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MessagePosté: 02 Juin 2023, 13:47 
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#lesfilmsde12h30delugcdissy

J'aimais bien la bande-annonce donc j'étais plutôt content de pouvoir le voir pendant ma pause dej. Et si je n'ai pas détesté je peux pas dire que j'ai été follement emballé.

C'est un peu un drôle de film, obsédé par toute l'inconscient collectif Scarface (la cocaïne, le bling bling, la violence), mais presque détaché de tout questionnement moral. Ici le personnage principal d'Omar est vraiment un voyou minable, un personnage détestable, violent et méprisant mais il n'est pas véritablement jugé. Il faut dire que le film évite totalement la formule habituelle du rise & fall pour se concentrer sur une forme de chronique un peu lâche dans un premier temps et se focaliser sur une romance limite lourdingue dans un second temps. Du coup le personnage n'évolue pas, il est le même voyou minable au début qu'à la fin. On pense à un moment que le personnage féminin, la seule qui a les pieds sur terre et la tête sur les épaules va ou le faire changer ou, mieux, remballer sa vieille gueule, mais pas du tout. Elle finit pas tomber sous son charme sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Alors la seule chose c'est une relation avec un groupe de jeunes adolescents des rues qu'Omar prend un peu sous son aile. Problème, ils sont tout aussi détestables que lui, des voyous hyper violents. Et le film ne juge pas, au contraire, il y a une attaque de station service avec sévices sur les employés, filmé comme une espèce de réussite avec son montage un peu planant et les billets de banque qui volent dans tous les sens. Il y a un vrai malaise de ce côté là. Ca gâche un peu le reste, le côté buddy movie vraiment réussi, notamment encore une fois un Benoît Magimel impérial, de très loin le meilleur personnage du film. Il est drôle, touchant, mystérieux, c'est presque le personnage principal de la première partie.

Le film a un côté un peu "kourtrajmé", le genre de projet à la lisière du film de genre et de l'étude sociale (là en l'occurrence une vision des quartiers populaires d'Alger), cependant au final ça ne prend pas vraiment. C'est trop artificiel (trop de passages "we need a montage", trop de passages foncedés, trop de violence gratos) et surtout on a vraiment le sentiment que ça ne raconte quasiment rien ou du moins que derrière son obsession tellement typique pour Scarface, il n'y a strictement rien.

3/6 gentil

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 13:53 
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J'ai même pas pu finir la bande-annonce.

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 13:55 
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C'est le "tu veux le baiser ?" de Magimel qui m'a convaincu (et la scène en question est très drôle).

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 14:02 
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Magimel en passe de devenir le nouveau Bill Murray/Jeff Goldblum overhypé pour le moindre truc.

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 14:07 
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J'avoue il y a un peu de ça. Mais il est vraiment bon dans chacun des films dans lequel je l'ai vu depuis Pacifiction/Incroyable mais vrai.

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 14:39 
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Art Core a écrit:
Le film a un côté un peu "kourtrajmé", le genre de projet à la lisière du film de genre et de l'étude sociale .


Elias Belkeddar est le frère de Mourad, boss d'Iconoclast, qui produit les films de Gavras, et devait un temps produire Ladj Ly. Tous ces gars-là sont potes et partagent leur vision clippesque et (a)politique de la société.

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Dernière édition par Z le 02 Juin 2023, 18:48, édité 1 fois.

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MessagePosté: 02 Juin 2023, 17:15 
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Oui il me semblait qu'il y avait un lien entre eux, c'est vraiment très proche dans le ton et le réa clippesque.

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MessagePosté: 11 Juin 2023, 09:58 
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Art Core a tout dit.
Le film part d'une situation intéressante (un thriller avec une touche de comédie du retour en Algérie, de la coupure avec la France - voire de son repli sur soi- qui la transforme en mythe localement exploitable) mais est plombé par sa paresse d'écriture et sa complaisance envers la violence, avers et revers de la même médaille.

Les 20 premières minutes sont pourtant bonnes et laissaient croire à une possible réussite, entre film de frime et quelque chose de plus sociologiquement vériste. Mais la romcom mal branlée, improbable et avec un personnage superficiel (même si l'actrice est bien) vient tout foutre par terre . La jeune femme est carrée, fière de son autonomie, mais devient l'épouse orientale-type après un bon repas dans un restaurant chicos ? Elle a monté une association de quartier pour aider des enfants que l'on ne voit jamais, qu'elle délaisse pour la bande déjà criminalisée ?
Surtout le film est, derrières la posture défi et d'éloge de la grande vie à la marge de la société, assez conservateur : pas de sexe (la mort de Magimel le remplace), et les personnages (en particulier féminins) savent très bien quelle est la différence entre revendiquer son autonomie et le faire de la liberté, sans franchir le pas . Le personnage d'Omar regrette bien une réussite perdue , dont les miettes restent une forme de pouvoir en Algérie, et parvient à geler sa chute à lui pour susciter l'envie - sur la femme à conquérir en premier lieu.

