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MessagePosté: 16 Mai 2010, 00:46 
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Bon, je vais pas trop m'étendre car mes souvenirs sont très flous... Juste pour éclairer un peu le pourquoi de ma position de tout à l'heure, en attendant une nouvelle vision qui me permettrait d'en parler sérieusement.

Citation:
Ce qui n'aurait pas été le cas s'il s'amendait, repartait avec sa famille indemne sous le bras et quittait le pays vers un avenir plus doux.


Je suis tout à fait d'accord avec ça, ce n'est pas la démonstration que je trouve faible ou non subtile (enfin en tout cas c'est pas ce qui retient ici mon attention) : le gêne, le côté film à message, je le ressens dans la manière dont cette équation, aussi fine soit-elle, est comme seulement contenue "à l'intérieur" d'un film qui n'interagit pas bien avec, qui se contente de retransmettre (sans gêner, avec une certaine efficacité certes, mais c'est tout).

La scène à table en est un bon exemple : tout est posé à l'intérieur (le fils et la mère à l'un et l'autre bout de la table, vrai nœud du problème, le faux père entre les deux qui va tout prendre : soit, c'est une base, je dis pas non), mais après le reste n'est qu'affaire de suivi : on regarde le repas devenir ce qu'il devait devenir, l'équation se refermer dans sa logique annoncée, et à part trouver ça dommage (l'arrivée à la fin d'une musique, si je me souviens bien, faudrait revérifier), je trouve pas que la mise en scène arrive à nous transmettre l'idée que c'est un gâchis, par exemple, ou quoique ce soit d'autre. Attention, je dis pas que le côté inéluctable est un défaut, je le trouve seulement trop peu prégnant : qu'on se sente impuissant face à la tournure que ça prend, pourquoi pas ; mais cette fatalité, il faut la mettre en scène, la rendre évidente, tangible. Car du coup, faute de regard réel proposé sur les évènements, on ne fait rapidement qu'observer les composants s'agiter au sein de la scène, l'enchaînement et les rouages, les preuves, et on retombe dans le "message" qui se fout malgré lui au premier plan.

Après bien sûr cette scène reste bonne, le mieux du film, car elle est impressionnante par la façon dont sont rendus son rythme et son évolution (la transformation sans qu'on s'en aperçoive, très rapidement, d'un débat un peu houleux à la catastrophe), mais j'ai vraiment l'impression que c'est à porter au crédit des acteurs avant tout.


Je vais pas parler plus longtemps du film, car comme je l'ai dit, j'ai dû le voir y a bien dix ans, et je n'ai confiance ni à mon jugement de l'époque, ni à la fiabilité de mes souvenirs pour en parler correctement. Mais pour le coup, la comparaison avec La 25è heure me semble bien vue : ce constat, le film de Lee en sort quelque chose d'autre qu'une pure démonstration qui, une fois achevée, n'aurait plus rien d'autre à faire porter.


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 01:12 
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Mufti a écrit:
je ne sais pas parler de cinéma.


Tu plaisantes ? Combien de fois tu m'a permis d'accrocher des wagons que j'aurais manqué sinon ? Peter Jackson par exemple, pour moi c'était loin d'être une compréhension immédiate. C'est en vous lisant, toi et Freak, que j'ai pu poser les mots sur ce que j'aimais, et sur ce que j'aimais moins, mais que vous saviez digéré pour moi. Y a des tas d'exemples. Je lis ton blog aussi. Merci pour le compliment en tous cas. J'aime quand on se donne envie de voir ou de revoir des films, c'est l'esprit FdC auquel je suis attaché.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 01:32 
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Et ben merci alors... Mais bon, je reste moins large et précis que toi, mais c'est pas grave... Mais c'est clair que ça rejoint à fond l'esprit FdC. Non, on ne le laissera pas crever bande de batards!


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 01:33 
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Tom a écrit:
La scène à table en est un bon exemple : tout est posé à l'intérieur (le fils et la mère à l'un et l'autre bout de la table, vrai nœud du problème, le faux père entre les deux qui va tout prendre : soit, c'est une base, je dis pas non), mais après le reste n'est qu'affaire de suivi : on regarde le repas devenir ce qu'il devait devenir, l'équation se refermer dans sa logique annoncée, et à part trouver ça dommage (l'arrivée à la fin d'une musique, si je me souviens bien, faudrait revérifier), je trouve pas que la mise en scène arrive à nous transmettre l'idée que c'est un gâchis, par exemple, ou quoique ce soit d'autre. Attention, je dis pas que le côté inéluctable est un défaut, je le trouve seulement trop peu prégnant : qu'on se sente impuissant face à la tournure que ça prend, pourquoi pas ; mais cette fatalité, il faut la mettre en scène, la rendre évidente, tangible. Car du coup, faute de regard réel proposé sur les évènements, on ne fait rapidement qu'observer les composants s'agiter au sein de la scène, l'enchaînement et les rouages, les preuves, et on retombe dans le "message" qui se fout malgré lui au premier plan.


