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MessagePosté: 03 Oct 2020, 21:44 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Et c'est reparti pour un tour, consacré cette fois-ci au festival de Saint-Sébastien avec vingt films passés là-bas, le plus souvent en compétition.
Mon auto festival de San Sebastian


France (4)

Thalasso de Guillaume Nicloux
J’aime beaucoup la personnalité de Guillaume Nicloux, presque plus que ces films, je crois. Suite de L’Enlèvement de Michel Houellebecq (qui m’avait permis d’interviewer les deux à Berlin, super souvenir, Thalasso ne tient pas toutes les promesses de sa rencontre entre les deux « monstres », la faute à un dernier acte un peu trop en roue libre-je ne sais pas comment terminer mon film, mais le plaisir est là, devant les supplices subies par le romancier et le côté mauvais bougre de Gégé.
3/6

Orpheline d’Arnaud des Pallières
Quelle affiche atroce pour un film original, pas totalement réussi (j'ai du mal avec les parties d'Adèle Exarchopoulos et de la fillette) mais qui touche aussi du doigt quelque chose d'universel, le sort des filles nées sous une mauvaise étoile. J'aime bien comment le réalisateur approche le thriller sans jamais s'y abandonner totalement, comment il parvient à transformer la fin a priori triste pour l'héroïne en un acte libérateur. Et Adèle Haenel c'est quand même une sacrée actrice.
4/6

Eden de Mia Hansen-Love
Imaginez si le film sortait aujourd'hui avec Vincent Lacoste dans le rôle d'un des Daft Punk, Vincent Macaigne, Zita Hanrot, Laura Smet... Mais sans leur confier un premier rôle. C'est exactement ça Eden, une épopée sur la French Touch qui ne choisit pas les héros du mouvement, mais des seconds couteaux qui frôleront le succès et la grande vie (artistique) mais resteront derrière les platines, pour progressivement disparaitre de la mémoire collective. Je me souviens d'ailleurs des groupes de mon époque, Mellow, Three Guys Never In, Kid Loco... Que sont-ils devenus ? Cela m'a beaucoup touché, même si la deuxième partie est beaucoup trop longue, surtout que Cheers fait du surplace et que le héros (pas très convaincu par l'acteur) s'enfonce petit à petit dans le néant mais toujours au bras de filles canons. Le film parvient à toucher quelque chose du doigt, les rêves de cette génération (la mienne) qui vont se confronter au réel de la vie adulte, ce sentiment que tout était possible (en tout cas, la société nous le vendait comme tel) pour finir par revenir chez maman à la trentaine (cela n'a pas été mon destin mais il s'en ait fallu de peu). Mia Hansen-Love a vraiment beaucoup de talent derrière la caméra et si le film n'est pas parfait, elle saisit parfaitement la mélancolie des trentenaires.
5/6

The Father de Florian Zeller
Je l'avais manqué en salle. C'est effectivement très fort, très bien joué et écrit. Pour qui a eu un proche atteint de la maladie d'Alzheimer, le film ravive de bien mauvais souvenirs - mais permet aussi d'entrer en empathie avec le personnage principal. Si j'avais un reproche à faire, c'est peut-être dans la théâtralité conservée du récit - les trois actes bien distincts, les entrées et sorties des personnages, les jeux sur le décor qui évoluent - mais ce serait nier l'efficacité du dispositif.
4/6


Amérique du nord (3)

The Disaster Artist de James Franco
Je ne connaissais pas le phénomène The Room avant la sortie du film et j’avoue ne pas avoir beaucoup d’affection pour les nanars amateurs (je préfère les vraies catastrophes industrielles comme Vercingétorix)… Pendant une heure, le film m’a plutôt plu, pour son côté Bromance à la Richard Linklater, ensuite je me suis un peu ennuyé, il faut l’admettre. Le côté tournage de film qui vire à la catastrophe, on a déjà vu ça 1000 fois et en mieux (Ça tourne à Manhattan notamment) et je trouve que l’on perd progressivement de notre affection pour le duo, le film penchant trop du côté de Greg. Bon, c’est jamais nul, je comprends la fascination de James Franco pour Tommy Wiseau, surtout que lui aussi fait de très mauvais films. Mais on est loin du Ed Wood de Tim Burton.
3/6

