A l’aube de la Révolution Française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, est limogé par son maître le duc de Chamfort. La rencontre d’une femme étonnante, qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemis. De loin, ça a l'air d'être un film pour spectateurs de France 3 et, effectivement, la moyenne d'âge dans la salle 32 de l'UGC Ciné Cité Bercy à la séance de 14h50 était de 60 ans. Moi-même, je n'avais pas été plus attiré que ça par l'affiche mais la
tagline, qui fonctionne comme un pitch, avait de quoi intriguer et la bande-annonce me l'a confirmé, tout comme un avis (le seul que j'ai vu passer) positif.
Et effectivement, c'est vraiment bien.
Dès la première séquence, j'ai été plutôt surpris par la mise en scène réfléchie de Besnard. En lieu et place du filmage
food porn rendu populaire tant par les séries documentaires de luxe type
Chef's Table que les émissions de télé-réalité comme
Top Chef, à base de ralentis et de mouvements constants, c'est assez intelligemment filmé, ça s'attarde sur les gestes, les sons... L'artisanat est souligné.
Par la suite, avec la confrontation qui va servir d'élément déclencheur au film, j'ai eu la confirmation qu'un technicien anonyme n'était pas derrière la caméra. Attention, y a rien de
fou. Je prétends pas faire du faiseur Besnard un auteur à suivre, avec une patte. Mais on est pas face au cliché du "théâtre filmé" ou "téléfilm" de l'imaginaire collectif du public. La photo est chaleureuse, la musique se remarque... C'est le genre de film pour lesquels je reste durant le générique car j'ignore qui a bossé dessus et je me fais une note mentale de quelques noms.
Pour raconter l'invention du restaurant, Besnard (et Boukhrief) transforment l'histoire vraie en fiction apocryphe, ce qui permet la création de protagonistes attachants : ce chef bougon et loyal (Gadebois, impeccable de bonhommie), son fils qui incarne la jeunesse et le renouveau à venir, cette apprentie à multi-facettes (d'ailleurs, il n'y a que sa sous-intrigue qui pousse la fiction un peu trop loin et dont je me serai passé), même les potentielles caricatures à perruques ne sont pas complètement unidimensionnels (très bon Tonquédec et Lavernhe, toujours parfait). Mais le film préserve surtout la vérité politique qui lui sert de propos, à savoir l'idée que l'on peut démocratiser la gastronomie et que cette révolution en soi symbolise et annonce celle avec un R majuscule qui couvait depuis un moment.
Un choix habile de "Grande histoire à travers la petite" et un donc
se sentir bien-film assez charmant qui ne sent pas le formatage.
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