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MessagePosté: 28 Avr 2014, 08:43 
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Rien que pour l'avis de Baptiste y aller, et puis j'avais beaucoup aimé La dernière Piste.


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MessagePosté: 28 Avr 2014, 22:07 
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Art Core a écrit:
Là j'ai rien retrouvé de tout ça. Pour être très trivial je trouve le film chiant et froid comme la mort. Je comprends absolument pas son projet. Elle traite d'un sujet, elle ne le choisit pas par hasard (l'écologie et plus particulièrement l'activisme écologique) et pourtant elle est incapable d'en dire quoi que ce soit. On sent qu'elle n'a pas su choisir entre un propos politique voire militant (qui aurait parfaitement pu s'exprimer dans sa mise en scène) et une étude de caractère.


Le film, par son montage précis et particulièrement important (mais dans la subtilité, comme tout ce qu'entreprend le film), ses dialogues minimalistes, la sobriété volontaire du jeu des acteurs, son rythme engourdissant mais régulier, vise l'épure. En listant ces points, et même si chacun de ces derniers se manifestent de manière assez différente chez les deux cinéastes, on pourrait d'ailleurs faire un parallèle avec Bresson. C'est en tout cas un projet de cinéma radical, et je conçois que ça puisse en laisser sur le carreau. Il ne s'agit pas de choisir entre cinéma militant - quelle horreur - et étude de caractère. Le sujet du film, c'est la tentative de jeunes absolutistes d'imprimer leur idéal dans la réalité via l'action concrète. Reichardt filme la transformation de l'énergie née des idées, en mouvement destructeur. Et ce sujet-là, il est pleinement et admirablement traité. Tout un idéal frustré tente de se libérer au cours de la lente montée en tension de la première partie. Reichardt, loin de faire la morale à ses personnages, montre alors ce qui en eux est admirable, cette préparation méthodique au service de cet idéal qui en leur for intérieur appelle pourtant une libération urgente, tant il est bafoué au quotidien. Puis la deuxième partie arrive, faisant exploser en vol cet idéal par le choc de la culpabilité, et toute la dépression et les pulsions de mort qui s'ensuivent. Un véritable cauchemar, littéralement: un rêve inversé, filmé comme tel (je pense par exemple à ces images d'autoroute, tantôt sombres, tantôt pâles comme la mort).

Citation:
Car c'est là aussi que le film échoue dans le description de ses personnages et en particulier de son personnage principal. En choisissant de le rendre le plus inexpressif possible (le non jeu de Jesse Eisenberg m'a beaucoup dérangé, je réalise que c'est un acteur que je n'aime absolument pas à part dans The Social Network où finalement ce qui me dérange chez lui fait le sel du perso de Zuckerberg) elle le condamne à n'être qu'une marionnette. Elle décide de ne pas lui octroyer de personnalité, de singularité. Du coup son parcours (en plus d'être prévisible) ne me touche pas, je ne le comprends pas. Les quelques miettes lancées ça et là
solitude du mec, jalousie parce que la fille a couché avec l'autre mec dans la caravane, frustration sexuelle
paraissent artificielles.


Ces reproches, on les a souvent faits à des films qui prennent le parti de ne pas faire l'exégèse de la psychologie de leurs personnages; je pense par exemple à Barry Lyndon. Oui, le filet des sentiments dans Night moves est fin, mais il est bien là, solide car tissé de manière rigoureuse à travers le film, sans chichis, sans fioritures. C'est typiquement le genre de film qui, (notamment) pour cette raison, loin de s'épuiser avec le temps, travaille en profondeur l'imaginaire du spectateur et lui donne envie d'y revenir. Parce qu'il est ambigu, ne prend pas la main du spectateur, le laisse réfléchir et ressentir.

Citation:
J'ai l'impression qu'il y a deux films en un. Un premier film avec un sujet traité sur le mode procédurier et concret (comment organiser aujourd'hui une action militante), pas inintéressant mais relativement banal.


