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MessagePosté: 24 Nov 2009, 22:15 
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Marlo a écrit:
Je ne suis pas critique de ciné et je ne sais absolument pas analyser un film. Je me considère comme un nain par rapport à beaucoup de monde ici-même. Je me contente juste de livrer mon ressenti.


Tu n'as pas à te considérer comme un nain. Tu t'en fous d'écrire ou non comme un critique.
Tu écris ton ressenti, tu cherches à échanger tes impressions. C'est déjà bien suffisant.


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MessagePosté: 02 Juin 2010, 00:17 
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(Petite chronique que j'ai foutue sur mon facebook, d'où parfois une écriture bloguesque destinée à une "audience)

"Cruising", "La Chasse" en français.

Les deux titres ne signifient absolument pas la même chose, une chasse, vous savez donc tous ce que c'est, c'est un type, avec un fusil ou des couteaux en général qui chasse une proie, parfois, c'est un animal sauvage, enfin bref, vous voyez le délire; le titre original lui est tiré d'une expression américaine signifiant entre autres naviguer, mais décrit aussi le principe de chercher des partenaires sexuels dans des lieux publics et est utilisé surtout pour les hommes gays.

Tiens pas con ça comme idée, moi qui ne savait pas quoi choisir comme angle d'attaque, on va utiliser ces deux titres qui en disent long, et encore une fois, commençons si vous le voulez bien par le titre français ("La Chasse" donc toujours...), qui n'est pas nul, loin de là, mais qui ne capture qu'un aspect, un aspect et demi du film, tout ce qui touche au côté film d'horreur et chasse, la chasse d'un tueur pour chopper ses proies, celles d'un flic pour chopper le tueur, une vraie mise en abîme. En effet, le film, majoritairement nocturne, traite de l'infiltration d'un flic, joué par Al Pacino, dans le milieu gay SM new-yorkais afin de mettre la main sur un tueur très violent et profondément sadique qui sévit justement dans ce milieu là. Dès le premier meurtre, nous sommes dans un thriller, mais un thriller pas comme les autres, presque un film d'horreur tant l'ambiance, la violence, l'univers est lourd, glauque et le tueur invisible... Enfin voilà, je n'en dis pas plus, voilà pour ce qu'on peut tirer du titre français, ce que je vous ai dit là est assez pour faire les rapportes qu'il faut, après tout cher lecteur, t'es pas con, non?

Maintenant, passons au titre original "The Cruising", qui est je pense un des titres des plus riches thématiquement, et des plus adaptés à son film de toute l'histoire du cinéma...C'est fou comme la langue anglaise peut en un mot te dire des phrases où rien n'est laissé pour compte. En effet, sens premier, la navigation, le film tangue, sans arrêt, au niveau de la caméra, au niveau de la mer qui ouvre le film, au niveau des personnages qui tanguent aussi, qui sont un coup blancs un coup noirs, cette confusion propre à Friedkin où tout un chacun est remplaçable et où n'importe qui pourrait tenir le rôle de n'importe qui d'autre, ce doute qui assaille Pacino, qui nous assaille concernant ce personnage, tout, c'est pareil pour tous les personnages, même le tueur...Bref, des thèmes chers à ce réalisateur que vous retrouverez ici (D'ailleurs, un mec bien qui cultive ces mêmes thèmes est Ellroy en général et surtout Ellroy dans "le Grand Nulle Part", oui c'est un livre, mais tu sais lire, LIS!). Puis enfin pour en venir au deuxième sens du mot "Cruising", il décrit l'univers dans lequel on évolue, le milieu homosexuel SM (je précise, vu qu'à l'époque un amalgame avait été fait avec les gays "traditionnels") et en plus retranscrit les allers et retours du tueur, des victimes, des flics, de Pacino, de tout ce petit monde qui se chasse, se trouve, se retrouve autour d'une bonne grosse soupe de bite, certains s'en sortant, d'autres non et une minorité restant dans le doute, le flou, naviguant entre deux eaux, voire plus.

Enfin voilà, l'article à été plus long que prévu pour ce film à statut de culte, je ne l'avais jamais vu et l'ai enfin découvert et je ne regrette pas, il offre tout ce que le cinéma peut nous offrir, que ce soit dans sa perfection ou son imperfection, parfois même sa naïveté, son premier degré porté par une paire de couilles magistrale, une équipe mortelle, une réalisation au poil, touchante, imagée, expressive, Friedkin comme une petite poignée sait parler le langage du cinéma, il en connait sa grammaire, son orthographe, ses points, ses virgules et écrit non un best seller mais un grand classique romantique.

J'adore.

5,75/6

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MessagePosté: 10 Juil 2012, 08:42 
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Je déterre ce topic car je l'ai vu hier.

Je pense que vous y mettez trop. Je ne suis pas sûr que Friedkin soit un adepte de la mise à scène à la Godard. Que la réalisation "tangue" comme vous dites ce n'est pas volontaire. On est clairement dans ces films US de la côte est des années 70. Ca se veut très réaliste, très social (Comme Serpico, un après-midi de chien etc...). S'il a fait scandale c'est surement justement pour son côté cru, brut de l'univers Gay-cuir.
Le film a vieilli. La photo est laide. Pour le titre c'est juste parce qu'en anglais il y a une expression précise qui peut jouer à la fois sur l'univers Gay SM et sur le rapport prédateur/proie.

Pour résumer simplement l'histoire c'est un flic qui va devoir infiltrer le milieu Gay cuir suite à plusieurs meurtres dont on ne sait pas trop si ce sont des jeux SM ou s'il s'agit juste d'un tueur. Et c'est je crois un peu le propos du film. Ce que voulait montrer Friedkin c'est que le frontière est assez floue. Et que le monde est rempli de rapport dominant/dominé (Même chez les flics). Au contact de cet univers il va se retrouver définitivement contaminé et même l'enquête finit il ne sera plus jamais le même. Rien de nouveau... On est dans du très classique scénar US.

Il faut tirs remettre le film ds son contexte. Ca sort en 80, c'est à dire un an après Hardcore de Schrader et qq années après Serpico. Et je crois qu'il essaye un peu de faire un mix des deux. Seulement (Et je dis ça faudrait que je le revois, ça a surement vieilli aussi...) Hardcore à l'époque faisait vraiment découvrir à tout le monde, par ce père qui recherchait sa fille, le milieu sordide de l'industrie du sexe naissant qui venait d'être légalisé et posait des questions légitimes qui inquiétaient surement à raison les gens de l'époque. Serpico aussi (Et là je l'ai vu récemment, ça n'a pas vieilli. C'est très très bien. Pacino est hallucinant, un de ses meilleurs films) c'est l'histoire vrai, réaliste, d'un flic New-Yorkais qui essaye de changer la culture de la police de l'époque en vivant au milieu de la société et des bouleversements de l'époque.

Bref de mon côté à oublier. Un film culte uniquement pour ceux qui sont fascinés par l'univers Gay-cuir SM sachant qu'après "Irréversible" (Autre navet intersidéral surévalué) qui grosso-modo est exactement sur le même registre et traite du même thème (La frontière entre sexe et violence) a moins vieilli, est encore plus crash et soyons honnête mieux réalisé avec plus d'idées...
Et sur le thème des années 70 post-libération sexuelle je conseille plutôt "À la recherche de Mister Goodbar" avec Diane Keaton. Tt y est traité. Et cette fin ....


Dernière édition par -do_ob- le 10 Juil 2012, 12:37, édité 2 fois.

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MessagePosté: 10 Juil 2012, 09:10 
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Revu aussi hier soir. Moi je continue de beaucoup aimer l'ambiance unique bien dark et glauque et un Pacino totalement troublant qui perd de plus en plus pied. Pour moi un film symptomatique d'une époque, le film policier dans ce qu'il a de plus dur et de plus extrême. Vraiment un excellent film même si pas le meilleur de Friedkin.

