Un enfant poignarde un policier véreux ayant tué son père, un syndicaliste du sud. Le garçon fuit à Bombay, où il est recueilli par la communauté tamoule, qui y est malmenée par les autorités...
C'est un film de mafia, et beaucoup de choses qui m'irritent dans le genre sont ici idéalement maniées. Ça a déjà l’ambiguïté d'être un film positif sur la mafia, qui la représente comme nécessaire, qui en fait désirer l'avènement. Le parcours du parrain étant totalement dénué de fascination pour la richesse et le pouvoir, le film focalise uniquement le malaise et les hésitations sur les questions d'auto-justice. Si la verbalisation de ces enjeux n'est pas toujours très heureuse, il y a donc ici le moyen de traiter de personnage humains, lucides, intelligents, aux choix légitimes, sans cette espèce de distance qui cadenasse souvent pour moi l'identification face au genre.
Et pourtant, si Mani Ratnam confirme qu'il est un cinéaste solide, je me suis surpris à souvent m'ennuyer. Ça ne manque pourtant pas de personnalité, d'ailleurs on peut déjà jouer à l'auteurisation en partant à la pêche des récurrences avec Bombay : enfants qui adoucissent les conflits des adultes, conquête macho (harcelante, limite imposée) de la femme promise, entrelacement de l'intime et du politique, foules pulsionnelles... Il reste que, même si chaque scène part toujours d'une configuration prometteuse, j'ai rarement l'impression que Ratnam arrive à mener leur potentiel à bout, flirtant toujours avec une approche plus plate se reposant trop sur la force supposée de telle ou telle étape scénaristique, évoquant en cela parfois une production TV (le format 4/3 mixé au style 80' doit pas y aider).
Peut-être un début d'explication : le film traite du lien d'un homme à une foule, or Ratnam est surtout percutant, j'ai l'impression, dans les scènes intimes d'apprivoisement, d'épiages et réaction, de personnages contemplés qui se cachent - ce qui concerne encore ici quelques jolies scènes, comme la visite au bordel :
Mais en fait, mêmes dans les scènes intimes clé (les confrontations avec la fille, la loi et la mafia qui décident dans une cellule de prison du meilleur destin pour le peuple...), je vois peu d'étincelles.
C'est bizarre, il y a tout pour me plaire dans ce film, je suis assez surpris qu'il m'ait glissé dessus.
Concernant le DVD (Pyramide) : L'édition DVD des films indiens est un enfer, le pire au monde dans ce domaine, je crois. Et bien celui-là est relativement honorable : certes c'est du 29.97 interpolé, c'est pas méga-défini, y a un logo incrusté, les couleurs sont pâlottes, un passage issu d'un master plus crade... mais globalement l'image est correcte. Rien d'autre que des sous-titres anglais à la truelle (du genre : un tiret et la phrase associé sur la ligne en-dessous), il y a un srt sur le web qui les reprend en les arrangeant un brin. Dans l'un comme dans l'autre, les dialogues hindi et anglais (plus ou moins non compréhensibles pour les persos) ne sont pas traduits.
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