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MessagePosté: 26 Aoû 2017, 22:13 
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Sur le fond, le film ne pourrait guère être plus honnête, il évite les chausse-trappes, s'accroche à son sujet, n'a pas peur de parler de cul et parvient par moments à être exaltant ou émouvant.
Sur la forme, j'ai de vrais reproches à lui faire. L'impression de longueur vient surtout de la répétition de séquences identiques (AG, action/manif, dialogue intime, danse, cul - et on recommence). Ca veut sans doute décrire une spirale, mais ça se mord surtout la queue, et on peine parfois à cerner le vrai message du film. Ensuite, je ne trouve pas tous les acteurs bons, certaines tirades sonnent même affreusement faux.
4/6


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MessagePosté: 02 Sep 2017, 14:56 
Au début le film m'a rappelé "les Témoins" de Techiné, avec les mêmes ambiguïtés (très scenarisé, diluant l'urgence du sujet dans une mélancolie pour l'époque, choral tout en etant bizarrement désincarné mais néanmoins parfois attachant), mais j'ai été retenu par le passage où il delaisse la reconstitution et le dispositif des AG qui introduisent pédagogiquement le flash-back sur l'action, et filme la mort de Sean, devenant alors subitement très dur. Il touche alors à l'âpreté du cinéma de Pialat, mais sans la misanthropie qui y est rattachée : le volontarisme égalitaire, mais tendu d'Act Up équilibre alors, au delà de la prise de position politique explicite, cette dureté brute de la mort et de la maladie, et devient finalement un travail de deuil autant qu'une lutte. Beaux personnages de Nathan (à la fois amant fondamental et témoin car seroneg, entré de manière un peu vampirique dans Act Up pour faire le deuil des siens) et de la mère. Les moments où elle râle sur le clic-clac ou signale pour la nécrologie que l'on peut rappeler son personnage de folle ayant un message politique, mais aussi utiliser le simple mot "courage", sont très forts, il se passe un truc qui renvoie au cinéma d'Akerman des années 70, à la fois intimiste, sexuel, ludique et monstrueusement irréel. Un film dont je vais me souvenir.
J'apprécie aussi la manière avec laquelle le film rejette le manichéisme, par rapport aux labos et à l'agence de lutte contre le sida, sans pourtant se défausser politiquement. Il évite ainsi le sensationnalisme et l'impression de récupération idéologique que l'on retrouve par exemple dans "la Meilleure Part des Hommes" de Tristan Garcia.
Les acteurs m'ont tous semblés bons, ils ne déméritent pas par rapport à Blanc ou Béart dans le Techiné.
Plutôt surpris en bien, et d'accord avec Film Freak : beaucoup mieux qu'Entre les Murs, à la fois plus écrit et moins directif tout en étant sincère.

5/6


Dernière édition par Gontrand le 04 Sep 2017, 11:57, édité 4 fois.

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MessagePosté: 02 Sep 2017, 15:44 
Cela fait beaucoup penser à un livre que Roger Martin du Gard a écrit il y a 100 ans, sur l'affaire Deyfus : "Jean Barois" . Le film cite 1848 mais il y a sans doute beaucoup plus de points communs entre Act Up et les dreyfusards (quand on lit le livre de Joseph Reinach on a la même impression de bordel politique réunissant des gens très différents, mais qui parviennent, la plupart du temps, à canaliser leurs différents et différences) . Le groupe est radical mais a finalement vocation à travailler avec l'etat et à se dissoudre. Le film est assez intéressant à cet égard , en montrant, au delà de la mythologie, que les actions étaient aussi des prises de contact pour des discussions ultérieures plus discrètes et policées dans tel ou tel ministère ou CA, non pas à cause d'un complot, mais, au contraire, d'une impuissance (ou incompétence) de l'état (et qu'à l'inverse la couverture des actions par des photographes ne garantissait pas des articles). La scène où ils abandonnent la mère de l'adolescent hémophile qui veut conserver une stratégie de lutte et de réparation morale lors du procès du sang contaminé est d'ailleurs très honnête sur les ambiguïtés de ce positionnement (mais il est vrai qu'elle-même est moins focalisée sur les problèmes de campagne de prévention et ne perçoit pas l'intérêt stratégique d'un compromis).


Dernière édition par Gontrand le 02 Sep 2017, 17:01, édité 2 fois.

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MessagePosté: 02 Sep 2017, 16:19 
Art Core a écrit:


l'amant qui vient de perdre son amoureux (en l'euthanasiant qui plus est) qui demande à un pote de baiser le soir même... J'ai eu cette pensée horrible pendant le film que ça redorerait pas le blason des gays chez les homophobes.




Bah non, quand bien même ce serait vrai il n'est pas un porte-parole moral. Et surtout, il ne fait pas cela pour lui, je crois, mais surtout pour tenter d'effacer le rejet sentimental et politique de Thibault (qui apres tout est aussi malade) par Sean. Ce n'est justement pas du tout son pote.