5/6

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MessagePosté: 12 Juin 2015, 01:18 
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Z a écrit:
Revu cette nuit, et j'ai un peu plus accroché. Disons que j'y ai cette fois trouvé des trucs qui me plaisaient : l'originalité du film (pas que son sujet, son look aussi), la multiplicité des tueurs, le jeu de la post-synchro. Pour le reste, je trouve qu'il manque d'épaisseur.

3,5/6

Assez d'accord avec ça.

SPOILERS

J'ai trouvé la première moitié un peu élémentaire dans son dispositif programmatique et redondant dans l'écriture : on dirait presque un "montage" longuet de scènes de nuit dans les bars/scènes au pieu avec Pacino et sa meuf/scène de meurtre/scènes de nuit dans les bars/scènes au pieu avec Pacino et sa meuf/scène de meurtre/scènes de nuit dans les bars/etc. Et de temps en temps, une scène de Pacino qui prend un café avec son voisin gay.

Cela dit, c'est à partir de la 2e scène "café avec le voisin gay" qu'enfin l'ambiguïté entre en jeu ("J'aimerai t'aider." - "Tu le fais. Tu le fais.") et le film se fait plus intéressant. On pourra toujours dire, a posteriori, que l'ambiguïté est là dès la toute première scène de Pacino, lorsque le commissaire le reçoit pour lui proposer la mission et donc que peut-être il ne lui propose pas juste parce qu'il a le même profil que les victimes mais peut-être parce qu'il se dit qu'il est gay. Ou peut-être est-ce Pacino qui accepte parce qu'il est gay.

À partir de là, le film se fait plus prenant dans son trouble et les clips de plans "pipes et fists dans les leather bars" font moins "abattage illustratif" vaguement aléatoire et créent une atmosphère vraiment "autre". L'accusation d'homophobie était inévitable même si sans doute trop épidermique mais en même temps, c'est presque georgemillerien dans la peinture de ce milieu (cuir & boys) comme dépravation ultime. Pour le protagoniste, c'est une vraie descente aux enfers. Et d'ailleurs, après l'attendu "chef, je peux plus le faire, ça m'affecte" de tout film de flic undercover (PS : le "there has been stuff going down" traduit par "j'en avale" c'est bien joué de la part des trads), le mec, globalement, se découvre...mais en devenant gay, devient aussi criminel (du moins, c'est ce que laisse entendre la fin évidemment ouverte à l'interprétation). Un homo qui se déteste - comme le suspect abattu - et tue le voisin (avec lequel il aurait eu une liaison - ce qui peut expliquer sa réaction face au mec de ce dernier - et qu'il faut donc éliminer).

Le face à face avec le tueur est assez inattendu également. Ce moment où c'est le "gentil" qui devient le prédateur. Jusqu'au boutiste. Pour ce qui est des tueurs multiples, j'avoue ne pas avoir capté tout de suite. Je me disais que le suspect final ne ressemblait pas au tout premier tueur (excellente scène de drague et de meurtre, toutes deux glaçantes) mais il le voit en flashback...enfin bref.

Sinon, j'adore les plans finaux de Pacino qui se rase face au miroir, dommage que ça soit légèrement amoindri par ces inutiles plans de Karen Allen essayant les fringues, les lunettes et la casquette de cuir.

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MessagePosté: 08 Avr 2017, 19:13 
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Puck a écrit:
(Petite chronique que j'ai foutue sur mon facebook, d'où parfois une écriture bloguesque destinée à une "audience)

"Cruising", "La Chasse" en français.

Les deux titres ne signifient absolument pas la même chose, une chasse, vous savez donc tous ce que c'est, c'est un type, avec un fusil ou des couteaux en général qui chasse une proie, parfois, c'est un animal sauvage, enfin bref, vous voyez le délire; le titre original lui est tiré d'une expression américaine signifiant entre autres naviguer, mais décrit aussi le principe de chercher des partenaires sexuels dans des lieux publics et est utilisé surtout pour les hommes gays.

Tiens pas con ça comme idée, moi qui ne savait pas quoi choisir comme angle d'attaque, on va utiliser ces deux titres qui en disent long, et encore une fois, commençons si vous le voulez bien par le titre français ("La Chasse" donc toujours...), qui n'est pas nul, loin de là, mais qui ne capture qu'un aspect, un aspect et demi du film, tout ce qui touche au côté film d'horreur et chasse, la chasse d'un tueur pour chopper ses proies, celles d'un flic pour chopper le tueur, une vraie mise en abîme. En effet, le film, majoritairement nocturne, traite de l'infiltration d'un flic, joué par Al Pacino, dans le milieu gay SM new-yorkais afin de mettre la main sur un tueur très violent et profondément sadique qui sévit justement dans ce milieu là. Dès le premier meurtre, nous sommes dans un thriller, mais un thriller pas comme les autres, presque un film d'horreur tant l'ambiance, la violence, l'univers est lourd, glauque et le tueur invisible... Enfin voilà, je n'en dis pas plus, voilà pour ce qu'on peut tirer du titre français, ce que je vous ai dit là est assez pour faire les rapportes qu'il faut, après tout cher lecteur, t'es pas con, non?

Maintenant, passons au titre original "The Cruising", qui est je pense un des titres des plus riches thématiquement, et des plus adaptés à son film de toute l'histoire du cinéma...C'est fou comme la langue anglaise peut en un mot te dire des phrases où rien n'est laissé pour compte. En effet, sens premier, la navigation, le film tangue, sans arrêt, au niveau de la caméra, au niveau de la mer qui ouvre le film, au niveau des personnages qui tanguent aussi, qui sont un coup blancs un coup noirs, cette confusion propre à Friedkin où tout un chacun est remplaçable et où n'importe qui pourrait tenir le rôle de n'importe qui d'autre, ce doute qui assaille Pacino, qui nous assaille concernant ce personnage, tout, c'est pareil pour tous les personnages, même le tueur...Bref, des thèmes chers à ce réalisateur que vous retrouverez ici (D'ailleurs, un mec bien qui cultive ces mêmes thèmes est Ellroy en général et surtout Ellroy dans "le Grand Nulle Part", oui c'est un livre, mais tu sais lire, LIS!). Puis enfin pour en venir au deuxième sens du mot "Cruising", il décrit l'univers dans lequel on évolue, le milieu homosexuel SM (je précise, vu qu'à l'époque un amalgame avait été fait avec les gays "traditionnels") et en plus retranscrit les allers et retours du tueur, des victimes, des flics, de Pacino, de tout ce petit monde qui se chasse, se trouve, se retrouve autour d'une bonne grosse soupe de bite, certains s'en sortant, d'autres non et une minorité restant dans le doute, le flou, naviguant entre deux eaux, voire plus.

Enfin voilà, l'article à été plus long que prévu pour ce film à statut de culte, je ne l'avais jamais vu et l'ai enfin découvert et je ne regrette pas, il offre tout ce que le cinéma peut nous offrir, que ce soit dans sa perfection ou son imperfection, parfois même sa naïveté, son premier degré porté par une paire de couilles magistrale, une équipe mortelle, une réalisation au poil, touchante, imagée, expressive, Friedkin comme une petite poignée sait parler le langage du cinéma, il en connait sa grammaire, son orthographe, ses points, ses virgules et écrit non un best seller mais un grand classique romantique.

J'adore.

5,75/6


J'aime bien quand tu t'enflammes. Perso, j’ai trouvé ça admirable de bout en bout.

Si la polémique suscitée à l’époque est compréhensible, je n’y ai pour ma part jamais vu un quelconque propos ou charge contre l’homosexualité ou son pendant SM. Le film choisit pour cadre ce milieu, y situe son intrigue policière mais questionne surtout le parcours de son personnage principal, un policier qui y est plongé presque contre son gré (quoique…?) et dont on aura du mal à savoir jusqu’au bout la manière dont il s’implique et est affecté.