Heureusement que la mise en scène laisse venir les choses sans surligner cette idée de gâchis ! Enfin, je comprends ce que tu veux dire. Mais à l'occasion, revois la scène. On ne s'attend pas du tout à THE scène du repas qui part en sucette lorsqu'elle commence. Ce n'est pas du tout téléphoné, le début est assez paisible, et ça devient très violent parce que complètement enfoui (et le silence des uns est aussi violent que la véhémence des autres), et ça surgit comme l'alien qui explose la cage thoracique de Kane dans le Scott... de façon horrifique et inattendue. D'ailleurs la mère conclura la scène par un terrible "j'ai honte que tu sois sorti de mon ventre" qui vient renforcer ce malaise dans les tripes. C'est suffisamment long pour ne pas tomber dans le spectaculaire facile, c'est suffisamment bien écrit et naturel pour ne pas être surligné. Les dialogues sont fleuves pour ne pas tomber dans la réplique punch line à placer dans la bande-annonce... C'est vraiment une scène extraordinaire, qui se suffit presque à elle-même. Si tu enlèves le sujet spécifique au film (grosso merdo, la racisme), j'y trouve la scène de famille la plus violente tous films confondus (même Festen, c'est tiny). Et pourtant il n'y a pas de bagarre, d'insulte ni d'hystérie. Il y a une avalanche d'arguments malaisants, et un silence découragé, presque honteux.

Citation:
Après bien sûr cette scène reste bonne, le mieux du film, car elle est impressionnante par la façon dont sont rendus son rythme et son évolution (la transformation sans qu'on s'en aperçoive, très rapidement, d'un débat un peu houleux à la catastrophe), mais j'ai vraiment l'impression que c'est à porter au crédit des acteurs avant tout.


Je me suis beaucoup interrogé là-dessus. Parce que forcément, lorsque tu écris, tu y penses. Faut-il écrire des dialogues explicites, ou noyer le poisson sous des couches de naturalisme ? Faut sacrément faire confiance aux comédiens en amont du casting, pour ne pas transformer ça en Plus belle la vie... C'est le même genre de réussites pour Kechiche. Dans La Graine et le mulet, t'as une scène de repas avec 20 personnages, et tout roule, tout est naturel, rien n'est dispensable et pourtant ils ne parlent de rien d'essentiel (bon, Kechiche oublie de faire de la mise en scène, il se contente de faire de la captation, ce qui est un renoncement formel que je regrette). Effectivement ici tous les acteurs sont remarquables. Donc c'est parce que le réalisateur est un bon directeur d'acteurs, et/ou qu'il s'appuie sur un bon texte. Or tu regardes le texte, et tout reste à faire. Tu vois le reste du film, et tu sais que Tony Kaye est plus porté sur la forme de son film que sur ses comédiens (il sait filmer un Norton silencieux devant la glace, il n'essaie pas de le faire parler devant cette glace, il a conscience de ses limites). Je pense que le mérite revient en grande partie à Edward Norton. C'est lui le véritable métronome de la scène. Parce qu'il a le rôle majeur, 70% des dialogues, il s'écrase, en montre peu, intériorise, parait charmant, rassurant, pas haineux du tout, laisse la place aux autres. Et lorsque ceux ci se murent dans le silence honteux (parce qu'il n'ont plus de texte) : boum, il déchire la cage thoracique.

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Dernière édition par Z le 19 Mai 2010, 02:45, édité 2 fois.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 01:51 
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Je t'ai bien lu, je vois ce que tu veux dire, mais comme je le disais je met pour l'instant de côté cette scène de repas, faute de l'avoir précisément en tête.

Pour Kechiche, et ce dont tu parles de manière générale, j'ai l'impression que c'est globalement le problème du cinéma naturaliste. Objectivement, c'est une série de procédés inattaquables, mais tous les efforts de découpage ne courent finalement qu'après la recherche d'un mimétisme parfaitement abouti (avec certes ce que ça implique d'astuces, de travail, et d'intelligence pour recréer cette impression de réel), et non après le besoin d'en faire émerger, par des choix de mise en scène, des idées et une vision du monde qui découlent de la forme comme par épiphanie. En gros, on pose dans le film une idée déjà toute prête, et on essaie parallèlement de rendre ce qu'on filme le plus réaliste possible, en partant du principe bizarroïde que si le tout a l'air "vrai", ça cautionnera du coup forcément le message qu'on a posé à l'intérieur (que ça le transformera en "preuve", puisque par la forme on lui a donné toutes les apparences du naturel). C'est le genre de démarche qui m'irrite chez Loach , par exemple, qui croit qu'en montrant une série de méchants flics et en leur donnant un air diablement naturel/documentaire, il va par-là même me prouver que les flics sont méchants...