Que tu n'aies pas été happé par l'atmosphère du film, je le conçois, il y a une difficulté comparable à du Antonioni (avec aussi, en récompense, cette sensation merveilleuse et gratifiante d'apesanteur une fois rentré dedans), mais qualifier le film de banal alors qu'il déroule au kilomètre des merveilles esthétiques (le cadrage, le montage, la photo, pardi, ça saute aux yeux!), je trouve ça franchement étonnant.


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MessagePosté: 28 Avr 2014, 22:33 
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spoilers

Tu ne trouves pas que le personnage de Sarsgaard passe souvent pour un gros connard dés le début, qui ne prépare au fond que dalle et manipule un peu les deux autres (très antiapthique pour moi)? Puis rien que la façon dont les deux gars planqué dans leur voiture ensuite usent du "courage" du perso de Fanning pour aller négocier les sacs d'engrais me font dire que tout le temps dés le départ Reichardt est très ambiguë sur le regard qu'elle porte sur l'action militante, et qu'elle se plait à montrer que "chacun a ses raisons"... Quand le perso d'Eisenberg surprend les deux autres à baiser depuis l'extérieur de la caravane et part s'isoler, on sent aussi un vague malaise.

Je trouve qu'elle montre clairement que chacun à des problèmes d'ego très différents dans la volonté de mener cet acte, que le triangle à l'écran est un zest glauque et se manipule un peu, et ça a pèsé sur la beauté plastique même des images de la remontée du lac pour moi par exemple, à pouvoir y ressentir un quelconque "idéal". Je ne vois pas de l'admirable là dedans dans leur geste (sans qu'il y ait pour autant un côtré trop enthomologiste non plus : effectivement c'est subtil). Ce n'est pas forcément un défaut, c'est aussi toujours présent depuis Old Joy chez Reichardt, l'environnement est tout à la fois doux et glaçant, il y a énormément de hors champs et les êtres humains y sont réduits à pas grand chose sans être des cloportes... Mais je comprends plus Art Core limite quand il trouve ça un peu froid dans le fond (même si pour moi c'est déjà comme ça depuis assez longtemps chez la réal... mais ses deux derniers sont plus ouvertement formalistes).


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MessagePosté: 29 Avr 2014, 08:29 
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SPOILERS

Mais je trouve que ce côté admirable se recoupe avec ce que tu décris, qui est très juste. Ma séparation était schématique mais effectivement, la première partie a déjà quelque chose de malsain, ce jeu de manipulation et cette ambiguité quant à leur motivation... il y a par exemple ce moment où le perso d'Eisenberg demande à aller aux toilettes chez le vendeur du bateau, c'est clairement filmé comme une intrusion perverse du gaucho qui hait le bourgeois. Mais c'est le personnage qui est mopntré comme ça, la caméra elle ne demande pas au spectateur de souscrire, seulement d'observer. Le ver est déjà dans l'oeuf dans la première partie, il n'empêche que Reichardt ne tourne jamais en dérision leur volonté de changer le monde (cf ces discussions critiques après la projection du film écolo alors qu'on aurait pu s'attendre à un enthousiasme béat; cf les réactions des gens de la ferme à l'attentat; là on a des gens qui réfléchissent et qui sont humains).

Quant à la froideur, on est dans un thriller et elle est donc un ingrédient de la construction de la tension; on parle quand même de jeunes qui ne se font pas forcément super confiance et qui tentent un attentat d'une grande gravité, on comprendra bien qu'ils ne jouent pas à La Bonne paye le soir venu. Moi ça me va, car je vois que c'est une froideur de circonstance, nullement de principe, et que la caméra ne juge pas.


