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MessagePosté: 24 Mai 2017, 14:55 
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Robot in Disguise
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Mini-fresque en mode cinéma vérité sur un groupe de militants d'Act Up. Robin Campillo est en pur mode Laurent Cantet (dont il a monté et coécrit certains films) dans les super scènes de captation d'AG, le débat, les gens qui se coupent la parole. On sent qu'il a connu ce dont il parle et il prend un grand plaisir à faire revivre cette époque si proche et si lointaine à la fois.

Adèle Haenel n'est en rien le personnage principal, c'est juste la caution bankable au milieu d'un cast choral où se distinguent les géniaux Arnaud Valois et Nahuel Pérez Biscayart. Ils sont parfaitement castés et incarnent à merveille aux côtés des autres acteurs ces militants tiraillés entre rage contestatrice et exubérance fofolle.

Le hic, c'est que le film, du haut de ses 2h20, est trop long (et comme par hasard c'est co-monté par le réal). Il y a un moment vers le milieu où tu décroches car la structure est informe et tu ne sait plus à quoi te raccrocher narrativement tant on bascule dans la chronique. Mais ça reste quand même un beau film, avec quelques scènes très fortes.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 25 Mai 2017, 08:13 
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Je déteste Lestade, j'ai une chance d'aimer ?

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MessagePosté: 25 Mai 2017, 08:57 
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Robot in Disguise
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Billy Budd a écrit:
Je déteste Lestade, j'ai une chance d'aimer ?

Didier Lestrade ? Euh bah, si tu détestes la tribune qu'il a écrit sur le film, oui, peut-être...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 25 Mai 2017, 10:47 
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Antichrist
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c'est le personnage le plus ambigu du film


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MessagePosté: 03 Juil 2017, 20:21 
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Totalement d'accord avec QGJ. C'est typiquement le film où je vois en permanence les intentions qui sont bonnes et totalement pertinentes sur le sujet mais où au final il me manque quelque chose pour être vraiment transcendé.

Ce qui surprend sans doute le plus c'est ce déni dramatique, ce déni de fiction presque où l'on suit les agissements d'Act Up en se focalisant sur un noyau dur sans jamais sortir du cadre de l'association et de son travail
sauf l'histoire d'amour qui en découle directement.
Tout s'incarne dans cette discussion où Nathan demande à Sean ce qu'il fait dans la vie et qu'il répond "moi je suis séropo, c'est ça que je fais". On n'aura rien d'autre parce que Campillo ne veut rien romancer et rester au plus proche de son sujet (et en effet on pense à Entre les murs). Ainsi quand
Sean dépérit longuement, on ne s'attache pas tellement à un personnage de fiction singulier, on s'attache à un jeune mec qui meurt injustement du Sida comme il y en a tant eu.
Toutes les discussions tournent autour du Sida, quand deux jeunes hommes parlent après l'amour ils se racontent comment ils ont été contaminés et rien d'autre. On ne saura jamais qui ils sont, ce qu'ils aiment, ce à quoi ils aspirent. C'est assez prégnant aussi avec ce personnage improbable de la mère de Sean
qui apparaît à la fin comme sortie d'un autre film. Cette mère qui dit "mince" quand on lui annonce que son fils est mort.
Tout sera circonscrit à Act Up et à la maladie sans que l'on puisse s'attacher à quelque chose de plus tangible. C'est une belle idée car cela nous confronte à ce qu'a été réellement le sida, cette maladie qui a fauché une jeunesse sans visage dont on parlait finalement très peu. La manière de filmer la maladie d'ailleurs est très forte, dans sa quotidienneté la plus brute, dans ce qu'elle a de plus insidieuse, sans complaisance. En nous mettant dans la position des malades qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.

Il s'agit ici de montrer la sève de la jeunesse et sa force tellurique dans sa manière de s'engager et de militer sans arrière pensée. On ne les voit faire que ça, qu'ils débatent ou qu'ils prennent parts plus directement à des actions. On les verra bien danser à quelques reprises (scènes tellement clichées quand même, je les attendais, je les ai eu) mais finalement c'est très marginal.

Après du fait de cette construction en chronique sans colonne vertébrale (à part une histoire d'amour arrivant tardivement), j'ai vraiment senti les 2h20 passer, je me suis limite emmerdé à certains moments. Pour le coup cette durée excessive me semble une véritable erreur car elle fait vraiment retomber cette espèce d'énergie du désespoir qui voudrait animer le film et le traverser. Je déteste ce genre d'assertions mais j'ai pour le coup vraiment le sentiment que le film aurait pu être réduits à 1h45 sans qu'il en soit défiguré. J'avais parfois l'impression d'être devant une (mini) série maladroitement condensée en un film. On peut d'ailleurs se demander si le format télé n'aura pas été un meilleur écrin pour ce récit. Et d'un point de vue plus personnel j'ai été finalement assez peu ému (alors que j'ai la larme facile), je suis resté un peu extérieur à tout ça (à cause aussi de personnages aux réactions bizarres qui déstabilisent et cassent un peu le délire
l'amant qui vient de perdre son amoureux (en l'euthanasiant qui plus est) qui demande à un pote de baiser le soir même... J'ai eu cette pensée horrible pendant le film que ça redorerait pas le blason des gays chez les homophobes.


Film évidemment utile, forcément fort et émouvant (les deux acteurs principaux sont excellents) mais j'en suis sorti un peu déçu et je peux pas m'empêcher de penser que le buzz cannois est démesuré. Plutôt content qu'il ait pas gagné la palme en fait. Je trouve que le film échoue un peu dans sa tentative de transmettre une émotion à fleur de peau. On est loin d'un Kechiche (dans un genre différent certes).

4/6

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MessagePosté: 24 Aoû 2017, 21:23 
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Karloff a écrit:
c'est le personnage le plus ambigu du film


C'est quel personnage? Thibault?


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MessagePosté: 24 Aoû 2017, 22:35 
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MessagePosté: 24 Aoû 2017, 22:38 
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Antichrist
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Art Core a écrit:
Film évidemment utile, forcément fort et émouvant (les deux acteurs principaux sont excellents) mais j'en suis sorti un peu déçu et je peux pas m'empêcher de penser que le buzz cannois est démesuré. Plutôt content qu'il ait pas gagné la palme en fait. Je trouve que le film échoue un peu dans sa tentative de transmettre une émotion à fleur de peau. On est loin d'un Kechiche (dans un genre différent certes).


Curieusement, depuis Cannes, c'est justement un film auquel je repense suivant. Bien sûr le thème joue, mais j'aime bien le refus du pathos, ce mince, justement, c'est énergie non surjouée des acteurs. C'est vraiment un film de scénariste pour moi, quand le Kechiche est un film de réal... (la phrase bien creuse, j'espère que tu comprends ce que je veux dire). Les scènes d'Agora sont un modèle du genre : elles sont passionnantes, tu comprends les enjeux, les courants...


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MessagePosté: 24 Aoû 2017, 22:39 
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Antichrist
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Sinon pour revenir à Cannes, il était curieux ce Festival non ? J'ai l'impression de ne plus me souvenir du palmarès du tout, que les films que j'avais moyennement aimés je les aime de plus en plus, que ceux que j'ai aimé, je m'en souviens à peine.


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MessagePosté: 24 Aoû 2017, 23:13 
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Et ben je m'attendais pas à trouver ça aussi bon.

Je craignais le film en mode Entre les murs justement, trop dans la captation pour dépasser le statut de "documentaire mis en scène", et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il y avait dans le film plus de cinéma qu'on ne me l'avait laissé craindre. Dès le premier plan, avec ces gens flous en amorce dans l'obscurité derrière des rideaux. Attendent-ils d'être appelés sur scène? Non. Non ils vont agir. Et direct, t'es avec eux. Et tu vas être avec eux tout le long.

Il y a certains artifices inutiles pour dynamiser le récit par moments (je pense surtout à ces inutiles allers/retours entre la première action et la première AG, comme si l'intérêt se jouait dans un procès verbal rashomonien) et je trouve la mise en scène un peu grossière dans sa dichotomie "réalisme de la caméra (parfois mal) portée/ralentis élégiaques sur des fleurs qu'on arrose" mais les effets de style les plus outranciers parviennent à fonctionner (la mise au point sur cette figure récurrente de la poussière qui flotte) et, le reste du temps, le parti-pris vériste de se concentrer sur l'action, même quand il s'agit de débattre dans son propre camp, de n'avoir peur ni d'être bavard ni de montrer l'intimité crument, que ce soit dans la sexualité ou dans la maladie, en osant l'absence de structure et en se permettant peu à peu des digressions par le biais d'une romance naissante au sein de l'action, aboutit à la création d'une chronique du militantisme et de l'humain en son coeur franchement poignante.