Bon après, chez Kechiche, je trouve qu'il y a beaucoup plus que ça, une construction par vagues d'énergies successives qui finissent par tisser une narration, quelque chose qui ressemble finalement un peu à ce que tu décris dans la structure de la scène dans Americain History X qui, si je t'ai bien compris, crée avant tout sa structure en jouant sur les variations d'énergie du jeu d'acteur.


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 14:04 
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Tom a écrit:
Pour Kechiche, et ce dont tu parles de manière générale, j'ai l'impression que c'est globalement le problème du cinéma naturaliste. Objectivement, c'est une série de procédés inattaquables, mais tous les efforts de découpage ne courent finalement qu'après la recherche d'un mimétisme parfaitement abouti (avec certes ce que ça implique d'astuces, de travail, et d'intelligence pour recréer cette impression de réel), et non après le besoin d'en faire émerger, par des choix de mise en scène, des idées et une vision du monde qui découlent de la forme comme par épiphanie. En gros, on pose dans le film une idée déjà toute prête, et on essaie parallèlement de rendre ce qu'on filme le plus réaliste possible, en partant du principe bizarroïde que si le tout a l'air "vrai", ça cautionnera du coup forcément le message qu'on a posé à l'intérieur (que ça le transformera en "preuve", puisque par la forme on lui a donné toutes les apparences du naturel). C'est le genre de démarche qui m'irrite chez Loach , par exemple, qui croit qu'en montrant une série de méchants flics et en leur donnant un air diablement naturel/documentaire, il va par-là même me prouver que les flics sont méchants...


Mouais. Je ne suis pas certain que Kechiche fasse du cinéma à message. Je disais que sa mise en scène ressemblait plus à une captation qu'à un découpage réfléchi, c'est vrai.. mais je pense aussi que son découpage, il le fait déjà lors de l'écriture de ses dialogues. Il est plus à rapprocher de Guédiguian que de Loach, qui lui est un véritable cinéaste plastique, même si celle-ci est relativement invisibilisée. Le découpage de Loach est précis, sa mise en scène est remarquable et toujours pensée (autant qu'un Tavernier). J'aime tous ces cinéastes, perso, j'aime leurs forces distinctes et complémentaires, j'aime le fait que chacun tente une approche pour arriver au même but : servir une histoire réaliste, servir des personnages crédibles, servir un public émotionnellement impliqué.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 15:06 
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Je n'ai jamais répondu à ce top, et je trouve ça archi compliqué.

Je vais tenter de prendre les 10 cinéastes vivants qui me nourrissent le plus actuellement, et pour chacun prendre le film le plus emblématique de cette inspiration.





CASINO de Martin Scorsese (1995)
Scorsese reste mon cinéaste préféré, parce que le plus proche de la définition que je donne à la mise en scène, et le plus prolifique en terme d'inspirations diverses. Il a été aussi le guide de ma cinéphilie et m'a poussé à devenir éclectique, ce que j'étais loin d'être en commençant à m'intéresser au cinéma. Casino est particulièrement emblématique de son savoir faire dantesque, c'est une Bible, tout y est. S'il ne fallait ne garder qu'un film pour apprendre le cinéma, ce serait celui-là (que ce soit d'un point de vue écriture sur le scénario, la narration, ou technique, avec le montage ou la photographie). Un léger cran en dessous, il y a le JFK de Stone. Si Stone avait mieux réussi les scènes de famille dans son film (Sissy Spacek est assez gadget), il aurait peut-être pu le faire vaciller.

HEAT de Michael Mann (1995)
J'aime toutes les tentatives HD récentes du cinéaste, son exploration des ambiances nocturnes, sa captation du soleil de Miami, le mélange film d'époque et technologie numérique de Public Enemies. Mais son maître étalon reste Heat. La maîtrise du découpage, ces ambiances de pure testostérone, la plongée dans ces destins qui se percutent, l'inexorabilité de l'entreprise. C'est un mastodonte ce film. Avoir réalisé mon mémoire dessus ne m'a permis qu'à effleurer la bête... récemment je le redécouvre en Blu Ray. Sublime. Vivement que Révélations sorte à son tour.

IRREVERSIBLE de Gaspar Noé (2002)
Le film qui correspond à ma philosophie du cinéma : il faut que la technique soit légère, et que de cette liberté retrouvée, l’image puisse respirer et s’envoler. C’est une philosophie que l’on pourrait rapprocher du mouvement danois de 95, le Dogme, qui revenait à une certaine simplicité de la technique, qui tendait à se débarrasser de la lourdeur du cinéma, avec son côté ampoulé, l’usine à gaz avec 20 machinos sur le plateau etc., mais que Noé a encore abrogé de certaines restrictions. Aujourd’hui, parce qu'il fait confiance à la technique et à la post-production, et qu’elles lui permettent d’être totalement perfectionniste jusque dans le moindre détail, il se retrouve sur le plateau avec énormément de liberté, dans la narration et la mise en scène. Et puis le film reste une expérience inoubliable en salles, et un film puissamment organique à se réinjecter de temps en temps. Pour moi ça agit comme un coup de fouet, ça me redonne envie de faire du cinéma, ça me booste chaque fois.