L'écriture du film procède pas soustraction, en faisant disparaitre sans explication personnages et ituations, sans les développer, expliquant malgré tout leur fonction : la famille du faux mariage et qui se fait massacrer lors du deal du début ne revient plus (pourtant confrontation avec Reggane et l'Algérie du Désert - mais la sène ne semble pas avoir été filmée là, apparemment plutôt dans une ville kabyle).
Le gérant de l'entreprise (personnage potentiellement le plus intéressant du film, et bien joué, mais ne collant pas avec le concept du film : il aurait été un rival d'Omar et une figure du pouvoir au sein de la vie normale) est lui-aussi éscamoté après la simulation de son enlèvement et abandonne complètement l'entreprise qu'il a montée et tourne bien. Tout est complètement ellipsé et s'auto-explique pour pouvoir ensuite disparaître (mais c'est aussi quelque-chose qui m'a agacé dans un autre film post-scarfacien revu récemment : American Gangster- au scénario et effets trop habiles, ne visant qu'à donner l'illusion de film choral et d'une sensibilité sociale).

Magimel finalement meurt lui-aussi, comme un enfant, mais permet à Omar de former un jeune-vieux couple avec la meuf en évacuant le soupçon de leur homosexualité. En fait chaque personnage éprouve la perte d'une chose différente, d'une séparation et d'une inconscience sue mais en cours de constitution, à la Debord, qui atteint même (et surtout) le marginal et l'asocial : le gérant perd son pouvoir, la femme sa liberté, René la vie, Omar sa réputation - l'unité ou le rétablisssment de la communication devient la part de l'ordre et de la police désirée et inaccessible (Omar n'est à égalité avec le peuple que dans la scène de la prison, trop courte mais filme comme une épreuve intiatique - valorisant par contraste et dépolitisant la question des prisons françaises).
En délaissant le gérant, le film se concentre sur le numéro à deux de Benoît Magimel et Réda Kateb (agréable mais trop marqué par les Belmondo ou Lino Ventura fatigués des années 80) - la violence (la mort dénuée de nom et sans deuil) n'est plus qu'un moyen pour donner l'illusion de filmer une collectivité, voire le peuple (à la fois anonyme et conscient), et devient le seul projet de celui-ci (mais oppose ainsi forcément, et sans paraître s'en apercevoir, le peuple à la société elle-même - il ne faut pas non plus espérer que le film fasse la moindre allusion au Hirak - l'ennui, la stagnation sociale et la corruption économique relèvent du point de vue des personnages eux-même d'une forme d'identité algérienne supposée éternelle) quand la comédie -et l'accès au deuil de l'autre- est réservée aux deux mâles alpha. La femme sert tout au plus de bouche-trou entre les deux opposés, spectatrice de l'intérieur du film.


Pourtant Alger est bien filmée, le cadre et le montage intéressants, le rythme bien géré, certaines scènes fonctionnent bien, les dialogues et la direction d'acteur sont bonnes il y a un vrai savoir-faire technique (peut-être trop conscient) : le réalisateur a l'oeil pour beaucoup de chose mais ne semble posséder un point de vue sur rien.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 12 Juin 2023, 08:15, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Juin 2023, 12:22 
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On va voir petit à petit des films se dérouler à Alger dans les années qui viennent. L'avis d'Art Core m'avait refroidi, mais allez rien que pour ça, je vais y aller. Tiens, en plus je viens de voir qu'Elias Belkeddar est l'auteur du clip de DJ Snake tourné à Climats de France, grand ensemble construit par Fernand Pouillon, complètement dilapidé aujourd'hui et que j'avais demandé à visiter lors de ma brève visite à Alger l'an dernier : on a fait un petit tour en voiture, les gens étaient à la fois surpris que je demande ça, et non, car DJ Snake, que je ne connaissais pas, y avait tourné son clip.


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MessagePosté: 11 Juin 2023, 12:30 
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Oui les Climats de France sont aussi un des lieux central (introduit par un carton en incrustation plutôt tape-à-l'oeil) du film, il y a un scène de combat de chèvres. Plutôt réussie, on pense un peu au Cocksucker de Monte Hellman, avec le même ralenti et le même type d'enveloppe musicale, mais dénuée d'articulation forte avec le reste.