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MessagePosté: 03 Sep 2017, 10:15 
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J'ai trouvé cela uniquement "pas mal" et j'en suis le premier désolé.

J'ignore si j'en attendais trop ou autre chose, mais je suis resté sur ma faim, je n'ai jamais été emporté et je n'aîpas appris grand chose.

Restent quelques séquences réussies et un excellent casting.

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MessagePosté: 03 Sep 2017, 10:38 
Oui, je comprends. Si je devais émettre des réserves c'est :

- refuser la théorie cinématographique (au profit d'une dimension memorielle) à l'intérieur du film tout en filmant quand même la théorie comme un élément de récit (la scène ou Baudrillard et Anatrella sont cités aurait pu être plus développée, car finalement ils s'inscrivent dans un courant, qui on l'a vu avec la Manif pour tous, a récupéré la méthode Act Up pour en étouffer l'héritage, Act Up que Labbey n'a pas réussi à saborder alors qu'il voyait sans doute ce risque poindre)

-il ne mentionne pas les noms réels, tout en donnant des clés (Sean est de toute évidence Cleews Vellay) ce qui donne une dimension "BD reportage" un peu lisse au film et gomme certains aspects polémiques (le nom du labo est bidon, le personnage d'Haenel fait penser à Emmanuelle Cosse sans que l'on soit sûr que cela soit elle). Le seul politicien cité par son nom et attaqué est Mitterrand (alors, qu'à l'époque c'était surtout Fabius et Dufoix) . C'est un peu gênant, car je crois qu'une des causes du clash entre Pascal Billiard, Lestrade, et Labbey au milieu, était l'entrisme façon "Touche pas à mon pote" de gens du PS actuellement connus. Rien n'est dit non plus sur l'origine du mouvement (et l'affrontement entre une ligne personnellement proche de Debord et une autre plus médiatique et festive), hormis un court pitch au tout début face caméra, par un personnage qui d'ailleurs disparaît ensuite-
tout en disant qu'il reste là pour répondre à nos questions (c'est le refoulé de ces conflits qui en identifie les acteurs, ou plutôt l'inverse : l'instance qui identifie les correspondances entre la fiction est le réel est présente dès le début, mais vite oubliée).


Dernière édition par Gontrand le 04 Sep 2017, 11:56, édité 10 fois.

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MessagePosté: 03 Sep 2017, 10:54 
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Moi je ne connaissais pas du tout l'histoire de la lutte contre le Sida et j'ai aimé en premier chef pour ce qu'il y a d'informatif dans le film sans être une illustration de page Wikipedia. Le pathos surgit parfois mais pour être assez vite maîtrisé, comme si le réal' nous disait: "vous voyez comme il est facile de vous tirer des larmes si je veux? Eh bah non!" On peut trouver ça un brin puéril mais je trouve que cela colle bien au sujet. J'ai par exemple adoré le moment où le protagoniste fait une longue tirade sur le sida qui lui a paradoxalement fait vivre la vie plus intensément, avant que cela soit tourné en dérision dans les secondes suivantes. Difficile d'interpréter: c'est une belle manière de souligner que les poses romantiques qui auraient le malheur de glamouriser le Sida sont stupides et dangereuses, car non le Sida ça rend pas meilleur, c'est juste une déchéance à combattre; et en même temps, on peut se dire qu'il se moque de sa propre tirade par pudeur, n'osant pas endosser cette vision romantique qui travaille forcément quelqu'un atteint d'une maladie incurable. Cette dialectique est à l'oeuvre dans tout le film. C'est ça qui est le plus réussi.


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MessagePosté: 03 Sep 2017, 12:07 
Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une dialectique (avec une notion d'être à la fois dementi et confirmé) , mais plutôt d'une citation mi-figue mi-raisin des 'Nuits, Fauves' ou de 'N'oublie pas que tu vas mourir', mais déjà atténuée. D'une part il n'y a pas tout à fait de distance car l'idée revient "incarnée" dans le plan de la Seine en rouge à la fin. D'autre part elle n' est pas tout à fait un manifeste morbido-hédoniste non plus (le mec ne cherche pas à glorifier la maladie, où a défendre un comportement moral, mais plutôt des raisons de se lever, la seule chose qu'elle voile est la souffrance physique ).


Dernière édition par Gontrand le 04 Sep 2017, 11:54, édité 2 fois.

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MessagePosté: 03 Sep 2017, 15:30 
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Je viens de lire la "table ronde" des participants au film dans So Film, je la trouve plus intéressante que le film lui-même.

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MessagePosté: 03 Sep 2017, 15:49 
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Billy Budd a écrit:
Je viens de lire la "table ronde" des participants au film dans So Film, je la trouve plus intéressante que le film lui-même.
Ça me fait ça pour tous les films sauf les Spielberg.