CACHÉ de Michael Haneke (2005)
Haneke m'a chaque fois, film après film, un peu plus tué avec sa mise en scène. Trop puissante, trop intelligente. Écrasante. Mais brillante, pas ostentatoire, et parfois même rebutante. Moi qui écrit sur un thème où la violence joue un rôle essentiel, je me suis penché vers ses films pour réfléchir, pensant rejeter un cinéma trop froid ou trop démonstratif... et j'ai été happé par son magnétisme.

L'IMPASSE de Brian De Palma (1993)
Peut-être formellement le plus excitant de la liste, c'est dire mon amour pour ce film. De Palma reste une influence indétrônable en termes de mise en scène plastique.

LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray (2007)
Little Odessa était déjà un 6/6 scotchant. Gray possède ces talents de mise en scène et de narration parfaitement impériaux. Il est la preuve vivante que le cinéma ne s'est pas arrêté le jour où Il était une fois l'Amérique de Sergio Leone est sorti sur les écrans... Il est porteur de beaucoup d'espoir, car il sait parfaitement doser les vieilles recettes de narration, y insérer de la modernité baroque, puiser dans le classicisme et à la fois proposer une mise en scène parfaitement modèle.

LES PATRIOTES d'Eric Rochant (1994)
Le film est un modèle de réussite quasiment inatteignable en France. Il est aussi l'oeuvre d'un cinéaste meurtri, complètement écrasé aujourd'hui par ses échecs au box office, comme entamé dans ses profondes aspirations et touché dans son talent. J'aurais pu mettre LA HAINE de Mathieu Kassovitz (1995), tant il a été longtemps un modèle, et tant Kassovitz s'est révélé par la suite (mis à part Assassin(s)) condamné à décevoir. En 1995, Rochant et Kassovitz pouvaient devenir des cinéastes. Aujourd'hui, ce ne sont que des réalisateurs.

IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN de Steven Spielberg (1998)
Spielberg, c'est en moyenne un film sur deux. Quand ça marche, c'est souvent du 90% d'implication pour moi (Munich, Minority Report). Mais celui là est à 110%, comme Duel , Jaws, Indy I et III et Schindler. J'adhère totalement, et cette mise en scène reste le top du top, impossible de faire mieux. Impossible. Cuaron s'en approche le plus avec Les Fils de l'Homme lors de certains passages, mais je pense que Spielberg a été touché par la grâce sur Ryan. Tous les choix étaient les bons, le regard était novateur, et en plus le casting et le scénario étaient outrageusement au niveau de cette excellence...

FRANTIC de Roman Polanski (1988)
J'ai longtemps pensé que Polanski avait la mise en scène qui me parlait le plus, qui me correspondait le mieux. Je sens une grande osmose entre ses mouvements de caméra, ses compositions de cadre et mes tripes :wink: . Il sait me remuer et me mettre parfaitement à l'aise. Reste qu'il n'y a pas UN film qui représente ce bien-être, c'est un spectre qui s'étale sur sa filmographie, très décevante depuis La Jeune fille et la mort, que j'adore. Ça aurait pu être Chinatown, ou Cul-de-sac.. je choisis Frantic, dont la fin est foirée, mais qui est une perfection pendant près d'une heure et demie. Si un jour j'ai l'occasion d'en faire le remake... ce serait extra.

PARIS, TEXAS de Wim Wenders (1984)
Le plus beau film du monde. Ça aurait pu être La Ligne rouge de Mallick, mais je préfère celui-ci, la photographie y est plus crue. Une grande inspiration pour faire de la composition de cadre, faire des photos, et voyager, aussi.





Les autres cinéastes français encore en activité qui m'inspirent énormément : Jacques Audiard, Bertrand Tavernier, Xavier Beauvois, Laurent Cantet, Abdellatif Kechiche, et dans un moindre mesure Cédric Klapisch (Patrice Leconte est malheureusement sorti de cette liste depuis 10 ans).

Les autres cinéastes étrangers encore en activité : Lars Von Trier, Robert Zemeckis, Paul Thomas Anderson, Peter Weir, Amos Gitai, Oliver Stone, Fernando Meirelles, M. Night Shyamalan, Quentin Tarantino, Alfonso Cuaron, Alejandro González Iñárritu, Steven Soderbergh, Spike Lee, Terrence Malick, les frères Coen, James Cameron, Paul Verhoeven.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 17:45 
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Je me permets de commenter un peu, puisque tu commentes ton top.

Z a écrit:
HEAT de Michael Mann (1995)
...

Il faudrait sans doute que je le revois (en HD !) mais quand tu parles de testotérone je trouve qu'il l'est au contraire largement moins que ses autres films, même moins que Public Ennemies qui saoulent pourtant pas mal avec Cotillard.
La relation qu'a De Niro avec sa compagne et Val Kilmer avec Ashley Judd m'a quasiment autant marqué que le braquage de banque. Mais là je ne peux pas vraiment développer car je ne suis pas très bon dans cela.


Citation:
IRREVERSIBLE de Gaspar Noé (2002)
Le film qui correspond à ma philosophie du cinéma : il faut que la technique soit légère, et que de cette liberté retrouvée, l’image puisse respirer et s’envoler.

J'ai le sentiment inverse. Je le sens lourd de sa forme.
D'abord moi quand je vois un plan séquence, plus le temps s'étire et plus je "sens" le gars qui galère avec sa grue, les acteurs qui ont du apprendre par coeur leur texte, l'ingé son qui galère sa race,... Je suis complètement déconnecté du film.
Je le subis plus comme une prouesse narcissique du réal et un refus de "couper" que je ne comprends pas au cinéma. Enfin là je parle de plan séquence vraiment long et à répétitions, comme ceux de ce film.
Et ce n'est pas les mouvements de la caméra qui se fascinent du moindre truc malsain qui m'ont aidé à alléger ma peine.

Ce qui sauve la forme chez moi, c'est la puissance de l'intrigue, racontée dans le sens inverse. Terrifiant.

Citation:
Et puis le film reste une expérience inoubliable en salles, et un film puissamment organique à se réinjecter de temps en temps. Pour moi ça agit comme un coup de fouet, ça me redonne envie de faire du cinéma, ça me booste chaque fois.

Néanmoins je ne peux que être d'accord. J'en parlais hier comme une "bouffée d'air frais", je crois que c'est un peu ça. Le film est riche, que je sois à fond dedans ou pas.

Citation:
CACHÉ de Michael Haneke (2005)
Haneke m'a chaque fois, film après film, un peu plus tué avec sa mise en scène. Trop puissante, trop intelligente. Écrasante. Mais brillante, pas ostentatoire, et parfois même rebutante. Moi qui écrit sur un thème où la violence joue un rôle essentiel, je me suis penché vers ses films pour réfléchir, pensant rejeter un cinéma trop froid ou trop démonstratif... et j'ai été happé par son magnétisme

Je connais mal Haneke, je croyais que Festen était de lui (/gifle) et comme ça m'avait ennuyé je n'ai réitéré l'opération qu'avec le Funny Games U.S. qui m'a endormi.
J'ai le Ruban Blanc dans mon disque, il faut que je retente.

Citation:
L'IMPASSE de Brian De Palma (1993)
Peut-être formellement le plus excitant de la liste, c'est dire mon amour pour ce film. De Palma reste une influence indétrônable en termes de mise en scène plastique.

Le genre de film où je me sens con, j'ai vraiment beaucoup aimé mais je ne le mettrais jamais dans mon top, ni même en premier chez De Palma.
Je ne "comprends" pas ce qu'on lui trouve.

Par contre pour celui là :
Citation:
LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray (2007)

Oui.

Citation:
LES PATRIOTES d'Eric Rochant (1994)
Le film est un modèle de réussite quasiment inatteignable en France.

Je n'ai vu aucun de ses films :?

Citation:
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN de Steven Spielberg (1998)
...

Bon c'est bon, il a cité au moins un Spielberg.

Citation:
FRANTIC de Roman Polanski (1988)
...

Pareil j'ai pas vu, j'ai Chinatown qui m'attend car j'avais lu ici que c'est considéré comme "le" meilleur Polansky.

Citation:
PARIS, TEXAS de Wim Wenders (1984)
Le plus beau film du monde. Ça aurait pu être La Ligne rouge de Mallick, mais je préfère celui-ci.

Ah ouais quand même. Je note.


Désolé d'avoir...tout commenter.


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 18:20 
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Citation:
Z a écrit:
HEAT de Michael Mann (1995)
...

Il faudrait sans doute que je le revois (en HD !) mais quand tu parles de testotérone je trouve qu'il l'est au contraire largement moins que ses autres films, même moins que Public Ennemies qui saoulent pourtant pas mal avec Cotillard.
La relation qu'a De Niro avec sa compagne et Val Kilmer avec Ashley Judd m'a quasiment autant marqué que le braquage de banque. Mais là je ne peux pas vraiment développer car je ne suis pas très bon dans cela.


