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MessagePosté: 11 Déc 2009, 22:48 
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Une célèbre comédienne, Myrtle Gordon, est la vedette d'une pièce de théâtre dans laquelle elle incarne une femme viellissante. Un soir, elle assiste à la mort d'une admiratrice qui tentait de l'approcher. Choquée, Myrtle refuse de jouer son rôle plus longtemps. La troupe qui l'entoure essaye de lui faire changer d'avis mais les hallucinations et les crises dont souffre l'actrice deviennent de plus en plus régulières et le soir de la première approche ...


J'ai du mal à saisir encore pourquoi mais ça m'a bouleversé.

On ne s'attend jamais à rien, le film suit le cours de son improvisation, sans qu'on sache si c'est écrit ou pas.
Parce que Myrtle ne sait pas où elle va, elle nous perd, elle perd tout le monde, c'est elle la star.
Ou alors c'est Gena Rowlands, tellement réelle qu'on se demande si elle joue, si elle improvise ou non, si elle cerne quelque chose de son personnage, celui de la pièce pas du film, parce que celui-ci est-il un personnage?
Le poids des ans se serait le sujet, la perte de la jeunesse, mais le film embrasse une subtilité bien plus confondante, où est la jeunesse, où est la folie?
Finalement de désorientations en désorientations le film ce clôt sur un final splendide, meilleure scène de scène de tous les temps probablement, et synthèse parfaite de ce qu'est le film et de ce que doit être le cinéma.

C'était donc mon premier Cassavetes et ce sera 6/6.


Bon voilà note un peu pourrie mais il fallait un topic pour ce chef-d'oeuvre.

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur


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MessagePosté: 17 Juil 2013, 18:35 
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Le meilleur film que j'aie vu sur la performance d'acteur. Ce qui différencie cet Opening Night de tous les autres films sur le sujet, c'est sa construction, qui épouse parfaitement le propos. (Spoilers: il vaut mieux voir le film vierge de toute information) On ne connaît la pièce que, d'une part, à travers les extraits disséminés dans le film, et d'autre part, à travers les propos et les ressentis de l'actrice. Résultat: on entre dans la pièce par son point de vue à elle et on endosse sa souffrance à elle. On souscrit à sa vision de la pièce, très négative et désespérée, on en veut à toutes les personnes qui gravitent autour de l'actrice et l'obligent à faire cette pièce qui semble la précipiter tout droit dans les bras de la mort, et les extraits de la pièce joués devant nous confirment cette impression d'une pièce essentiellement morbide, avec à sa tête un duo terrifiant auteur/metteur en scène. Dans ces longues et noires séquences, sans issue, où l'actrice se débat avec son rôle, est giflée, pleure, tombe à terre, se flagelle, angoisse toute seule chez elle, se saoule, etc, le film est incroyablement pesant, à tel point que je me suis surpris à me dire en plein milieu "comment peut-on apprécier ce film?"

Et puis, cette construction finit par lentement lever le voile: l'actrice n'est pas en train de mourir ou de tourner folle, elle est simplement, oui, simplement, en train de rentrer dans son rôle comme elle le fait pour toute autre pièce; elle fait entrer le personnage dans sa vie à elle, et prend tout sur elle. Lorsqu'elle remonte sur scène pour jouer le personnage, elle semble alors en pleine dérive mais, malgré l'affolement de toute l'équipe, c'est cette dérive qui va lui permettre de fournir la performance nécessaire. Et à mesure que de nouvelles scènes de la pièce sont dévoilées, à mesure que l'actrice comprend le mal qui l'anime et le prend à bras-le-corps, on change petit à petit d'impression sur la pièce. On ne sait jamais trop si l'actrice improvise et réécrit la pièce à sa guise, surtout lorsque les parties les plus comiques de la pièce émergent. Mais l'Opening Night à New York nous montre la pièce telle qu'elle est, d'abord cruelle, éprouvante, mais ensuite, lorsque l'espoir d'une jeunesse retrouvée est parti, lumineuse, drôle, salutaire, la chronique d'un passage à la maturité. Dès lors, devant la joie de l'actrice ayant accompli dans la douleur son devoir et semblant totalement métamorphosée, on se met à aimer l'équipe de la pièce à nouveau, on change de perspective sur cette auteure qu'on prenait pour l'ange de la mort, pour ce metteur en scène qu'on prenait pour un bourreau macho et sans coeur. Aucun d'entre eux ne se doutait du coût personnel que la pièce allait demander à l'actrice, mais à la fin, rassurés, ils rayonnent.

L'expérience artistique a été totale, dangereuse mais finalement salutaire, et nous spectateurs, l'avons vécu avec les personnages grâce à une construction qui nous plaçait au coeur de la tourmente, nous faisait douter de la finalité de la pièce, avant d'élargir le champ en même temps que s'accomplissait la transformation de l'actrice. Le dernier plan, dans la plus belle image figée qui soit, vient cristalliser ce retournement final, l'horreur qui d'un coup vole en éclats et débouche sur la joie. Les quelques accords au piano, qui tout le film confinaient au morbide, prennent alors un tour lumineux, comme l'expression d'un soulagement, d'une confiance en l'avenir ultimes.


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