Homo disparitus d'Alan Weisman(The World Wihtout Us)
Le principe du livre est simple : on prend le monde tel qu'il est actuellement, on retire les humains, et on regarde ce qui arrive.
Sur cette idée géniale, le livre est d'abord un peu décevant, dans le sens où la description de l'après-humain, mois après mois (quels animaux envahissent les villes, quels bâtiments s'écroulent en premier...), ne semble pas être ce qui l'intéresse en priorité : Weisman en profite en fait surtout pour remonter dans le passé le plus souvent possible, étudiant l'emprunte que l'Homme a eu comme espèce sur les écosystèmes. Ce détour devient vite passionnant, puisqu'on en apprend énormément dans des domaines très différents, jusqu'à des choses assez énormes (l'histoire du pigeon voyageur, je vous laisse découvrir). Le livre fait surtout un portrait d'un monde qui sans le savoir est vraiment sur le point de se casser la gueule, en équilibre ultra-précaire, sans jamais verser dans un ton urgentiste écologique. Passionnant.
De l'inégalité parmi les sociétés de Jared Diamond(Guns, Germs, and Steel)
Pourquoi est-ce les européens qui ont traversé l'Atlantique et envahi les indiens, et pas le contraire ? Pourquoi les Africains n'ont pas conquis l'Europe pour faire du commerce d'esclaves ? Pourquoi tout c'est passé dans le sens qu'on connaît (une domination de l'Eurasie) , et pas dans l'autre ?
La question proposée par Diamond est dérangeante, car il y a comme un fond de racisme qui traîne qu'elle met au grand jour : tout le monde a l'air de trouver ça normal et naturel, que la domination ait eu lieu dans ce sens. Il propose donc une explication fondée sur le milieu (les caractéristiques géographiques des lieux où chaque peuple s'est développé).
En fait, selon son système, le ver est dans le fruit dès le départ : les civilisation disposant de quoi lancer l'Agriculture avant les autres sont les gagnants d'emblée (la démonstration qui fait découler de l'Agriculture tout ce qui suit - la société, la technique - est pour le coup très convaincante). Après, c'est plus complexe que ça, et même si l'absence TOTALE d'Histoire (de causes historiques à ces inégalités : tout semble prédéterminé) est gênante, la plupart des théories avancées par Diamond sont hyper séduisantes, de plus nourries par un amas de recherches considérable.
Après, c'est un peu le souci : le livre ressemble plus à un travail universitaire qu'à un bouquin. On a généralement compris l'idée après deux pages d'un chapitre, et la preuve par le détail (on serait prêt à le croire, Diamond, quand il va décomposer son explication sur 20 pages) comme les rappels incessants de ce qui a déjà été dit précédemment sont usants à la lecture.
L'intérêt réside du coup surtout dans les derniers chapitres, qui appliquent les théories à des cas précis, avec notamment un long chapitre génial sur l'Histoire de l'Afrique depuis sa préhistoire - Histoire que je ne connaissais absolument pas, ni personne apparemment, et que Diamond redécompose en étudiant les variations de langues et de dialectes, de manière assez virtuose.
Riche, donc, mais trèèès long.