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MessagePosté: 24 Mar 2022, 21:05 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Abyssin a écrit:
Sinon j'adhère à ce que tu écris Arnotte sauf sur la fin. Elle est justement porteuse d'espoir
pour moi elle sort de la précarité et des lendemains heureux s'annoncent

Oui elle sortira de la “précarité” mais je me suis tout de suite dit qu’elle tomberait d’office en burn out: les trajets vont rester et elle bossera comme une dingue donc elle devra continuer à faire garder ses enfants, bref malgré la thune son problème de “course folle” restera le même… Enfin, c’est comme ça que je l’ai vu et je pense vraiment que ça que Gravel a voulu nous dire avec cette “fausse happy end”.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 24 Mar 2022, 22:00 
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Je dis pas que sa vie d'après va être le paradis. On en sait strictement rien et où je suis d'accord avec toi c'est qu'assimiler ça à un happy end serait trompeur. C'est un nouveau départ porteur de beaucoup d'espoir mais rien n'est gagné. Elle doit encore se battre. Disons qu'elle sort du fond du trou mais on ne peut pas encore dire que la partie est gagnée. ET je trouve ça tyrès beau Un moment, j'ai eu peur que Gravel cède au bad end. Ca n'aurait pas du tout allé avec le "caractère" du film


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MessagePosté: 24 Mar 2022, 22:18 
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Lohmann a écrit:
100% des électeurs de Macron (et d'Hidalgo) ont aimé le film.

:wink:


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MessagePosté: 24 Mar 2022, 22:43 
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Je suis justement en profond désaccord avec ton analyse de l'approche politique de Gravel. Je te ferais une réponse plus approfondie ce week-end car pas le temps tout de suite mais je trouve que tu extrapoles et prêtes des fausses intentions à Gravel.
Par contre, j'ai pensé à QGJ au début du film en me demandant si Calamy allait emprunter un Velib.


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MessagePosté: 25 Mar 2022, 14:40 
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Lohmann a écrit:
. Son seul but c'est de nous faire ressentir l'état d'épuisement constant de Calamy, c'est plutôt réussi, mais comment pourrait-il en être autrement lorsqu'il y a autant de misères qui te tombent sur la tête en une semaine ? Franchement du chauffe eau qui tombe en panne à la voiture qui ne démarre pas jusqu'au fiston qui inévitablement se blesse sur le trampoline, le tableau est plus que complet.
Ca fait effectivement too much comme tableau et on pourrait tomber dans le trop plein misérabiliste qui fait rire à force d'exagération. J'ai eu cette crainte au début dans les 10 premières minutes. A froid tu as parfaitement raison, mais avec son côté speed et grâce à Calamy, sur le moment à chaud cette considération me passe totalement au-dessus de la tête et je suis emporté par l'énergie du film et je n'y pense plus. Bref ça fonctionne, Pour moi, ça passe ou ça casse et je comprends ton ressenti. Dans le cas de l'horrible En guerre de Brizé avec Vincent Lindon qui parlait de l'usine délocalisée, ça cassait pour moi. Pas à cause du sujet, contrairement à ce que pensent certains je suis très client de ce genre de films, mais le portrait trop misérabiliste m'avait énervé.


Lohmann a écrit:
Sinon pour en revenir à sa dimension politique, on est aussi éloigné des Dardennes ou de Loach que possible. Eux n'auraient jamais eu la maladresse d'opposer aussi bêtement les classes laborieuses, les salariés du privé d'un côté qui n'ont d'autres choix que de se démerder pour aller taffer quand il n'y a plus de transports en commun et les privilégiés du public qui les prennent en otage de l'autre.
Les Dardennes, c'est plus pour le côté de cette "nouvelle vague" caméra au poing pour reprendre les termes d'Art core, donc la forme que le fond. Sur ce que j'ai mis en gras, Gravel n'oppose jamais les classes comme tu l'écris. C'est parce qu'il y a une scène où Calamy pète les plombs et gueule sur le salarié de la RATP? Si c'est ça, je ne vois pas Gravel critiquer les grévistes ou les considérer comme des privilégiés. Tu n'as pas remarqué que pendant les grèves, ces pétages de plomb viennent de toute classe et ne sont pas privilège des cadres? Et surtout jamais Gravel ne prend parti ou accuse quelqu'un dans son film. Alors oui c'est un état de fait que le service minimum en France est pourri mais Gravel ne charge pas les grévistes et ne remet pas en cause la légitimité de leurs actions de grève. Il ne se positionne pas.