Tout à fait. J'ai vanté bien des fois à mes amis la présence essentielle que tiennent les femmes dans ce film. Je ne le réduisais pas à un univers masculin. Ici tout s'articule autour de tous ces couples. Dans mon dossier pour Filmdeculte, j'avais écrit ceci à propos du personnage Mannien : "Une issue fataliste qui découle d'un chemin de croix inévitable, où le héros a continué coûte que coûte, parfois à raison, souvent à tort, courant à sa propre perte, avançant vers un néant final vertigineux, pour rarement y trouver la rédemption, du moins pas aussi souvent que dans les films de Scorsese. Et dans la tempête de leur vie, tout disparaît, y compris les femmes. Du Frank du Solitaire au Mohammed Ali de Ali, en passant par le Jeffrey Wigand de Révélations, les Neil McCauley et Vincent Hanna de Heat, ou encore Will Graham du Sixième Sens, tous se trouvent devant l'évidence qu'il faut avancer seul vers son destin, se détacher de ses biens, de sa maison, de ses proches, de ses enfants, et même de sa propre compagne, pourtant autrefois synonyme de paix et d'achèvement. Une conduite suicidaire, murée dans le silence ou la réplique rare, épreuve sine qua non du héros macho et endurci, qui traverse un désert de solitude pour trouver son reflet au bout du parcours, et s'apercevoir qu'il est devenu ce qu'il s'était juré de ne jamais devenir." Et ici c'est on ne peut plus vrai. C'est même ce qui retourne les tripes lorsque De Niro décide de faire demi-tour, alors qu'il a - à ce moment précis - tout gagné.

Autrement, je ne peux que renvoyer à ma critique, sinon j'en parlerais des heures et des heures :
http://archive.filmdeculte.com/culte/culte.php?id=130

Citation:
Citation:
IRREVERSIBLE de Gaspar Noé (2002)
Le film qui correspond à ma philosophie du cinéma : il faut que la technique soit légère, et que de cette liberté retrouvée, l’image puisse respirer et s’envoler.

J'ai le sentiment inverse. Je le sens lourd de sa forme.
D'abord moi quand je vois un plan séquence, plus le temps s'étire et plus je "sens" le gars qui galère avec sa grue, les acteurs qui ont du apprendre par coeur leur texte, l'ingé son qui galère sa race,... Je suis complètement déconnecté du film.
Je le subis plus comme une prouesse narcissique du réal et un refus de "couper" que je ne comprends pas au cinéma. Enfin là je parle de plan séquence vraiment long et à répétitions, comme ceux de ce film.
Et ce n'est pas les mouvements de la caméra qui se fascinent du moindre truc malsain qui m'ont aidé à alléger ma peine.

Ce qui sauve la forme chez moi, c'est la puissance de l'intrigue, racontée dans le sens inverse. Terrifiant.


C'est étonnant cette aversion pour le plan-séquence.

Je t'ai déniché quelques citations sur le sujet, avec lesquelles tu trouveras plus ou moins d'écho à ton malaise (certaines sont contradictoires d'ailleurs) :

"Le plan-séquence est la meilleure manière de filmer la foudre lorsqu’elle tombe dans la bouteille. Orson Welles avait coutume de citer cette métaphore que connaissent bien tous ceux qui ont fait du documentaire. Cela signifie qu’il peut arriver que l’on fixe sur la pellicule quelque chose qui n’a eu lieu qu’une fois et que l’on ne captera plus jamais. Si vous parvenez à filmer un moment pareil dans tout son développement, alors vous aurez en votre possession un vrai bloc organique dont la force ne pourra jamais être recréée par des effets de montage. Car lorsque vous collez deux plans ensemble, vous créez de l’émotion, mais de manière artificielle, vous manipulez le public, c’est déjà du mensonge. Si vous voulez vraiment filmer quelque chose d’authentique au cinéma, vous n’avez pas d’autre solution que de laisser tourner la caméra pour que les acteurs fassent naître l’émotion d’eux-mêmes. C’est pour ça que certaines performances sont si impressionnantes sur scène. Elles se déroulent dans la continuité du temps théâtral. L’émotion que vous voyez monter sur le visage de l’acteur a lieu devant vous, c’est le contraire de ce qui se passe au cinéma où on s’imagine pouvoir tout recréer artificiellement." Brian De Palma

"Plan-séquence ou découpage ? J’admire les scènes sans coupe, sans trucage, dans lesquelles toute l’acuité d’un moment d’interprétation s’offre au public dans sa continuité vraie. C’est ainsi que je m’affirme fanatique de George Cukor et de son école. Mais je n’en aime pas moins les films fortement découpés : cet héritage de Griffith, cette précision toute mathématique du montage qui se pratiquait dans le cinéma muet, nous ne devons pas les refuser. Je n’apprécie le montage que lorsqu’il est le fruit d’une inspiration pure, et que chaque plan existe en fonction du style. Truffaut ou Malick n’avaient jamais recours au montage pour rattraper des faiblesses de tournage." Nestor Almendros (chef op des Moissons du ciel de Malick, entre autres)