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MessagePosté: 09 Sep 2017, 18:22 
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Je rejoins le clan de ceux qui trouve le film trop long. J'ai profité de la diffusion d'Eastern Boys sur Arte pour voir les deux films de Campillo en moins de 24h, et je crois que je préfère assez nettement son précédent. Dans celui-ci j'ai l'impression qu'il est le cul entre deux chaises, d'un côté vouloir être le plus exhaustif possible sur ce que fut Act Up (d'où la nécessité apparente de décrire par le détail le fonctionnement des AG, les rapports avec l'état et les laboratoires pharmaceutiques, le sang contaminé, la prévention dans les lycées, la capote géante sur l'obélisque, rien n'est oublié), de l'autre ne surtout pas faire un documentaire puisqu'au delà d'Act Up ce qui intéresse le plus Campillo c'est bien le personnage de Nathan (je me demande d'ailleurs à quel point ça n'est pas Campillo lui-même). Je comprends que l'aspect reconstitution historique puisse en satisfaire quelques uns, mais personnellement (et je ne suis apparemment pas le seul) à la énième AG j'ai commencé à bailler aux corneilles, et les rivalités au sein de l'association (pour des raisons qui me semblent survolées dans le film et par ailleurs peu intéressantes au regard du sujet véritable) m'ont laissées absolument indifférent. Le film aurait gagné à rogner assez généreusement tout cet aspect reconstitution.

Il y a tout du même du bon (voir du très bon) dans 120 battements par minutes, c'est tout ce qui touche à la relation Nathan/Sean. Et elle n'est pas sans rappeler celle de Daniel et Marek dans Eastern Boys. Dommage qu'ici Campillo n'est pas chercher à l'approfondir plus.
Nathan, dans une longue séquence face caméra, parle de la relation avec un homme dont il était amoureux et qui mourra du sida. Marek pose lui la question à Daniel de savoir si l'un de ses précédents amants, dont la photo traine dans la chambre, est mort. Réponse négative et rieuse, mais doute assez marqué quant à la véracité de cette négation. Nathan et Daniel semble en effet avoir en commun un besoin d'expier leur faute passée (Nathan qui a laissé son amant mourir à l’hôpital sans jamais aller le voir, pour Daniel ça ne sera jamais explicité mais on peut imaginer que ce soit du même ordre). Nathan le fera en restant au côté de Sean jusqu'à sa mort, Daniel en exfiltrant Marek de sa bande de petites frappes. La fin des deux films se rejoint également. Une fois leur faute expiée, Daniel et Nathan peuvent enfin reprendre leur vie là où il l'avait laissé. Daniel en adoptant Marek rompt tout lien charnel possible, Nathan couche avec Thibault pour clore l'épisode Sean. Sean et Marek, deux personnages qui n'avaient finalement pour rôle que de permettre à Nathan et Daniel de corriger leur erreur passée

Gontrand a écrit:
Beaux personnages de Nathan (à la fois amant fondamental et témoin car seroneg, entré de manière un peu vampirique dans Act Up pour faire le deuil des siens) et de la mère.
D'accord avec ça, la scène finale est vraiment très belle, en particulier grâce à ce personnage de la mère de Sean, tout en humilité et retenue, c'est elle qui m'a vraiment faire ressentir la douleur de cet instant alors qu'elle est la moins effusive.

4/6


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MessagePosté: 15 Sep 2017, 20:23 
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Lohmann a écrit:
Je rejoins le clan de ceux qui trouve le film trop long. J'ai profité de la diffusion d'Eastern Boys sur Arte pour voir les deux films de Campillo en moins de 24h, et je crois que je préfère assez nettement son précédent.
C'est marrant, c'est dans Eastern boys que je trouve des longueurs. Et j'adore le film.


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MessagePosté: 28 Sep 2017, 20:09 
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Pfoula faut je me rattrappe un peu dans les avis là.. (Vite fait hein)

Le scénario, marquant, promettait un film important et je n'ai pas été déçu. J'admire profondément Robin Campillo d'avoir mené à bien ce beau projet, entouré d'acteurs engagés corps et âme. On sent, dans toutes les scènes de RH, une très belle dynamique de groupe. À la fois document (par sa reconstitution historique) et drame intimiste, Campillo est arrivé à trouver l'équilibre, évitant le pénible pour l'un et le larmoyant pour l'autre. Je trouve le film admirable de bout en bout, et j'approuve massivement les choix de scénario, de mise en scène. Et si j'ai pleuré devant le film, ce n'est pas au moment où je l'aurais cru.
A mes yeux l'un des grands films de cette année. 5/6

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MessagePosté: 29 Sep 2017, 13:30 
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Les RH ? Ressources humaines ? Plutôt AG non ?

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MessagePosté: 29 Sep 2017, 14:21 
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