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MessagePosté: 29 Avr 2014, 11:35 
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Baptiste a écrit:
Le film, par son montage précis et particulièrement important (mais dans la subtilité, comme tout ce qu'entreprend le film), ses dialogues minimalistes, la sobriété volontaire du jeu des acteurs, son rythme engourdissant mais régulier, vise l'épure. En listant ces points, et même si chacun de ces derniers se manifestent de manière assez différente chez les deux cinéastes, on pourrait d'ailleurs faire un parallèle avec Bresson. C'est en tout cas un projet de cinéma radical, et je conçois que ça puisse en laisser sur le carreau. Il ne s'agit pas de choisir entre cinéma militant - quelle horreur - et étude de caractère. Le sujet du film, c'est la tentative de jeunes absolutistes d'imprimer leur idéal dans la réalité via l'action concrète. Reichardt filme la transformation de l'énergie née des idées, en mouvement destructeur. Et ce sujet-là, il est pleinement et admirablement traité. Tout un idéal frustré tente de se libérer au cours de la lente montée en tension de la première partie. Reichardt, loin de faire la morale à ses personnages, montre alors ce qui en eux est admirable, cette préparation méthodique au service de cet idéal qui en leur for intérieur appelle pourtant une libération urgente, tant il est bafoué au quotidien. Puis la deuxième partie arrive, faisant exploser en vol cet idéal par le choc de la culpabilité, et toute la dépression et les pulsions de mort qui s'ensuivent. Un véritable cauchemar, littéralement: un rêve inversé, filmé comme tel (je pense par exemple à ces images d'autoroute, tantôt sombres, tantôt pâles comme la mort).


Oui je suis assez d'accord pour le parallèle avec Bresson. Mais là où chez Bresson cette épure, cette obsession du geste produit du cinéma là je ne m'y suis pas retrouvé.
Après il y a effectivement une grandeur évidente dans la mise en scène, dans sa maîtrise parfaite où chaque plan est à sa place où il n'y a rien qui dépasse. Là dessus je suis d'accord. C'est ultra maîtrisé. Mais c'est aussi ce qui donne au film cette froideur, ce sentiment de verrouillage où tout est sous contrôle. En réalité je m'attendais à une construction "à la mexicaine" où souvent ce verrouillage de la mise en scène dissimule une fin ultra violente et explosive. Je m'attendais à ce que le personnage d'Eisenberg explose son mal être à l'écran. Mais finalement il n'en est rien (il y a explosion dans les actes mais pas dans les gestes ou dans la mise en scène). Parce que contrairement à ce que tu dis je pense qu'il y a malgré tout une volonté de décrire un personnage, d'écrire une forme de douleur. Plus je pense au film plus je réalise qu'avant tout c'est un film sur la solitude. Josh est désespérément seul. Dans sa ferme biologique, entouré d'amis qui partage une même vision de la vie il est seul. Allongé sur son lit dans sa hutte, il est seul. Quand il vient prendre son petit déjeuner dans l'espace commun, il est seul. Quand il travaille il est seul. Dans cette espèce de fête à la fin, il est seul. Même quand un personnage vient lui parler il reste seul, renfermé et comme déjà dans un espace malsain et menaçant. Et c'est cette solitude sourde qui semble finalement sous-tendre le personnage. Il y a sans doute une cassure au moment où il entend les deux autres personnages faire l'amour. Lui qui est incapable du moindre contact (la première fois qu'il prend le bras de Dakota Fanning, il lui fait déjà mal).

Bref contrairement à toi je pense qu'il y a une vraie tentative de raconter des personnages, à travers très peu certes. Plus je pense au film et plus j'en parle ici et plus j'arrive à voir le projet de la cinéaste mais malgré tout j'ai le sentiment qu'elle est restée dans une construction purement théorique, qu'elle n'a pas réussi à aller au delà de son projet purement esthétique. C'est là qu'il y a une froideur. Encore une fois il suffit de regarder l'expressivité de Michelle Williams dans Wendy & Lucy ou Meek's Cutoff pour voir la différence.

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 29 Avr 2014, 13:39, édité 1 fois.

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MessagePosté: 29 Avr 2014, 13:35 
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Je n'ai pas dit qu'elle ne tentait pas de raconter des personnages, j'ai simplement dit que sa manière de le faire n'incluait pas une extériorisation de leurs états d'âme, c'est différent.