Lohmann a écrit:
Politiquement c'est vraiment au raz des pâquerettes, et je passe sur Calamy qui revendique haut et fort d'habiter dans son mignon petit village et sa belle maison en pierre parce "mes enfants ne vivront pas dans des cages à poule",
Tu n'as jamais entendu cela à Paris? Gravel ne prend pas partie, c'est juste un choix de vie qui se pose de manière très courante dans la région parisienne. Après que Calamy est un peu méprisante sur ce coup, oui.

Lohmann a écrit:
ou qui lorsque la vieille nounou qu'elle exploite jusqu'à la corde lui propose de la recommander au supermarché du coin lui réponds "attendez madame j'ai de bien meilleures prétention, et je préfère encore conserver mon poste de femme de chambre dans un palace". Tout se finissant finalement bien pour elle, on ne peut même pas dire que les précédents exemples soient de pures maladresses, mais exprime bien plutôt le fond de la pensée de Gravel : le monde est ce qu'il est et j'en m'en accommode, ami cheminot arrête de m'emmerder et remet toi au boulot. 100% des électeurs de Macron (et d'Hidalgo) ont aimé le film.
Notre grosse différence d'appréciation, c'est que tu penses que dans ces scènes, Gravel prend clairement position pour ce que sort Calamy alors que moi je trouve non et qu'il ne juge surtout pas ses personnages. Gravel montre des éléments de réflexion et il laisse le spectateur se faire sa propre analyse. Et la réflexion sur le supermarché, c'est juste le truc ultracourant qui, par maladresse, peut tomber dans le mépris. D'ailleurs, Calamy se rend compte que ça dérive et qu'elle est horriblement maladroite. Et si tu trouves anormale qu'une personne qui a fait plus de 5 ans d'études après le bac aspire à ne pas devenir caissière, ben je sais pas quoi te dire. Alors oui dans sa manière de s'exprimer elle fait de la merde et c'est clairement ce qui ressort à l'écran.

Sinon ta dernière phrase, c'est niet pour moi, pas à cause de Macron et Hidalgo mais plus pour ce qui est avant pour ce que tu exprimes au sujet de la pensée de Gravel.


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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 10:46 
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C'est vraiment le pendant de Rien à foutre et j'ai tendance à préférer celui-là, qui m'a vraiment surpris de manière positive. Petite remarque liminaire pour Lohmann, l'accumulation d'emmerdes est un parti-pris du réalisateur, on peut le trouver invraisemblable mais c'est pas vraiment intéressant comme critique.
J'apprécie que le film, tout en collant aux basques encore une fois de son héroïne, arrive à conserver une posture distanciée. Ainsi, comme sa fin, on ne sait jamais véritablement s'il est ironique ou pas : il est distancié. Laure Calamy joue une connasse dont les priorités dans la vie sont bizarres de mon point de vue, mais Gravel la filme comme elle est, sans la juger. Provoque-t-elle par sa faute le renvoi prématuré d'une jeune collaboratrice ? Elle n'en a rien à foutre. Le rien-à-foutrisme est un peu différent de celui du personnage d'Adèle Exarchopoulos, peut-être juste parce qu'elle est plus vieille, ce qui compte pour elle, c'est son boulot et un semblant de statut social (la remarque sur la "cage à poules" en banlieue alors qu'au passage elle a appelé son fils Nolan), le reste a peu d'importance pour elle. Dans Rien à foutre, le personnage, bien que bercé des songes émis par les influenceuses Instagram et la téléréalité, bénéficie du doute et du vague permis par la jeunesse. Un mystère demeure, qu'elle se soit retrouvée dans ce boulot-là. Mais de ce point de vue, le film n'a pas l'air de s'embarrasser de la vraisemblance pour virer au conte de fées (avec ogres, ogresses, loups et princes, selon votre point de vue), où le Graal est un poste dans une tour en verre à la Défense.


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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 10:59 
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[quote="bmntmp"Petite remarque liminaire pour Lohmann, l'accumulation d'emmerdes est un parti-pris du réalisateur, on peut le trouver invraisemblable mais c'est pas vraiment intéressant comme critique.[/quote]
Ça tombe bien parce que ça n'est pas ce que j'ai écrit.


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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 11:06 
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Sinon, je ne pourrais jamais comprendre les gens qui habitent à plus de deux heures de travail, à moins d'être extrêmement bien payé, ni les employeurs, qui avant avaient l'embarras du choix, choisissent de les embaucher. C'est une forme de cruauté, auto-infligée ou non, qui relève en effet de la connerie.


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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 11:18 
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Y'a pas mal de recruteurs qui rechignent à embaucher quelqu'un d'une autre région. ils se disent qu'à 4-5 ans, le salarié va vouloir retourner dans sa région d'origine.

