Bliss me fait la gueule. Pas grave, pour l'amadouer je vais lui parler d'un autre livre de Baladi récent :
PETIT TRAIT de Baladi, chez L'Association.
Livre de la collection Patte de Mouche toujours sympathique, format A6, 3€, beaux petits objets qui lorgnent vers la nouvelle.
Là le titre peut être pris comme la présentation du personnage principal (un petit trait donc) et comme programme esthétique puisque ne sont dessinés que des petits traits.
On s'approche effectivement de la bande dessinée abstraite qui cherche à s'éloigner de la représentation. On peut même parler de bande dessinée concrète puisqu'ici les traits ne sont que des traits, ne représentent pas autre chose (alors que la bd abstraite accepte le carré ou le triangle, des formes construites, ici non, un trait est seulement un trait).
Pourtant la narration se fait, l'histoire se construit, dans un jeu sur le mouvement, la masse, l'échelle des tailles, le cadre et les infimes variations.
Ça se lit donc très vite et c'est assez brillant dans l'exécution, on est surpris de n'être jamais perdu. L'exercice n'est pas vraiment nouveau, il y a eu des tentatives déjà plus ou moins réussies dans la revue Bile Noire ou dans le Bleu de Trondheim, mais là c'est mené vraiment jusqu'au bout de la logique (on pourrait se dire que le récit est encore trop simple, trop clair, qu'il y a bien un personnage et des péripéties, et qu'on pourrait encore aller plus loin dans l'abstraction, c'est à voir).
Et là on se rend compte qu'isoler un extrait est absurde, que ça ne fonctionne que dans un ensemble narratif et qu'une page toute seule ne veut rien dire. Pour mieux se rendre compte, il n'y a pas d'autre choix que de lire le livre.
C'est peut être sa grande réussite, de ne fonctionner que grâce au langage de la bande dessinée, sans l'aide du dessin ou du texte mais seulement dans la suite des cases, dans la séquence, et de mettre en avant la force du dispositif.
Beau travail d'épuration, pas vain du tout, très libre.
La page sexe :