Sale temps à l’hôtel El Royale de Drew Goddard
Pris beaucoup de plaisir devant ce divertissement haut de gamme, un peu longuet dans son exposition, mais qui utilise parfaitement son décor (toujours eu un faible pour les hôtels au cinéma) et son scénario à rebondissements. Le film n'est pas parfait, bien sûr, mais il compense les trous de son scénario (des persos qui font parfois n'importe quoi) par une vraie générosité dans sa mise en scène (surpris par exemple par les moyens déployés dans les flashbacks). Je conseille.
4/6

Crock of Gold de Julien Temple
Documentaire sur le mythique Shane MacGowan, le leader des Pogues - groupe culte punk-folklorique irlandais. Le film insiste beaucoup sur son côté poète maudit (et souvent bourré) et j'ai été un peu déçu que l'on mette autant de temps (presque une heure) à écouter la musique des Pogues (surtout qu'on doit se taper Johnny Depp producteur). D'ailleurs la fin du film est presque malaisante (est-ce volontaire ?) avec cette épouse qui arrive d'on ne sait où pour profiter de MacGowan hélas déjà un peu parti dans l'espace. Mais pour les images d'archives, pour les jeunes générations qui ne connaissent pas le gars, le film mérite le coup d'oeil avant de se boire une pinte de Guiness.
3/6

Europe (5)

Les Sorcières d’Akelarre de Pablo Agüero
Joli film espagnol, entre Mustang (pour la bande de filles) et Benedetta (pour la question du désir et de la sorcellerie). Si le scénario est un peu prévisible dans son déroulement, c'est la mise en scène et le charme de son actrice principale qui font la différence, notamment dans la séquence finale, qui a touché mon coeur sensible aux souffrances des jolies basques (d'ailleurs j'aime bien aussi le jeu sur les langues parlées).
4/6

La Isla minima d’Alberto Rodriguez, Espagne
Solide polar espagnol à la réputation flatteuse, qui mêle décor de bayou ibère (avec flamants roses) et sous-texte post-franquiste. Le réalisateur a bien travaillé son James Gray illustré avec de belles scènes de poursuite sous la pluie et si ça manque un peu de personnalité derrière la caméra - je pense que Sorogoyen est un meilleur metteur en scène de Rodriguez, cela soutient aisément la comparaison avec ces homologues ricains. Le scénario, à défaut d’être très original, est plutôt solide, se permettant même le luxe de ne jamais tout expliquer. Bref je conseille (sur Univers Ciné par abonnement).
4/6

Eva en Août de Jonas Trueba
Beaucoup aimé ce portrait de jeune femme espagnole entre Rohmer et HSS, qui prend le temps de la flânerie madrilène pour raconter le vertige existentiel de la fin de cet âge entre deux vocations, deux amours, deux apparts...
4/6

Fitzcarraldo de Werner Herzog
C’est extraordinaire. Je l’avais vu lors d’une nuit Herzog, et comme c’était le dernier, j’avais un peu dormi… mais j’avais gardé des images très fortes du film. Quel projet, quelle folie, quelle mise en scène aussi (ta gueule Serge Daney). Toute la première partie est animée d’une douce folie, avec des personnages assez incroyables. Et puis on prend le bateau et là ça devient autre chose, un Apocalypse Now sans guerre. Le film a été attaqué à sa sortie pour son approche colonialiste alors que le film porte justement en lui la critique de la colonisation. Et Kinski bordel.
5/6 (un point pour le deuxième acte, trop long).