"On dit souvent que le plan-séquence laisse une grande part à la réalité, c'est faux. Dans le plan-séquence, il y a aussi un montage qui ne se fait pas sur la table de montage mais dans le tempo du plan, dans les choix de cadrage, dans le choix de suivre untel, à tel moment… donc, pour moi, il n'y a pas de surplus de réalité qui surgirait d'un plan-séquence. Même si c'est l'illusion que ça peut créer. Je pense qu'il y a du montage dans le plan." Pierre Carles

"J’aime bien les plans-séquences parce qu’ils t’obligent à créer une ambiance pour après la filmer. Alors c’est vrai que s’il y a de mauvaises vibrations sur le plateau, du coup, ton plan est foiré et tu ne peux plus rien faire. Mais même si c’est peut-être un peu de la paresse, c’est surtout un choix. En ce moment, ça ne me gêne pas de voir du découpage chez les autres, mais je n’ai plus envie de découper les unités temporelles moi-même, à moins que je ne trouve une raison particulière de sauter d’un plan à un autre. Peut-être que c’est une phase. En ce moment, je me sens bien à tourner des plans-séquences et dans la plupart des trucs que j’ai en tête, il n’y a presque pas de montage." Gaspar Noé

"Je suis habitué aux plans-séquences. Dans Code Inconnu, j'avais déjà des plans-séquences très longs avec beaucoup de monde. Pour les acteurs, c'est très agréable parce qu'au théâtre, ils ont l'habitude de développer les sentiments. Dans le cinéma, en général, on a champ / contre-champ, l'acteur doit produire des morceaux de sentiments. Chaque acteur aime avoir la possibilité de développer ses sentiments. En même temps, si un seul fait une faute, il faut tout refaire, c'est le risque mais c'est aussi une chance. L’idéal serait de faire un film avec un seul plan. C’est difficile. J’ai entendu que Sokourov a fait un film de 90 minutes en un seul plan. Je ne l'ai pas vu, je ne peux rien dire. Théoriquement, c'est une belle idée parce que ça veut dire que la manipulation, du temps au moins, n'existe plus. Le cinéma manipule toujours, car le cadre c'est déjà une manipulation. Mais au moins du point de vue du temps, il n'est pas manipulé si on est en plan-séquence. C'est aussi pour ça que j'aime beaucoup ce procédé." Michael Haneke

Citation:
Je connais mal Haneke, je croyais que Festen était de lui (/gifle) et comme ça m'avait ennuyé je n'ai réitéré l'opération qu'avec le Funny Games U.S. qui m'a endormi.
J'ai le Ruban Blanc dans mon disque, il faut que je retente.


Comme pour Noé, ce n'est pas un cinéma que je peux recommander. Surtout si Funny Games t'a endormi.

Citation:
Citation:
L'IMPASSE de Brian De Palma (1993)
Peut-être formellement le plus excitant de la liste, c'est dire mon amour pour ce film. De Palma reste une influence indétrônable en termes de mise en scène plastique.

Le genre de film où je me sens con, j'ai vraiment beaucoup aimé mais je ne le mettrais jamais dans mon top, ni même en premier chez De Palma.
Je ne "comprends" pas ce qu'on lui trouve.


Un ton mélancolique unique, l'anti-film de gangsters par excellence (précisément l'anti-Scarface pour De Palma et Pacino) et surtout une mise en scène somptueuse, basée sur le caméra subjective et le plan-séquence. A un moment, De Palma abandonne son scénario sur le côté et se met à raconter son histoire rien qu'avec ses plans et ses images. Et je trouve ça sublime. De toute façon, De Palma utilise tellement bien le steadycam, qu'il pourrait me faire suivre un type qui monte en caméra subjective et en continu les 50 étages de la Tour Montparnasse, je serais littéralement fasciné.

Citation:
Citation:
LES PATRIOTES d'Eric Rochant (1994)
Le film est un modèle de réussite quasiment inatteignable en France.

Je n'ai vu aucun de ses films :?


Je n'en conseille aucun autre. Mais Les Patriotes, ça se tente.

Citation:
Citation:
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN de Steven Spielberg (1998)
...

Bon c'est bon, il a cité au moins un Spielberg.


Si tu fouilles dans les méandres de ce forum, tu retrouveras peut-être une discussion dantesque autour de La Liste de Schindler, où ton humble serviteur s'est démené corps et âme pour défendre le maître.

Citation:
Citation:
FRANTIC de Roman Polanski (1988)
...

Pareil j'ai pas vu, j'ai Chinatown qui m'attend car j'avais lu ici que c'est considéré comme "le" meilleur Polansky.


