnage) . Les autres acteurs sont un peu en roue libre (numéro à la Jean Yanne de Xavier Beauvois) sans que cela soit désagréable. Certains dialogues sur les faux fuyants des hommes, tombant dans la goujaterie en essayant d'apitoyer les femmes (ou le lien entre préjugés de classe et jugement sur la sexualité des femmes, plus déconsiderées que les hommes si elles sortent de leur milieu pour leur vie amoureuse ) , ont personnellement fait mouche, d'autant plus que le film a l'élégance de ne pas remuer le couteau dans la plaie et de trouver la pirouette comique ou l'ellipse qui allège la situation. Maintenant, il ne faut pas se voiler la face, c'est léger, agréable mais mineur voire téléfilmesque pour la troisième chaîne comparé à J'ai pas Sommeil (à l'image de la musiquette d'ascenseur composée par Stuart Staples, embarrassante quand on se souvient des Tindersticks dans Nenette et Boni) , mais je crois que Claire Denis est au courant de n'avoir pas réalisé "Scènes de la Vie Conjugale" ou même "de la Vie des Marionnettes" (d'ailleurs un téléfilm).

Le dernier Solveig Anspach (partant d'un personnage féminin assez proche) était par exemple plus écrit, plus intriguant dans sa mise en scène, et baroque dans son humour slapstick. Là c'est plus un cadre pour des acteurs qui font leur numéro de chargeurs.
Enfin bon, vu les rires féminins et les hommes qui partaient, le film a un certain mérite documentaire.

Lol enfoiré.

C'est du rené girard 2.0.
Je lirai l'avis demain.

Je rejoins totalement l'avis de Gontrand sinon. j'ai mis quelques minutes à rentrer dedans mais à partir de la première scène avec Philippe Katerine j'ai totalement adhéré au ton du film qui effectivement plonge son personnage à chaque fois dans des situations embarrassantes mais parvient toujours à l'y en sortir avec un humour qui fonctionne à 100% chez moi.

Film assez simple et "conscient" de sa simplicité c'est vrai, c'est un assemblement de scènes qui s'imbriquent néanmoins de façon suffisamment harmonieuse, toujours quelque part entre mélancolie et humour, avec un équilibre assez subtil.

Un beau 5/6

Je connais quasi pas Claire Denis, va falloir que je m'y mette !

Trouble Every Day et Beau Travail en priorité.

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There is no such thing in life as normal

Déjà vu Trouble Every Day et j'avais pas aimé par contre. ( du coup je note de pas regarder Beau Travail, merci !)

C'est son plus beau film Beau Travail.
Sinon tu peux essayer Vendredi Soir très limpide, ou 35 Rhums, son "Ozu"

Beau Travail c'est vachement bien !

"J'ai pas Sommeil" reussit le mieux à atteindre un bon équilibre entre récit (chronique social-sociologique à la française) et quelque chose de plus abstrait et erotisé qui revient souvent comme un motif dans le cinéma de Denis. C'est aussi un film important, en amorce du cinéma français de la periode 1995-2005. D'une part la figure du serial killer introduite comme un corps étranger dans le cinéma post Nouvelle Vague, le noie, mais aussi le conserve (on retrouvera cela chez Grandrieux ou Hélène Angel), de l'autre une continuation dans une vague de femmes realisatrices (Mauzuy, Veysset, Angel, Ferreira Barbosa, Ferran, Masson) dont Claire Denis est à la fois l'inauguratrice et pratiquement la seule rescapée.

Dans "un Beau Soleil Intérieur", ce sui m'a le plus touché, c'est que Binoche reprend au fond sur un mode réaliste et mineur (mais accessible) le beau personnage (alors beaucoup plus troublant) de "Copie conforme" de Kiarostami.

35 rhums c'est bien, White material c'est raté et Vendredi soir c'est chiant.

C'est une cinéaste qui m'a toujours paru plus réputée à l'étranger, dans le circuit confidentiel festival-films d'auteur, qu'en France, comme nous mettons sur un piédestal des auteurs obscurs en leur propre pays. Jamais été tenté de voir ces films à cause de ça, entre autres raison.
Les autres raisons, c'est que ça a l'air d'être l'incarnation d'un cinéma porno-chic qui me laisse de glace.

Porno-chic je ne sais pas, en tout cas cinéma sur un microcosme pour ce même microcosme c'est une évidence. Que cela puisse toucher des personnes qui n'en font pas partis me laisse interrogatif, en tout cas ça ne marche clairement pas sur moi. En plus je trouve sa réalisation très stéréotypée et relativement peu inspirée. Heureusement qu'il y a les courts passages de Katerine et de Podalydés pour alléger le tout, à l'inverse Beauvois et Duvauchelle sont d'une lourdeur... Premier film de Claire Denis que je vois, pas sûr d'avoir envie de pousser plus loin.

Moi c'est le premier film d'elle que je n'ai pas envie de voir, avec cette horrible BA et ces dialogues... je ne sais pas si c'est à cause d'Angot.
Le film que j'aime le moins d'elle jusqu'ici est White Material, donc j'aurai tendance à me méfier de ses collaborations littéraires

Je n'ai pas tout vu et ne suis pas ultra-fan, mais vous trouve injustes, les situations de ses films sont bien plus variées que dans la moyenne du cinéma français. Peu de points communs entre le Paris des petits hôtels et retraitées "J'ai pas Sommeil", le Marseille de "Nénette et Boni" et Djibouti pour "Beau Travail", si ce n'est le regard. A la limite c'est vrai, ce film qui sort maintenant est dans un monde plus balisé et souvent vu.
Quant à qualifier son cinéma de "porno chic" c'est risible.

Je recommande particulièrement L'intrus, très beau film envoûtant et opaque (son chef d’œuvre pour moi), d'après un récit de greffe du cœur du philosophe Jean-Luc Nancy, mais transposé jusqu'à être méconnaissable. Récit qui avait déjà inspiré La blessure de Nicolas Klotz.