Le processus est vraiment habile et maitrisé. Je ne suis pas forcément partisan des lectures à double sens qui permettent de se tirer sur la nouille sur du vent ou des détails à la con, mais ici, l’une des forces du film est laisser des zones d’ombre dans le récit pour mieux interroger le spectateur sur les zones d’ombre du personnage. A quel point Steve Burns s’implique-t-il dans son immersion du milieu cuir-moustache? Le montage ou le scénario ne tranchent jamais réellement, et offrent un récit interprétable de différentes manières. Je retiens notamment cette première scène de danse, extraordinaire pour le jeu d’Al Pacino et l'ambiguïté qu’elle dégage. A quel point le policier lâche-t-il prise pour rentrer dans son personnage / ne pas se faire griller? Est-il dans le contrôle? Explore-t-il des fantasmes qu’il découvre? Bref j’en parle très mal, mais toute l’écriture et la mise en scène sont à l’avenant, créant le récit par petites touches, caractérisant les personnages et les situations au détour d’un dialogue, d’un plan. Il y a tellement de choses géniales bordel, comme cette scène ou Pacino se fait virer d'une soirée car il n'a pas d'uniforme de policier.

La description du milieu fréquenté est également bluffante, je n‘ai jamais l’impression d’un jugement et même le côté “spectacle d’un monde en marge” est plutôt bien distancé, tout en étant à la fois fascinant dans le fait qu'il constitue un témoignage par un indéniable côté documentaire.

J’ai déjà envie de le revoir. Je vais me refaire To Live and Die in L.A.


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MessagePosté: 08 Avr 2017, 21:40 
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Jerónimo a écrit:
J'aime bien quand tu t'enflammes.


Dans ce cas je te conseille d'aller voir son topic de The Rock (même si je ne partage pas l'enthousiasme de Puck pour le film de Bay, alors que pour To Live and Die in L.A. c'est une autre histoire).


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MessagePosté: 31 Mar 2024, 20:14 
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J'étais très curieux de le redécouvrir car, de tous les films reconnus de Friedkin, c'est celui qui, bien qu'il m'ait laissé sur ma faim, m'avait également laissé le souvenir le plus prégnant. Une fois de plus, je revois le film à la moins mais moins cela dit que L'Exorciste et Sorcerer.

Film Freak a écrit:
SPOILERS

J'ai trouvé la première moitié un peu élémentaire dans son dispositif programmatique et redondant dans l'écriture : on dirait presque un "montage" longuet de scènes de nuit dans les bars/scènes au pieu avec Pacino et sa meuf/scène de meurtre/scènes de nuit dans les bars/scènes au pieu avec Pacino et sa meuf/scène de meurtre/scènes de nuit dans les bars/etc. Et de temps en temps, une scène de Pacino qui prend un café avec son voisin gay.

Pas du tout été gêné ça par ça, cette fois-ci. Je trouve Pacino vaguement trop vieux pour le rôle mais je trouve l'ambiance tellement envoûtante...j'allais dire "dans sa saleté", et il y a de ça mais ce serait péjoratif, or je suis fasciné et non rebuté. Alors je vais pas pécho un perfecto sur Vinted et m'invertir mais justement, le film, par sa proposition de pénétrer un univers "déviant" (ça m'a fait penser aux deux premiers Mad Max, contemporains du Friedkin, notamment le second où une imagerie SM similaire caractérise les méchants, tu sens qu'il y avait vraiment à l'époque une fascination/répulsion pour ce mode de vie) par l'entremise de la fiction et bien en sécurité derrière l'écran, ne laisse pas indifférent.

Citation:
À partir de là, le film se fait plus prenant dans son trouble et les clips de plans "pipes et fists dans les leather bars" font moins "abattage illustratif" vaguement aléatoire et créent une atmosphère vraiment "autre". L'accusation d'homophobie était inévitable même si sans doute trop épidermique mais en même temps, c'est presque georgemillerien dans la peinture de ce milieu (cuir & boys) comme dépravation ultime.