Même les scènes en boîte, récurrentes tout du long, dont je ne comprenais pas le choix de les filmer comme s'ils n'avaient pas eu de décor et qu'ils avaient fait ça chez Campillon, sans profondeur de champ, dans l'obscurité, trouvent leur sens à l'issue du métrage comme une métaphore de leur lutte, celle de gens enfermés qui ne cessent de se bouger.

Tous les acteurs sont excellents, avec évidemment en tête le couple central. Y a cette séquence où Campillo se contente presque de filmer Valois raconter son histoire en gros plan et c'est incroyable de naturel et de charisme.

Pour ma part, je n'ai pas senti les 2h20 passer et j'ai été ému aux larmes par le film que j'ai trouvé vénère et surtout, à chaque instant et en dépit de la tragédie, vivant.

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MessagePosté: 25 Aoû 2017, 09:21 
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Pareil, je n’ai pas vu le temps passer même si paradoxalement, j’ai l’impression que le film pourrait durer 20 minutes de moins sans être très différent.

Comme déjà dit les scènes de réunions sont les meilleures tellement elles transpirent de vie, mettant en avant l’énergie créatrice et les drames personnels, sans masquer les oppositions internes (« les montagnards »).
L’évolution vers une histoire plus intime (le couple) permet de resserrer l’émotion sur l’humain (avec de magnifiques scènes post ou pré sex), tout en continuant à parler de la maladie, moteur des militants, car elle contraindra leurs choix jusqu’après la mort. Je n’ai pas vérifié mais j’en comprends, sans que le film ne se fasse surexplicatif à ce moment-là, qu’une veillée mortuaire n’est pas autorisée et que l’incinération est obligatoire. D’ailleurs le film évite de devenir un résumé historique détaillant chaque faits de la lutte, l’évolution de la réglementation ou la position de l’Etat (l’affaire du sang contaminé est là par exemple, mais heureusement sans rentrer dans les détails techniques).

Mais ce que le film gagne en intimité, il le perd en « diversité », au détriment de certaines émotions. La mère de Sean est effectivement assez ratée, alors qu’il y avait quelque chose à faire avec Hélène (la mère du jeune hémophile), perso magnifique, que l’on a envie de plus voir, sans forcément embrasser complètement le film choral, ce qui aurait pu aboutir à une meilleure scène de rencontre à la fin, alors qu’en l’état ça tombe un peu à plat… Bon en même temps le choix est cohérent de s'en tenir aux persos uniquement dans leur engagement au sein d'Act Up, mais j'avoue qu'un peu plus de développement (tout en restant sur ce part pris) sur 2-3 persos aurait été pour me plaire.

Bref je craignais un peu le film bourré de notes d’intention mais il réussit de par son énergie (tous les acteurs sont excellents) à porter le discours et l’émotion.


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MessagePosté: 25 Aoû 2017, 09:29 
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Art Core a écrit:
je peux pas m'empêcher de penser que le buzz cannois est démesuré.


Finalement, on n'a pas beaucoup de films français qui traitent de lutte pour les droits civiques (terme un peu fourre-tout, et pas forcément applicable à la France mais bon) ?


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MessagePosté: 25 Aoû 2017, 09:35 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Film Freak a écrit:
vivant.

C'est le mot qui revient le plus souvent j'ai l'impression.
Merci pour ton avis, je m'y retrouve totalement.

J'avais écrit mon avais quelque part, je ne le retrouve plus.. :(

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 25 Aoû 2017, 09:46 
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Jerónimo a écrit:
Finalement, on n'a pas beaucoup de films français qui traitent de lutte pour les droits civiques (terme un peu fourre-tout, et pas forcément applicable à la France mais bon) ?


Non certes mais le sujet n'est pas un passe-droit pour l'admiration béate.
Ceci dit, j'ai réécrit sur le film et je me rends compte que les griefs que j'avais contre lui sont assez superficiels face à ses qualités. Du coup il vieillit bien.

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MessagePosté: 25 Aoû 2017, 10:05 
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Art Core a écrit:
Non certes mais le sujet n'est pas un passe-droit pour l'admiration béate.
Ceci dit, j'ai réécrit sur le film et je me rends compte que les griefs que j'avais contre lui sont assez superficiels face à ses qualités. Du coup il vieillit bien.


Tout à fait, c'était pour dire que l'absence (ou la rareté) de films similaires joue forcément pour celui-ci. Et comme il est plutôt réussi (au delà des goûts et des couleurs de chacun)...


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