Chinatown, ça passe ou ça casse. Soit on n'y voit que classicisme poussiéreux, soit on est démonté en mille morceaux par la mise en scène d'une précision d'orfèvre du violeur le plus connu de la planète.

Citation:
Citation:
PARIS, TEXAS de Wim Wenders (1984)
Le plus beau film du monde. Ça aurait pu être La Ligne rouge de Mallick, mais je préfère celui-ci.

Ah ouais quand même. Je note.


C'était un foruméen qui m'avait intrigué sur ce film, je le remercie encore au passage..

Citation:
Désolé d'avoir...tout commenter.


Ben non, c'est chouette.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 18:53 
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Puisque tout le monde y va du sien...

Un condamné à mort s'est échappé (Robert Bresson, 1956)
Vaudou (Jacques Tourneur, 1943)
Disneyland, mon vieux pays natal (Arnaud Des Pallières, 2002)
La splendeur des Amberson (Orson Welles, 1942)
Si tu tends l'oreille (Yoshifumi Kondo, 1995)
Le miroir (Andreï Tarkovski, 1975)
Abyss (James Cameron, 1989)
La terre (Alexandre Dovjenko, 1930)
Le village (M. Night Shyamalan, 2003)
L'aventure de Mme. Muir (Joseph L. Mankiewicz, 1947)

J'ai beau avoir réfléchi le truc 50 fois, j'ai l'impression que c'est quand même gentiment aléatoire...


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 18:55 
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Citation:
Disneyland, mon vieux pays natal (Arnaud Des Pallières, 2002)


Tiens, en fouillant mes disques durs, j'ai retrouvé ça en me disant "kesse c'est c'truc". C'est quoi, dis ?

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 19:04 
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Z a écrit:
Tiens, en fouillant mes disques durs, j'ai retrouvé ça en me disant "kesse c'est c'truc". C'est quoi, dis ?

A la base, c'était une commande d'Arte à plusieurs cinéastes sur le thèmes "Voyages" : il devaient réaliser un film qui fonctionne par une structure en petits segments (7-10 minutes, au cas où quelqu'un zappe). Comme destination, Des Pallières a choisi Disneyland, donc. Et contrairement à ce que je pensais, il a pas filmé à la sauvette du tout : y a eu un contrat avec le parc, dont les dirigeants étaient sans doute pas assez cinéphiles pour se dire que le cinéma, c'était aussi du son (rien dans le contrat là-dessus, apparemment). Cela dit, le film a jamais été sorti après sa diffusion, sans doute pour des problèmes avec le parc, ce qui fait qu'on a que ces copies internet pourries à se mettre sous la main (bon, à la base c'est du DV, mais quand même).

Le film lui-même, c'est bizarrement pas du tout un truc à charge - le côté "disney méchant capitaliste" ne l'intéresse pas du tout, ou tellement peu.
Je vais très mal en parler... Voyons voir : c'est un film qui parle de l'enfance, et du chagrin abyssal de savoir qu'on ne le sera plus jamais. Plus concrètement, ca parcourt le parc comme un monde en soi, une sorte d'utopie ratée (Bioshock quoi !) dont on partage la tristesse. C'est aussi bizarrement hanté par le spectre de la Shoah (ce dernier plan, brrr), comme une vision étrange de ce qu'ont pu les camps vus à travers les yeux des enfants. C'est incroyablement narratif (j'ai jamais vu un film raconter aussi bien les histoires). Et c'est une fusion totale, constante, images-musique-son, un rythme qui ne se relâche jamais.

Voilà, je le vends très mal, mais c'est un film fulgurant, d'une beauté incroyable, et je vous le conseille.


EDIT : si tu veux un extrait pour te convaincre > http://www.youtube.com/watch?v=oszr35xNhqQ


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 19:07 
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Tu as vu son truc sur Gertrude Stein?


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 19:09 
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Tom a écrit:
on a que ces copies internet pourries à se mettre sous la main


Ouais, c'est ce que j'ai. Téléchargé lorsque Zad - je crois que c'est lui - en avait dit du bien. Ok je vais regarder ça. Merci.

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 19:11 
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Gerry a écrit:
Tu as vu son truc sur Gertrude Stein?

Oui, et bon, j'ai absolument pas accroché. C'était y a 5 ans, je devrais peut-être re-essayer, mais sur le coup ca m'avait déçu, je m'étais fait chier.
Pour la suite, j'adore Les choses rouges, j'accroche à une bonne partie d'Adieu (un peu moins sur les 3 frères), je trouve Parc raté ; et j'ai très envie de voir Drancy Avenir.

C'est marrant parce que je me rend compte que bien que considérant la plupart des films vus comme ratés, c'est dans ma tête le meilleur cinéaste français actuel...


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