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The Prisoner of Shark Island en VO.



Les quarante premières minutes sont parmi les plus belles que j'aie vues de Ford : un discours présidentiel d'une puissance évocatrice hallucinante (Ford est toujours inspiré quand il filme Lincoln), une scène au théâtre qui est un hommage magnifique au Birth of a Nation de Griffith, et surtout, une séquence d'exécution qui montre dans toute sa splendeur la réserve et l'empathie de Ford pour ses personnages (pendaison hors-champ, la mort est signifiée par la réaction de la foule, et c'est somptueux, j'en avais les larmes aux yeux : le borgne encule Von Trier avec une fourche).

Le reste, dès qu'on arrive dans la prison, n'est malheureusement pas du même tonneau, puisqu'elle se résume à la glorification assez empesée d'un homme, que Ford ne parvient pas vraiment à nuancer : le film devient une sorte d'hagiographie assez grossière, avec comme summum l'ancien esclavagiste noble sauvant la situation en donnant un ordre à un noir récalcitrant en lui hurlant un "Negro !" bien senti. La deuxième partie reste remplie de belles idées, mais dans l'ensemble, c'est la balourdise qui l'emporte.

C'est dommage, parce que les 40 premières minutes laissaient présager un chef-d'oeuvre exceptionnel.

4/6

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Scène assez ahurissante je trouve.

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N'écoutez pas Film Freak

Oui, j'ai beau adorer Ford, il est indéfendable là-dessus.

Tu as aimé le film ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est pourtant justement ce mot qui permet au film de ne pas être une hagiographie (en comparaison de Young Mr.. Lincoln qui en est belle est bien une), de nous rappeler que Mudd est avant tout un sudiste raciste, mais que pour autant il n'a pas mérité le traitement injuste qu'il a eut à subir. C'est un excellent exemple de l'humanisme de Ford.

Pour autant je n'exonère pas Ford d'un certain racisme sur ce film (comme pour beaucoup d'autres), mais il faut pour cela regarder ailleurs. La manière dont les noirs sont représentés est plus que caricaturale, dociles et attachés à leur maître, à la limite de la stupidité parfois (horrible scène où ils se sont retranchés afin de ne pas contracter la fièvre jaune, parle d'une manière ultra stéréotypée pour finalement suivre Mudd dans lequel ils reconnaissent un homme du Sud dans lequel ils peuvent avoir confiance - sous-entendus les sudistes sont peut-être esclavagistes mais traitent plus sincèrement les noirs que les yankees hypocrites).

Film sympathique mais qui manque d'ampleur, on ne ressent pas l'universalisme des meilleurs œuvres de Ford. Pas déplaisant mais pas fou non plus.

C'est loin dans mon souvenir, mais pour moi, il est clair que Ford ne montre jamais le fait qu'il soit un "sudiste raciste" comme une tare. Au contraire. Quand il hurle son "negro", c'est pour montrer l'héroïsme du mec malgré la pression quand les Noirs savent pas quoi faire, et rien d'autre. Ca n'a rien de négatif.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Effectivement Ford ne grossit jamais le trait, n'en fait pas une caricature détestable, mais il est clairement caractérisé comme un sudiste esclavagiste, voir par exemple la scène où il intervient lorsque ses esclaves sont en train d'écouter le discours d'un yankee anti-esclavage. Pour le reste, j'ose croire que Ford fait confiance à l'intelligence du spectateur pour en tirer les conclusions nécessaires.

Les noirs savent très bien ce qu'ils doivent mais ne veulent pas faire, tirer sur le navire de l'armée. Dans un dernier sursaut d'énergie (Mudd ne veut simplement pas crever de la fièvre jaune), c'est l'instinct qui parle, et il s'adresse comme un bon sudiste à ses esclaves à qui il intime un ordre à exécuter.

Et c'est montré comme positif, puisque c'est grâce à ça qu'ils s'en sortent.



Souvenir d'une représentation complaisante et fantasmée de l'esclavagiste : un paternalisme bon enfant.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Oui, c'est ce que j'ai écris avant. Ford est bien plus critiquable sur ça que le négro placé dans la bouche de Mudd. Et pas que dans ce film.


Non, ce qui est positif c'est qu'il est réussit à faire venir le bateau. Il aurait tout aussi bien pu les traiter d'enculés, si ça avait réussi à convaincre les noirs ça aurait été tout autant positif. Mais il dit négro, parce que c'est un sudiste esclavagiste.

Et les Noirs lui obéissent. C'est ça le truc, hein.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je pense que c'est plus subtil que ça : il dit "négro" pour faire réagir le mec, il l'emploi en sachant très bien que c'est une insulte mais aussi la marque de son autorité. L'autre est piqué à vif, mais du coup le personnage existe à l'écran, on sent son émotion et sa colère à ce moment là, qui le poussent à obéir. C'est d'une ambiguïté sans nom, ça m'a d'ailleurs beaucoup gêné, mais en même temps c'est une scène très forte. La force de Ford, c'est pas d'être raciste ou pas (d'ailleurs, quand il essaie de pas-être-raciste, ça donne "Le sergent noir", un de ses films les plus faibles), c'est qu'il s'en fout, ce genre de question ne l'intéresse pas, il regarde bien au-delà de ça. Clairement pas un film à recommander sur Twitter...

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N'écoutez pas Film Freak

En 1936, "Negro" n'est pas une insulte. C'est le terme utilisé pour décrire les Noirs (et on le retrouve encore partout dans la presse même dans les années 60).
L'insulte, c'est "Nigger".

Du coup, il n'y a que la marque d'autorité qui reste.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Utilisé par tout le monde ou seulement par les racistes/esclavagistes?

Tout le monde. Y compris la presse "libérale".

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Du coup je ne comprends pas très bien, en quoi Ford est indéfendable?

Ben l'esclavagiste blanc est montré sous un jour positif quand il remet à sa place le Noir incapable de prendre la bonne décision tout seul.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."