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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 19:59 
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bmntmp a écrit:
Sinon, je ne pourrais jamais comprendre les gens qui habitent à plus de deux heures de travail, à moins d'être extrêmement bien payé, ni les employeurs, qui avant avaient l'embarras du choix, choisissent de les embaucher. C'est une forme de cruauté, auto-infligée ou non, qui relève en effet de la connerie.
Dans le genre extrême, j'avais une collègue de ma femme qui faisait Lyon-Levallois tous les jours.


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MessagePosté: 02 Aoû 2022, 20:14 
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Deux heures de train, plus une demi-heure de rer-métro, sans compter le temps pour venir à Perrache ou Pardieu, j'avoue que la stabilité procurée par le TGV ne suffit pas à justifier le choix, et je comprends encore mieux ta remarque sur la connerie du personnage joué par Calamy, sur laquelle on est d'accord. Après, elle était peut-être pas célibataire et mère. Son personnage fait une blague au début sur le fait qu'on peut pas mettre les travailleurs de l'hôtellerie en télétravail, avant de se faire rabrouer par une collègue qui habite en banlieue, et qui écope de son mépris. C'est en cela que le film est pas mal. Reste un mystère, comment des gens arrivent à trouver ce personnage sympathique ? Le père démissionnaire l'est peut-être moins, et on y pense à peine, mais bon.

La discussion Lohmann/Abyssin est intéressante, l'un juge le film avec des préjugés, l'autre le prend comme tel sans y voir un discours particulier du réalisateur. Je suis d'ailleurs plus du côté Lohmann sans doute, en trouvant le portrait désespérant, mais c'est à mettre au crédit du film qui expose une situation sans ambages. Son défaut est peut-être d'être uniquement conjoncturel. Quel est l'historique avec son ex, que se passera-t-il avec son voisin, militaire retraité, noir et séduisant, dont forcément elle tombera amoureuse? C'est, entre autres éléments, des choses que le film n'abordera pas pour juste se concentrer sur la vie quotidienne. Le film translate, et prend l'inverse du "carpe diem" de la jeune fille jouée par Exarchopoulos, c'est pas flottant mais une sorte de course de deux semaines. C'est pas "croque la vie" mais "rate pas ton train ou ton entretien d'embauche". Et le personnage profite de ouf de la bonté de ses voisins comme si c'était une chose acquise. Tout est rapide, la description de la vie professionnelle rend tout provisoire. En gros, il n'y a strictement aucun point de vue moralisateur dans le film, à part que le portrait est triste à mourir.


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MessagePosté: 30 Nov 2022, 10:33 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pas grand-chose à dire sur ce film et à rajouter à ce qui a été dit. On est dans un cinéma de la pure efficacité, un cinéma sensoriel qui te transmet les sensations du personnage principal, ici le stress permanent, l'impossibilité de maîtriser le temps. Bien aidé par une bande-son tonitruante et exténuante ça fonctionne, surtout quand tu es jeune parent comme on l'est avec ma femme tu te retrouves pas mal dans des situations de galère quotidienne. Cependant le film a vrai angle mort au niveau de son propos politique, faire le film durant les grèves c'est quand même pas un choix innocent et ne pas vraiment le traiter c'est un peu dommage. Le film c'est du petit lait pour les anti grèves qui parlent de "prise d'otage" dès qu'il y a un train de supprimé. Du coup ça donne au film un petit fumet de film de droite un peu désagréable même si évidemment de manière détournée.

Mais globalement ça fonctionne et Laure Calamy est une fois de plus magistrale, toujours dans ce jeu très quotidien, très terre à terre avec un visage capable soudain d'exprimer quelque chose de plus trouble et profond. Beaucoup aimé la fin où je suis plutôt d'accord avec Arnotte, c'est clairement doux-amer, un faux happy end. Par contre j'aurais préféré me passer de ce moment où le film créée
un suspens autour du suicide probable de la mère, le train qui arrive, elle qui se rapproche du bord du quai...


Pas un grand film mais le genre de films qui mérite un vrai succès populaire (il n'a fait que 200k entrées, je pensais beaucoup plus). C'est vraiment le type de film que tu peux conseiller à des non-cinéphiles en étant presque sûr qu'ils vont en retirer quelque chose.

3-4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 05 Mar 2023, 00:35 
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Art Core a écrit:
Cependant le film a vrai angle mort au niveau de son propos politique, faire le film durant les grèves c'est quand même pas un choix innocent et ne pas vraiment le traiter c'est un peu dommage. Le film c'est du petit lait pour les anti grèves qui parlent de "prise d'otage" dès qu'il y a un train de supprimé. Du coup ça donne au film un petit fumet de film de droite un peu désagréable même si évidemment de manière détournée.


je ne comprends pas trop cette remarque parce qu'elle dit explicitement (trop d'ailleurs à mon goût, une des rares répliques 'l'intention de l'auteur dans la bouche des personnages", je me demande même si c'est pas quelque chose qu'on lui a demandé de rajouter pour qu'il n'y ait pas d'ambiguité sur le fait que ce n'était pas un film de droite) "je vais pas à la manif, j'aimerais bien mais la greve je dois y faire face plus qu'y prendre part"...

c'est très factuel, les gens dans le privé, et particulièrement dans sa position, ne peuvent pas faire grêve. c'est un droit totalement fictif pour 90% des salariés du privé. la preuve d'ailleurs quand elle dit "vous n'allez pas me virer pour être arrivée en retard pendant une grêve" et... si.

et effectivement, ce qui pour elle est un "happy end" ne l'est pas, elle recommence clairement la même merde la semaine prochaine et si c'est dans un poste plus "valorisé", ce sera avec une supérieure qui a clairement l'air d'être une connasse (quand celle de l'hotel avait l'air relativement cool, jusqu'à...)...

et concrètement rendez-vous dans 10 ans pour "à temps plein 2" quand elle sera fera virer à 51 ans et qu'elle sera inemployable parce qu'elle a plus de 50 ans - plus que 14 ans à tenir avant la retraite !

et je ne pense pas que ce soit une "connasse" pour son "choix" d'habiter loin, ni pour la manière dont elle répond quand on lui propose d'être caissière... là encore, c'est la réalité factuelle de millions de salariés du privé, ne peuvent pas vivre intra muros, la première couronne est assimilée aux banlieues craignos, donc c'est la deuxième ou pire qui a certains avantages et des gros inconvénients. et tout ça tient grace à une illusion de statut social qui peut s'effondrer à tout moment.

je l'ai vraiment vu comme une charge très violente sur l'organisation économique et sociale de la société, à travers un personnage "qui n'est rien" comme dirait l'autre, et avec laquelle on est en empathie à 150%.
et un grand point positif c'est que laure calamy n'est pas du tout en "cosplay pauvre" comme peut l'être lindon chez brizé ou duris dans "nos batailles", on la sent en symbiose totale avec la réalité sociale de cette femme, qui devait être assez semblable à la sienne il y a encore quelques années. une très grande actrice - d'un côté elle joue un pee comme elle est et d'un autre on sent une grande richesse, on perçoit en elle tout ce qui n'est pas explicitement dit dans le scénario.


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MessagePosté: 05 Mar 2023, 10:20 
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J'utilisais le terme "connasse" par rapport au fait qu'elle provoque le licenciement de sa jeune collègue et subalterne sans plus d'état d'âme que ça.

FingersCrossed a écrit:
là encore, c'est la réalité factuelle de millions de salariés du privé, ne peuvent pas vivre intra muros, la première couronne est assimilée aux banlieues craignos, donc c'est la deuxième ou pire qui a certains avantages et des gros inconvénients. et tout ça tient grace à une illusion de statut social qui peut s'effondrer à tout moment.

C'est vrai, reste qu'elle s'impose quand même un peu inutilement ces trajets longs, à cause de cette illusion de statut social, en même temps qu'elle fait chier sa voisine (qui pourrait être plus compréhensive peut-être, certes). Les choix absurdes sont pas toujours imputables au travail. Mais bon, le fil représente bien cette absurdité, le pendant du mec coincé dans les embouteillages style Chute Libre.


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MessagePosté: 05 Mar 2023, 13:46 
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bmntmp a écrit:
J'utilisais le terme "connasse" par rapport au fait qu'elle provoque le licenciement de sa jeune collègue et subalterne sans plus d'état d'âme que ça.


pour moi, il montre là la manière dont le monde du travail pousse effectivement à l'individualisme et l'égoisme des gens qui sont, à priori, moraux.

j'ai pensé à "2 jours 1 nuit" avec cette storyline, la manière dont l'organisation du travail broie toute notion de collectif et les logiques individuelles l'emportent, forcément.

mais ce qui m'a marqué c'est que contrairement aux films sociaux des dardenne, brizé, loach etc on est pas chez les miséreux et les laissés pour compte, il parle de la classe moyenne qui craint le déclassement - un des faits sociaux et politique majeurs de l'époque.
pour moi c'est la crainte du déclassement qui justifie aussi son choix de lieu de vie : elle a acheté cette petite maison avec jardin avec son mari, c'était vraiment un gage de réussite social mariage enfants maison avec jardin, ce n'est possible qu'en grande banlieue - quand elle a divorcé et perdu son boulot la question s'est posée d'emménager ailleurs mais c'était acter le déclassement, donc trop douloureux.

je suis sûr que christophe guilly a adoré.


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