Forum de FilmDeCulte

Après PRESUME COUPABLE, suite de mon cycle "films judiciaires français" avec le 2e film de Zem.

C'est un montage alterné entre l'arrestation d'Omar, l'enquête contre lui, puis son procès... Et la contre-enquête menée par un romancier convaincu de son innocence.

Un sujet potentiellement en or, donc pour un film qui manque cruellement de caractère et passe violemment à côté de son (ses) sujet(s).

La partie Omar est pas trop mal, surtout parce que Sami Bouajila est bien et que le film joue bien le côté "alien" du personnage. Il parle quasiment qu'en arabe, reste impénétrable, etc... Et puis bon, une histoire vraie aussi dure, ça fonctionne toujours, même si le film aurait pu aller plus loin. A ce titre, la comparaison avec le film de Garenq sur Outreau se faisait au détriment d'OMAR M'A TUER.

Là où ça merde c'est dans la partie concernant Podalydès qui contre-enquête sur le crime. Le personnage est intéressant (un dandy parisien qui s'investit subitement pour le jardinier marocain), mais le scénario (apparemment bien charcuté au montage - le film dure 1h25) ne joue pas assez sur ce contraste, ni sur les raisons de l'obsession du héros, ou le prix qu'il doit en payer.

Cet espèce de Rouletabille, souvent rigolo d'ailleurs, ne sert finalement qu'à véhiculer des informations (avec parfois des phrases croustillantes qui semble avoir été écrites par les avocats de la production: "Notre but n'est pas de nommer le coupable, juste de pointer les zones d'ombre autour du crime!"). Et finalement quand les deux personnages se rencontrent dans le dernier tiers, ça fait totalement plouf.

Dans les interviews, Zem prétend vouloir être ambigu, mais à aucun moment on ne doute une seule seconde de l'innocence du jardinier. Alors ils te mettent une scène au début ou il joue au casino et claque toute sa thune... mais putain ça reste tiède. C'est pour la forme, quoi.

Bref, y a des efforts sympas dans la reconstitution (malgré quelques erreurs), le sujet est intéressant, mais la sauce ne prends pas du tout. J'ai déjà oublié la moitié du film alors que je l'ai vu hier. C'est dommage.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

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I think we're gonna need a helmet.

Ouais bah même avis que Qui-Gon Jinn, aussi vite vu aussi vite oublié.
On ne peut pas rester vraiment indifférent à ce qui se passe à l'écran au vu du sujet de base assez fort, mais en dehors de ça, qu'est-ce que c'est mou... La mise en scène plate, la partie Podalydès complètement charcutée ou en tout cas très mal développée (les répliques entre Poly et son assistante, c'est ratéééé), la rencontre entre les deux personnages qu'on observe avec une parfaite indifférence... Reste Sami Bouajila, assez émouvant dans son incompréhension totale et dans sa froideur, froideur qui ne parvient d'ailleurs même pas à retranscrire la frustration de la barrière de la langue que vit Omar. 3/6

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There is no such thing in life as normal

J'ai forcément de l'affection pour les gens qui vont contre le sens du vent, mais ne connaissant pas l'affaire assez bien, j'aurai du mal à juger vraiment de la pertinence de ce qu'il avance.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Disons qu'en l'état, Omar Raddad est coupable - il a été condamné.

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There is no such thing in life as normal

J'ai étudié l'affaire du mieux que je pouvais (lu plusieurs bouquins, très inégaux), vu tous les documentaires et reportages, et force est de constater que Raddad a été défendu comme une merde par Vergès... alors qu'il soit en contrepartie gracié et réhabilité médiatiquement ne me choque pas, puisqu'il est le premier à demander la réouverture de son procès. Maintenant c'est clair : il n'existe aucun scénario probant au meurtre, que l'on prenne Raddad comme coupable ou que l'on s'imagine un autre gus étranger au procès, et il est toujours coupable pour la justice française.

Je crois que la soluce pour le film, c'était clairement de faire dans le contradictoire (avec des éléments qui viennent en contredire d'autres), comme peuvent l'être à leur façon JFK et Social Network. Là Zem semble faire un plaidoyer convenu, c'est dommage de ne rendre "justice" qu'à Raddad, et pas à Ghislaine Marchal...

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Vois le film. Zem fait croire qu'il est impartial (qu'il soit partial ne me dérange en rien), mais à aucun moment tu n'imagine vraiment son Omar commettre le crime. Alors certes il le "montre" à un moment, mais c'est tout.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Dans la seule interview que j'ai lue, il a expressément dit qu'il s'agissait d'une erreur judiciaire.

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Sans doute, mais dans le dossier de presse et ailleurs on sent une prudence (dictée par les avocats du film ?) avec des déclarations du genre "Ce n'est pas un film à thèse, on ne fait que pointer les zones d'ombres de l'enquête", "Je voulais laisser planer l'ambiguité", etc...).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui voila, je trouve ça du coup assez choquant qu'il soit grâcié. Soit il est innocent (ce que je crois) et clairement innocenté, soit il est coupable et purge sa peine. Là ça fait un peu : t'es coupable, mais comme on est pas sûr à 100% tu feras que deux ans de prison. C'est n'importe quoi.

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Ben, c'est le principe même d'une grâce : tu es coupable, mais tu ne purge pas ta peine car tu es gracié.

Avant l'élection de Sarkozy, cela permettait de faire de la place dans les prisons au début de l'été.

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There is no such thing in life as normal

Oui mais justement, quand il s'agit d'une grâce, au hasard, pour bonne conduite, c'est une chose. Là c'est une grâce parce qu'on est pas sûr. C'est peut être pas le seul mec dans ce cas là, mais je trouve ça vraiment grave.

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Je trouve ça plus grave que le procès d'un type accusé de meurtre ait été bâclé et orienté pour le faire condamner, alors qu'aucune preuve formelle ne l'accusait.

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Bien entendu. Mais justement le gracier, ce n'est pas corriger l'erreur initiale. Oui, il est dehors, mais en se contentant de le gracier, on ne corrige pas le tir.

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