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Land des Schweigens und der Dunkelheit en VO



Fini Straubinger, sourde et aveugle, évoque son enfance et témoigne de l'incroyable force de vie qui l'anime. Werner Herzog s'attache à filmer le langage tactile qu'elle a mis en place, dont l'alphabet et la syntaxe sont signés dans la paume des mains.


L'impression qu'Herzog est le cinéaste à mettre les pieds dans le plat, bien profond, genre "et là j'ai bien éclaboussé la merde partout, là ?". Le handicap, en Allemagne quelques années après le nazisme, résonne disons... bizarrement, et Herzog a ce côté cash dans l'approche, tout le temps, sans aucune méticulosité. Comme si la caméra ne se posait pas, a priori, de questions : elle fonce dans le tas. C'est à double tranchant. Ça peut donner des échappées euphoriques et magnifiques : le vol en avion, le zoo, le duo d'enfants autour de l'orthophoniste. Ça peut aussi devenir très noir, comme devant le gamin de 22 ans qui n'a même pas appris à marcher.

Le film est moins intéressé par le monde intérieur de ceux qu'il filme que par l'angoisse d'une chose : qu'il n'y ait rien derrière ces yeux et ces oreilles bouchées, qu'on soit entrain de projeter quelque chose qui n'y existe pas. Partant d'un groupe tout à fait adapté, il plonge de plus en plus loin dans les cas aggravés, comme fasciné par les esprits qui n'ont pu être modelés par un langage. Plusieurs fois, le film fait un trait d'union, par ce qu'il nous fait voir des sourds-aveugles, avec la folie : ça met à la fois à mal notre idée de la folie et le regard qu'on porte sur certaines des personnes rencontrées. Et le final laisse soudain seule cette ambassadrice volubile, sociable, presque "normale", ramenée en une seconde à l'incapacité totale d'évoluer dans ce monde sans aide, d'une façon très cruelle.

Bref, encore l'impression d'un doc physique façon montagnes russes, de film complètement "brut", même si il y a je trouve quelques plages d'ennui : parfois le monde approché et trop terne, trop triste, trop déprimant (y a-t-il eu quelque chose de plus dépressif et laid dans l'histoire de l'humanité que l'Allemagne des années 70 ?), pour que même la caméra ultra-vivante d'Herzog y réveille quelque chose.

Dans ma tête, je commence à me figurer Herzog comme le evil twin de Van Der Keuken : les deux sont énergiques, filmant comme on donne de grands coups de pinceaux, se cognant au réel en fonçant tête baissée, mais le premier est brut et sans pitié quand le second est plus rêveur. Faudrait en voir un peu plus pour savoir si c'est pertinent de les rapprocher, mais c'est marrant pour l'instant de les voir construire les deux faces d'un même cinéma.

La Tchécoslovaquie des années 70

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Ah écoute, pour avoir vu des docs tchèques des années 70 à Lussas justement, c'est pas à ce point !

Lol, non, c'est possible. Apparemment c'était le régime le plus "terne" de tout le bloc de l'est, mais bon, à ce niveau ça doit plus se jouer à grand chose... T'as des docs à me conseiller sur le sujet, par hasard (via mp histoire de pas polluer tout le monde) ?

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Nan mais c'est pas du jeu, puisque de toute façon à l'époque c'est sous tutelle d'un régime communiste hard, et que forcément l'image du pays qui en ressort est plus chantante... Je suis pas spécialiste du tout donc pas besoin de mp ca va aller vite, vu que pour les années 70 (et la suite) en Tchécoslovaquie, je n'ai retenu qu'un seul nom (et apparemment y a pas grand monde à côté) : Jan Špáta. Respice Finem et The Greatest Wish II pour ses meilleurs. Par contre pour se les procurer, aucune idée...

Merci, c'est noté ! Je vais chercher ça...
Je suis en train de lire le journal intime de Jan Zabrana (un écrivain et traducteur tchèque mort en 84).. Cette déprime que c'était...

Edit : le pays où tout le monde s'appelle Jan. Ou Jaroslav.

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Chef-d'oeuvre absolu ce doc ! Il m'a littéralement traumatisé. Pour moi le sujet en lui-même est tellement impressionnant (en gros comment peut-on vivre en étant sourd et aveugle ?) que le film me passionne de bout en bout. Que j'ai une empathie (une pitié même disons le) totale envers les personnages. Et effectivement ce qui est incroyable c'est cette double tentation, celle de l'optimisme, de la vie malgré tout avec le personnage principal qui est incroyable, mais en même temps il y a l'horreur, l'horreur d'hommes qui n'ont quasiment plus de connection avec l'humanité. J'ai le souvenir particulièrement marquant, vers la fin du film, où Herzog interviewe deux personnages valides alors qu'en arrière plan, à l'écart, le sourd-aveugle est en train de toucher un arbre, ses branches, ses feuilles, son écorce et la caméra fait le point sur lui. C'est absolument bouleversant.

Et Herzog je le trouve toujours parfaitement situé, dans la distance qu'il faut avec le tact qu'il faut. Vraiment parmi mes documentaires préférés tout temps et catégories confondus.

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CroqAnimement votre

A peine un an après Cave of Forgotten Dreams, Herzog présente d'ailleurs déjà un nouveau doc à Toronto

http://tiff.net/filmsandschedules/tiff/2011/intotheabyss

Chuis avec Core sur ce coup là. En tout cas faut que je revois le film, mais ça m'avait remué. Une espèce d'interrogation super cash sur la frontière entre l'humain et le non-humain, et comment on pouvait "apprendre" (ou pas) à le devenir, ou à y ressembler suffisamment.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste