Chroniques de l'attente.
Petit retour sur les deux premiers mois de vie de mon bouquin... On le savait, c'était un petit livre, pour une petite sortie, chez un petit éditeur, avec la possibilité que le succès, bien que modeste, arrive sur la durée. Avec une telle publication, on apprend la patience. Et on a quelques surprises aussi.
1°/ D'abord la soirée d'inauguration du 20 avril, à la librairie
Parallèles à Paris. Une vingtaine d'exemplaires vendus, ajoutés à une dizaine récupérés par des lecteurs l'ayant acheté via la campagne participative. Des amis, des collègues, certains que je n'ai pas vus depuis vingt ans, et FF qui me demande de le prévenir si je signe un autographe à une nana avec qui j'ai couché !
On me demande s'il y a une lecture, un débat... Non, mais on aurait dû le préciser, erreur de notre part. La première des nombreuses que l'on fera.
Deuxième erreur, c'est de compter sur les 180 personnes que je ne connais pas mais qui ont répondu "Oui" à l'invitation (Facebook + Linkedin). Sur la totalité, personne ne viendra !!! Je me doutais bien qu'il ne fallait pas trop tenir compte de ce genre de réponse, mais quand même, à ce point, putain...
Puis il y a les incompréhensions, comme ce collègue de ma sœur, qui passe me serrer la main et se barre sans acheter le livre. C'est son droit, hein, aucun problème avec ça... Mais le gars traverse Paris pour ça, alors qu'il ne me connaît pas ? Ok...
La libraire, à la toute fin de soirée, me révèle qu'elle a terminé la lecture la veille, et qu'elle l'a absolument adoré, tout particulièrement la structure en empilement (d'emmerdes, de personnages, de bagarres, d'alcool, de cadavres...). Et qui me demande de lui dédicacer un exemplaire pour Josse, ancienne chanteuse des années 80 au sein du groupe
12°5, que je cite plusieurs fois dans le livre. Bref, soirée sympa, suivie d'une excellente pizza.
A ce moment on dépasse les 100 exemplaires vendus, pas mal pour un livre sorti le 17 avril !
2°/ Puis on reprend la vie réelle... Et je redécouvre l'attente : les commandes, les appels de libraires, les articles de journaux... C'est lent, putain ce que c'est lent.
On relance, on relance, chaque jour on demande aux lecteurs de publier leur avis, ça prend des plombes, ça soule tout le monde, même ma sœur met un mois pour poster le sien (
reminder pour Deud et QGJ, d'ailleurs). Et niveau presse, j'en ai déjà parlé ici, on commence à comprendre qu'on n'aura aucun retour (pas même de
AnotherWhiskyForMisterBukowski, sur lequel on comptait beaucoup... Sipan, là !!!).
3°/ Puis le vendredi 5 mai, mon téléphone sonne, il s'agit d'une libraire du Pradet, absolument folle d'enthousiasme pour le livre, qui me parle de roman "
génial", "
rare", "
très bien écrit", etc. Je suis totalement éberlué (je suis fier de mon bouquin, mais bon...).
Elle me demande si je ne passe pas par Toulon dans les prochains mois pour une séance de dédicaces, moi qui vais justement en vacances au Lavandou (à 30mn du Pradet) deux semaines plus tard. Coup du sort, destin, Dieu... Rendez-vous est pris pour une journée entière de signature le samedi 20 mai... grâce à un autre auteur hospitalisé qui me cède sa place.
4°/ Ce jour-là, il pleut à torrents sur toute la côte, il doit y avoir vingt personnes qui entrent dans la librairie en huit heures, et généralement pour le coin papeterie... Je parviens à vendre péniblement 9 exemplaires. Bref, j'attends donc une journée les bras croisés (avec ma copine à côté de moi qui ne peut sortir se balader à cause de la pluie). Heureusement, je discute un peu et bois quelques cafés : les deux autres libraires de la même boutique sont tout aussi dingues du livre et m'en parlent toute la journée. Et décident d'en garder 11 exemplaires de plus, en achat ferme !
Là, je découvre les notion de dépôt (le libraire accepte de garder le livre en stock pendant un temps donné, et vous rend les invendus) et d'achat (le libraire achète le livre et vous êtes payé, qu'il soit vendu ou pas à des lecteurs).
Au final, donc, 9+11=20 ex vendus. Je ne m'en sors bien et je reviens avec une valide plus légère...