Ah bah voilà, j'avais déjà la même ref à l'époque.

Citation:
C'est à partir de la 2e scène "café avec le voisin gay" qu'enfin l'ambiguïté entre en jeu ("J'aimerai t'aider." - "Tu le fais. Tu le fais.") et le film se fait plus intéressant. On pourra toujours dire, a posteriori, que l'ambiguïté est là dès la toute première scène de Pacino, lorsque le commissaire le reçoit pour lui proposer la mission et donc que peut-être il ne lui propose pas juste parce qu'il a le même profil que les victimes mais peut-être parce qu'il se dit qu'il est gay. Ou peut-être est-ce Pacino qui accepte parce qu'il est gay.

Citation:
Pour le protagoniste, c'est une vraie descente aux enfers. Et d'ailleurs, après l'attendu "chef, je peux plus le faire, ça m'affecte" de tout film de flic undercover (PS : le "there has been stuff going down" traduit par "j'en avale" c'est bien joué de la part des trads), le mec, globalement, se découvre...mais en devenant gay, devient aussi criminel (du moins, c'est ce que laisse entendre la fin évidemment ouverte à l'interprétation). Un homo qui se déteste - comme le suspect abattu - et tue le voisin (avec lequel il aurait eu une liaison - ce qui peut expliquer sa réaction face au mec de ce dernier - et qu'il faut donc éliminer).

Ce choix d'ellipse lors de la première fois qu'il part avec un keum est d'une géniale malhonnêteté. C'est à la fois ce qui fait l'originalité du point de vue adopté par Friedkin et ce qui frustre : on n'accompagne pas complètement le personnage dans son évolution, on nous la masque, mais ce trouble est finalement peut-être plus communicatif de celui du protagoniste que ne l'aurait été un récit plus exhaustif.

Et comme le montre bien cette scène géniale où il arrive en cuir à la soirée spécial flic, il n'est plus flic. Il est devenu ce qu'il chasse.

Citation:
Le face à face avec le tueur est assez inattendu également. Ce moment où c'est le "gentil" qui devient le prédateur. Jusqu'au boutiste. Pour ce qui est des tueurs multiples, j'avoue ne pas avoir capté tout de suite. Je me disais que le suspect final ne ressemblait pas au tout premier tueur (excellente scène de drague et de meurtre, toutes deux glaçantes) mais il le voit en flashback...enfin bref.

Et ça c'est mortel en fait, la triche éhontée (la deuxième victime est jouée par l'acteur qui joue le tueur lors du premier meurtre, la même en post-synchro super proche est utilisée pour le tueur à chaque fois) joue là aussi beaucoup dans le trouble et dans l'atmosphère onirique.

Citation:
Sinon, j'adore les plans finaux de Pacino qui se rase face au miroir, dommage que ça soit légèrement amoindri par ces inutiles plans de Karen Allen essayant les fringues, les lunettes et la casquette de cuir.

Pas gêné cette fois par les plans de Karen. Et cette fin est une de mes préférées ever.

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MessagePosté: 10 Avr 2024, 22:00 
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Pour vous, c'est Pacino qui
tue le voisin? Cela peut être le petit copain jaloux
, non?


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MessagePosté: 10 Avr 2024, 22:59 
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MessagePosté: 17 Avr 2024, 12:25 
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Tombé sur ce podcast pour ceux que ça intéresse, j'y ai appris que le film s'est fait dans une grande hostilité venant de la communauté gay, Pacino se faisait huer même pendant les prises et il n'assume toujours pas aujourd'hui de l'avoir fait :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/cruising-le-film-maudit-d-al-pacino-3659404


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MessagePosté: 03 Juin 2024, 21:34 
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Dans la série des trucs que j’ai appris aujourd’hui : Friedkin s’est en partie inspiré du tueur Paul Bateson, qu’il est allé voir et interroger en prison pour ce film. Or Bateson avait joué un petit rôle, celui d’un médecin, dans L’Exorciste, quelques années plus tôt.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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