HP1, de Lisa Mandel, chez L'Association.
C'est le premier volume d'une série construite autour de témoignages d'infirmier en hôpital psychiatrique dans les années 70. Un sujet étonnant de la part de Mandel qui s'est fait connaitre chez les Chicou-chicou et quelques bouquins on va dire sympas. On apprend vite que le sujet lui tenait à cœur, et que deux des infirmiers/narrateurs sont ses parents.
Le style de Lisa Mandel est un style plus ou moins à la mode, qu'on retrouve dans pas mal de blogs ou dans la collection Shampoing de Trondheim, un trait rond et enfantin, une narration aérée et catchy propres aux pages publiées sur internet, quelques couleurs discrètes, un sujet traité sur le mode "scenettes de la vie quotidienne" avec de l'humour un peu partout.
Sauf qu'il y a comme un glissement là, que le trait n'est plus si lisse (et se rapproche plus d'une Marion Montaigne par exemple), que parfois ça ressemble à du Reiser mais très tendre, que le ton cartoon laisse plus souvent la place à un ton neutre et descriptif, et que l'humour y est plus rare, ou plutôt teinté d'effroi devant l'état pitoyable des soins en hopital psychiatrique (situation qui aurait tendance à faire son retour vu la politique de Sarkozy en la matière, raison de plus pour publier ce livre ces jours ci). C'est que les témoignages sont édifiants et nous décrivent des soins psychiatriques dignes du moyen âge.
La distance de Mandel est parfaite de ce point de vue, à la fois en empathie mais évitant le pathos, et on est surpris de voir toutes la finesse du trait capable de mettre en avant le burlesque et l'horreur d'une situation dans un même dessins. A ce titre, les visages grotesques et tragiques des internés sont une discrète mais réelle réussite.
J'ai été étonné d'être vraiment enthousiaste à la lecture de ce premier tome. je conseille vivement.