4°/ Sur les plages du Lavandou, je décide d'écrire à des dizaines de blogueurs, instagrameurs, youtubeurs, etc, pour leur proposer un exemplaire presse numérique. En une semaine, je reçois une quarantaine de réponses positives, c'est totalement addictif ! Je leur envoie le bouquin, tout en notant bien les noms, URL, nombre de followers, dans un fichier Excel de suivi qui se remplit peu à peu. Puis j'attends... J'attends, j'attends...
Le temps passe, et passe encore le temps.
Quelques jours plus tard, alors que je ne peux m'empêcher de checker Google... tous... les... matins, les premiers avis tombent et ils sont... excellents. Alors je sais bien que le blogueur est généralement peu fiable, mais quand même, ça fait plaiz'. De même, quelques avis tombent sur sur Amazon, Fnac (ou sur le forum), tout aussi positifs. Je commence à rager devant les journalistes qui ne répondent pas.
Et petit à petit, les commandes arrivent. Tout doucement. Modestement. Trois exemplaires le même jour pour la Fnac, un autre le lendemain via Amazon, etc.
5°/ On saute au 15 juin. La librairie
Envie de lire, à Ivry, me propose (via son association de lecteurs) un débat. Cette fois, je m'emmerde moins : pas d'événement FB ni rien, je laisse la librairie préparer le truc et me contente de transférer l'invitation. Le soir venu, je me retrouve devant une douzaine de personnes (dont quatre qui viennent de ma part). C'est peu, mais on commence petit comme l'a fait Fred Vargas (n°1 des ventes ce mois-ci) avant moi, et on a au moins l'impression d'exister, face à des personnes qui vous écoutent religieusement. Les questions sont passionnantes : l'inspiration bien sûr, mais aussi les techniques d'écriture (notamment la question du plan), l'édition (la couverture, la police...), les couleurs, les odeurs, les références ciné et littéraires, le risque que le personnage soit pris pour modèle, le réalisme... Et même la mention "
texte intégral" est évoquée et expliquée par l'éditeur !!
Moi je suis dans mon élément, je parle pendant 90 minutes de littérature et d'écriture. Mieux, de mon écriture : je fais partie de ces gens qui ne sont jamais aussi à l'aise que quand ils parlent d'eux-mêmes. Bonheur absolu, j'aimerais faire ça tous les soirs, c'est plus gratifiant et moins cher qu'un psy.
En tout huit exemplaires vendus, j'ignore ce que la librairie fera des 12 autres (achat ? dépôt ? Parviendra-t-elle à les vendre ?).
6°/ Séance de signature le 17 juin à La Charité-sur-Loire... Le bide absolu, un exemplaire vendu (à une cousine !). Personne ne saura jamais pourquoi en trois heures, seules quatre ou cinq personnes entrent dans la librairie. A la caisse, la libraire, hyper sympa, est dépitée, me bafouille des excuses toutes les demi-heures. Griller deux jours (du vendredi après-midi au samedi soir) pour un exemplaire, c'est l'énorme déception. Sans compter le fait de rester le cul sur une chaise pendant des heures à regarder le plafond. J'ai bien cru piquer du nez plusieurs fois...
Surprise : au moment de partir, alors que je m'apprête à remballer les 19 exemplaires restant, la libraire m'annonce qu'elle a tellement adoré le livre (surtout son humour), qu'elle garde les exemplaires en achat. L'éditeur avait juste oublié de me prévenir ! BIM, 1+19=20 exemplaires vendus d'un coup. Finalement j'ai bien fait de venir !
Dommage, le train retour de 18h44 aura près de deux heures de retard et me fait louper l'anniversaire de FF. Les TER de province... J'aimerais avoir mon PC avec moi pour continuer le manuscrit que je viens de commencer (7.012 caractères écrits à l'heure qu'il est).
7°/ Prochaines étapes : 27 juin midi, signature à mon boulot (où la plupart des mes collègues l'ont déjà acheté, donc il faudra qu'on cible les autres salariés), et 27 juin soir, participation à une conférence sur le fait de concilier un boulot et une passion... Puis un atelier d'écriture dans le 77, une potentielle signature à Massy, peut-être deux ou trois salons... Et, j'espère, d'autres nombreuses critiques d'internautes ? Beaucoup d'attente en perspective, donc...
Prochaine fois, je vous raconte les problèmes liés à l'édition et la publication du livre (les coûts, le démarchage des librairies, les relations presse, les bases de données, etc.)...
Le livre est toujours dispo en version brochée ou numérique : https://www.popcards-factory.com/
Vu les pourcentages pompés par Amazon / Fnac, vaut mieux le prendre sur le site de l'éditeur