Par ailleurs, j'aime bien ce que tu dis sur la solitude. Le choix de Jesse Eisenberg n'est de toute façon pas anodin après The Social Network.


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MessagePosté: 07 Mai 2014, 00:32 
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J'ai bien aimé, sans avoir vu la vierge. Ça peut vieillir très bien.

Je rejoins grosso-modo le constat de Chow. Ça se présente comme un sobre poème en prose, simple et vénéneux, distillant une subtile ambiance de désenchantement, travaillant uniquement en surface (les bases du scénar étant elles particulièrement attendues, voire caricaturales : toute forme de propos qu'on pourrait déduire du film semble bien plat, l'enjeu n'est visiblement pas là). C'est un joli projet, mais ça m'a paru effectivement trop "prudent", c'est vraiment le bon mot. Ça ne m'émeut pas des masses, en somme, et j'ai souvent l'impression que Reichardt se contente de son joli équilibre.

Bon, pas grand chose à en dire. J'ai trouvé Eisenberg excellent, et il part pourtant avec un perso à la con.


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MessagePosté: 30 Oct 2014, 16:44 
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Avec toutes ces histoires de barrage et de victime collatérale, c'est le moment de voir ou revoir le film! :D


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MessagePosté: 30 Oct 2014, 17:57 
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MessagePosté: 27 Nov 2014, 23:50 
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C'est vu, et j'ai trouvé ça globalement raté, principalement parce que le projet de Reichardt, filmer la décomposition, la déraillement de l'idéal vers la pure médiocrité (l'écolo qui finit au milieu des mannequins du Vieux Campeur, c'est pas très fin, je trouve), échoue dans les grandes lignes : en effet, et c'est clair dès les premières images, ses personnages sont déjà morts. Il n'y a pas de vie chez ces écolos qui manipulent leurs légumes comme s'ils bossaient à la chaîne, qui débitent leur discours sur le monde avec une absence totale d'amour de leur sujet, comme s'ils n'étaient qu'une projection purement intellectualisée de ce qu'ils représentent. De fait, pour moi, le final, prévisible, est la seule façon pour Reichardt de faire exister ses ombres, en tentant de les humaniser par la violence et les larmes.

C'est dommage, parce que plastiquement, le film est somptueux. Mais cette sinistrose et ce désamour de la vie qui enrobent le tout transforment la descente aux enfers que l'on nous montre en un spectacle nihiliste sans aucune aspérité.

2/6

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MessagePosté: 27 Nov 2014, 23:59 
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Je trouve que tu parles très bien du film, la différence étant que j'ai vécu ce que tu désignes comme des qualités ! Je crois pas vraiment que le film ait pour projet de filmer une descente aux enfers, d'installer un idéal pour ensuite le nier : je l'ai vraiment vécu comme un film de limbes, du début à la fin, une sorte de surplace total, où la seule évolution possible est de ce fait le pourrissement progressif (la décomposition dont tu parles), où cette façon d'être au monde est d'emblée atone, finie, spectrale. Le militantisme extrémiste semble être un labyrinthe où ces personnages se sont déjà perdus, comme une branche morte de l'idéal premier (les milieux écolos autrement plus vivants où on les voit évoluer). Ce qui par bien des points rapproche ce film de Buongiorno, Notte d'ailleurs...

Le film a extrêmement bien vieilli en tête.


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MessagePosté: 28 Nov 2014, 00:10 
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Sir Flashball
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Tom a écrit:
Je crois pas vraiment que le film ait pour projet de filmer une descente aux enfers, d'installer un idéal pour ensuite le nier


Je ne pense pas non plus que l'idée de Reichardt soit de nier quoi que ce soit, non : à la fin du film, il n'y a même plus d'idéal, il a disparu. Mais on part de tellement bas, de personnages qui croient tellement peu à leur projet et à leurs idéaux (c'est du théâtre, comme le dit bien un autre personnage), que cette disparition me semble un non-événement total, alors qu'il est clair que pour Reichardt, avec sa fin Au Vieux Campeur, elle est suffisamment importante pour oser en faire une représentation symbolique.

Tom a écrit:
je l'ai vraiment vécu comme un film de limbes, du début à la fin, une sorte de surplace total, où la seule évolution possible est de ce fait le pourrissement progressif (la décomposition dont tu parles), où cette façon d'être au monde est d'emblée atone, finie, spectrale.


Oui, c'est tout à fait ça.

Tom a écrit:
Ce qui par bien des points rapproche ce film de Buongiorno, Notte d'ailleurs...


Excellent parallèle ! Mais je trouve que l'appartement, les murs du film de Bellocchio se prêtent beaucoup mieux à ce sentiment que la nature luxuriante de Night Moves.

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MessagePosté: 28 Nov 2014, 00:22 
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C'est aussi que Bellocchio en fait une sorte de grand spectacle des illusions et de métamorphoses, son film poétise et chante à pleins poumons cette agonie idéologique. J'ai vraiment l'image d'un film de magicien, coloré, étrange, de maison hantée, qui ecxite les fantasmes noirs et l’imaginaire inquiet. Reichardt opère elle d'abord par soustraction, et sa prudence constante (comme d'autres l'ont dit plus haut) a quelque chose de plus ingrat, forcément. Dans les meilleurs moments ça fait un film à la manière d'un poison sobre, parfois c'est juste terne.

Castorp a écrit:
Je ne pense pas non plus que l'idée de Reichardt soit de nier quoi que ce soit, non : à la fin du film, il n'y a même plus d'idéal, il a disparu. Mais on part de tellement bas, de personnages qui croient tellement peu à leur projet et à leurs idéaux (c'est du théâtre, comme le dit bien un autre personnage), que cette disparition me semble un non-événement total, alors qu'il est clair que pour Reichardt, avec sa fin Au Vieux Campeur, elle est suffisamment importante pour oser en faire une représentation symbolique.

Je crois qu'il n'y a juste pas de trajet, ce n'est que la peinture, l'exploration, d'un égarement dont on épluche petit à petit chacune des strates, chacune des facettes morbides. Comme un chant funèbre constamment égal, qui fait répondre la peau littéralement pourrissante de la jeune fille à la zombification des humains présents dès le prologue. Qu'on parte bas ne me semble du coup pas être un accident ou un problème, au contraire, puisqu'il n'y a pas d'évènement modificateur, contrairement à ce que pourraient faire croire les péripéties : le vieux campeur est moins une destination symbolique, il me semble, qu'une révélation du no man's land dans lequel le personnage a erré tout le film (comme on le dirait de la révélation d'un tirage photographique qui aurait pris tout son temps).

Bon, un peu peur de réécrire le film, mais c'est en tout cas pas ça qui m'y avait gêné.


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MessagePosté: 28 Nov 2014, 00:28 
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Sir Flashball
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Tom a écrit:
Je crois qu'il n'y a juste pas de trajet, ce n'est que la peinture, l'exploration, d'un égarement dont on épluche petit à petit chacune des strates, chacune des facettes morbides. Comme un chant funèbre constamment égal, qui fait répondre la peau littéralement pourrissante de la jeune fille à la zombification des humains présents des le prologue. Qu'on parte bas ne me semble du coup pas être un accident ou un problème, au contraire, puisqu'il n'y a pas d'évènement modificateur, contrairement à ce que pourraient faire croire les péripéties. Le vieux campeur est moins une destination symbolique, il me semble, qu'une révélation du no man's land dans lequel le personnage a erré tout le film (comme on le dirait de la révélation d'un tirage photographique qui aurait pris tout son temps).


Je vois ce que tu veux dire, mais j'ai un peu du mal à faire correspondre ça avec la scène du meurtre, qui est justement à l'opposé de cette idée de chant funèbre : on est dans le sursaut vital, dans la survie. Cette violence soudaine, est-ce qu'elle est vraiment compatible avec la mollesse (volontaire) dans laquelle baigne tout le film ?

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