Sinon rien à voir, mais les personnages et le réalisateurs sont confrontés à deux tentations symétriques, qu'ils perçoivent comme mortelles : les personnages voudraient vendre une cargaison de coke (venue d'on ne sait où) pour se financer (c'est-à-dire: vivre luxueusement le sort commun, le fait que les criminels soient socialement les plus proches d'une bourgeoisie quantitativement maigre, plutôt que du peuple, est pas mal vu dans le film. A ce titre les personnage du fondateur de la boite, de l'avocat et du comptable sont intéressants, et joués par de bons acteurs, mais n'ont qu'une ou deux scènes, pour ne pas faire d'ombre au duo central ?), mais ne peuvent le faire qu'à un ennemi déjà installé auquel ils contestent le territoire (ils se sortent de la criminalité en éliminant leur client). Et Elias Belkeddar, par bribes, laisse entrevoir des velléités plus sociales et naturalistes, vers un film moins singulier mais plus profond, avec le même rapport mélangeant dépendance, condescendance envers le passé, et concurrence à mort, transféré sur les genres cinématographiques. Oui mais non, cela ne suffit pas à doter le film d'une colonne vertébrale, tout en le rendant déjà suffisamment réflexif pour être en fait plutôt chiant (c'est d'ailleurs une des répliques-programmes de Rétab Kateb - le film passe de bon à mauvais et se resserre sur l'amourette, pile au moment où il s'exclame dans sa cuisine je commence à me faire hièche !)

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 11 Juin 2023, 17:44, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Juin 2023, 14:06 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Oui les Climats de France sont aussi un des lieux central (introduit par un carton en incrustation plutôt tape-à-l'oeil) du film, il y a un scène de combat de chèvres. Plutôt réussie, on pense un peu au Cocksucker de Monte Hellman, avec le même ralenti et le même type d'enveloppe musicale, mais dénuée d'articulation forte avec le reste.


Ouaip, la fixation est fascinante. Pouillon a écrit une autobiographie elle aussi fascinante où il raconte son évasion des prisons françaises dans les premières pages alors qu'il était emprisonné, après il a construit en Algérie (ce qu'il avait pu faire avant, du temps de la colonie française, climats de france date de là je crois), avant de revenir en France, de rénover un château et d'écrire un bouquin sur l'architecture romane qu'apparemment tous les étudiants en architecture connaissent à défaut de l'avoir lu. Donc apparemment, le spot cool c'est climats de france, un truc dilapidé dont tous les habitants se branlent. Ça en dit long.


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MessagePosté: 11 Juin 2023, 14:58 
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Tu sais l'architecture et l'urbanisme ce n'est pas la même chose, et un projet peut être une réussite d'un point de vue mais un échec d'un autre. Les tours Nuages de Nanterre ou la Grande Borne ont été crées par Emile Aillaud, qui n'était pas un imbécile, et avait une vision politique progressiste, mais sont à présent des repoussoirs. Un membre de ma famille qui est dessinateur en école d'architecture m'a dit qu'urbanistiquement on essayait à présent d'éviter les places et squares dans des lotissements, privilégiant le dialogues avec les voiries existantes, alors que c'était l'inverse dans les années 60-70, où ils étaient perçus comme une humanisations de lieux perçus comme trop artificiels, des pauses qu'une démarche rationnaliste ménageait elles-mêmes. Mais à présent la place ou le square paraissent renforcer (pour simplifier) l'enclavement et l'effet ghetto d'une cité. À Bezons, au début de sa carrière, Jean Nouvel a fait de petits immeubles HLM à coursives, centraux dans la ville qui fixent le trafic de drogue. Pour autant la problématique est complexe et est mal posée si on y voit avant tout un défaut de prévoyance de l'architecte.

Par ailleurs le déclassement d'un ensemble urbain peut renforcer la fascination esthétique qu'il exerce, et si on n'impute dans le même temps qu'au résidents l'origine de l'un, tout en avouant succomber à l'autre, on ajoute un cercle vicieux de plus au problème. Ces cités étaient-elles conçues à l'origine pour faire patrimoine ou pour jouer leur rôle de structures sociales ? Cette question est aussi problématique, d'autant que cela peut être une ambiguïté voulue à la fin de la colonisation dans le cas de l'Algérie

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MessagePosté: 11 Juin 2023, 15:30 
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ok je vais voir le film, on peut parler d'architecture si tu veux, je n'ai pas la main en la matière.


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