Niko Fischer, 27 ans, étude de droit sans-diplômes n'a jamais quitté Berlin, plaque sa copine, perd sa carte bleue, revient vers son deux pièces, discute avec un voisin bizarre, retouve une camarade (en fait souffre-douleur de lycée ex-obèse devenue longiligne danseuse "à là" Pina Bausch), s'avise qu'il devient trop prolo pour les Starbucks de son quartier alors que son père est un riche industriel parti de rien. Pendant cela, l'indifférence anonyme de la ville est un paysage rassurant, difficile mais accessible comme l'avenir. Comment tout cela va-t-il finir? Coolement, comme un air jazzyClone ou redite d'Oslo 31 août, un soupçon plus ironique et moins décliniste, une musique de jazz pếnible et un clône de Red House Painters pas beaucoup plus intéressant en générique de fin, un noir et blanc de pub Calvin Klein avec un personnage central encore plus imbuvable que le Trier mais sans suicide, et où la confrontation avec "le passé qui ne passe pas" ("mon père est un gros con, mais lui n'aurait pas fait la nuit de Cristal, je peux donc bien accepter son argent et sa morale") remplace la drogue. Il y a une ou deux séquences qui marchent (le film dans le film complètement con sur la WWII entre la Liste de Schindler et Dallas avec liaison entre SS à scrupule et épicière juive miraculée au physique sublime, avec ce commentaire bien trouvé "qui a pu inventer cela? j'espère que c'est une histoire vraie", ou le spectacle de danse contemporaine dont se distancie la principale danseuse "moi-même je ne comprends et défends pas tout le spectacle, pas besoin de le défendre pour me rassurer"), mais cela reste superficiel et nombrilistes (cette manière insupportable qu'ont les personnages des films "générationnels" de considérer que l'histoire et la culture commencent avec leur passage à l'âge adulte) et la narration repose sur des mises en abîme perpétuelles (Berlin est un trou dans l'histoire, le nazisme un trou dans l'Allemagne, la misère sociale un trou dans la politique, la bourgeoisie un trou dans la culture, le mariage un trou dans l'amour, le métro un trou dans la voirie, le café un trou dans le matin, mais le film est du côté du matin) qui donnent en fait raison à la passivité du personnage qui essaye de ressemble à Tim Roth dans "the Hit" (le blouson) que l'on fait mine de brusquer alors que tout le film est là pour lui permettre d'étaler son minois chiffonné à la Romain Duris 2.0.
Un truc déplaisant: les personnages n'évoluent pas, échangent peu, ils sont tous des repoussoirs pour la cooltiude nonchamante de l'ado attardé qui sert de personnage central qui trouve sa voix en s'éloignant de tout le monde. Ils sont tous bouffés et rendus égoïstes par leur passé qu'ils n'ont pas surmonté et le solliloquent, du coup le passé se confond complètement avec l'inévitable distance et vide entre les êtres , même l'irréductiblité entre les êtres devient une sorte de patrimoine muséographique qu'on visite comme une exposition, en déambulant. Dans un sens c'est réaliste, avec un côté t'as le choix entre Houellebecq et Sloterdijk, deux désabusés pour le prix d'un. Et puis astuce d'écriture facile: les dialogues sont en fait le monologue off du personnage principal (leur seul contenu est une sorte de jugement et de quant-à-soi explicite: " tu dois penser que je suis une grosse conne derrière de faux airs sympas", "tiens t'as vu comme je me la pête je parle comme de Niro dans Taxi Driver au quotidien", c'est comme si on rencontrait un forumiste sursconscient de lui-même et qu'il vous laissait payer le café zzzzzzzzzzzzz)