The Captain de Robert Schwentke
Très dérangé par ce film dont j'ai dû mal à saisir le point de vue de son auteur (qui a fait des mauvais films à Hollywood). Techniquement, rien à dire: c'est efficace, rythmé, les acteurs sont bons. Mais je trouve le propos très ambigu, dédouanant l'ordure en mettant en scène une comédie du simulacre qui tourne mal. Je ne connaissais pas l'histoire et c'est en lisant la page Wikipedia que j'ai mieux saisi les massacres qu'il a commis, pas seulement par peur d'être pris pour un autre mais guidé par la haine. 
2/6

Amérique latine (3)
La Llorona de Jairo Bustamante, Guatemala
Je suis le réalisateur guatémaltèque depuis son premier et brillant film Ixcanul. Ici, il conclut sa trilogie de la haine avec un film de fantôme politique, plus intéressant que totalement réussi, qui manque un peu de surprise dans sa narration - et aussi de vrais moments de frisson. Mais il est jeune (enfin 42 ans quand même), explore le Mal de son pays avec un vrai sens de la mise en scène.
3/6


Les Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz, Chili

4h30 vu... en quatre fois. J'ai beaucoup lutté contre le sommeil, non pas que la qualité du film en soit directement la cause, mais son rythme particulier, sa musique aussi, me plongeait souvent dans la rêverie puis le coma. Et pourtant j'ai aimé le romanesque, la mise en scène, ce récit en boucle - qui peut juste être les jeux de l'enfant devant son théâtre fabriqué. La première partie est assurément la meilleure, avec même une pointe de fantastique mais l'exode final m'a rappelé Zama de Lucrecia Martel.
4-5/6

La Vida Util de Federico Veiroj
Charmant film uruguayen qui prend le prétexte d'une fausse histoire de cinémathèque qui va fermer pour raconter une histoire d'amour à l'ancienne, presque muette. C'est court, érudit et j'en suis ressorti le sourire aux lèvres.
4/6

Asie (6)
Illang : the Wolf Brigade de Kim Jee-woon, Corée du Sud
J'aime beaucoup le film d'animation original, j'apprécie le cinéma de Kim Jee-woon et pourtant, hélas, cela ne fonctionne pas beaucoup à l'écran. Si les scènes d'action sont pas mal, le manque de nuance dans le jeu de l'acteur principal et le scénario très embrouillé ne permettent jamais au film de décoller. Alors après ce n'est pas un mauvais film, c'est juste trop long et décevant quand on connait l'oeuvre furieuse du réalisateur.
3/6

Passion simple de Danielle Arbid
Très belle affiche pour cette adaptation d'un court roman d'Annie Ernaux très cash et sexué (pas lu le livre, je suppose que c'est fidèle). Lætitia Dosch est démente et ardente, le propos à rebours du féminisme de réseaux sociaux avec cette femme soumise au désir d'un homme viril (pas fan de l'acteur russe). C'est un peu répétitif, j'ai été moyennement convaincu par le dernier tiers mais c'est (dé)culotté .
3/6

True Mothers de Naomi Kawase
Curieuse affiche qui met l'accent sur des personnages qui vont vite devenir secondaires. Car Naomi Kawase ne raconte pas seulement une histoire d'adoption, elle dresse aussi et surtout le portrait d'une mère-enfant qui ne parvient pas à faire le deuil de l'abandon de son enfant. Et c'est cette partie-là du film qui est véritablement poignante. Loin de l'image zen qu'on lui accole (et dont elle abuse parfois un peu comme dans son précédent film avec Juliette Binoche), la cinéaste japonaise affronte toujours le mélodrame avec une certaine cruauté, avec une rage intérieure dont elle témoignait dans Hotaru et que l'on retrouve ici. C'est un peu long - pour le coup j'aurais sacrifié le personnage de la copine qui sert de leurre à l'intrigue -, mais j'ai écrasé ma larme (et j'ai un coeur de pierre, vous le savez).
4/6

L’Attentat de Ziad Doueiri, Liban
Adaptation du roman de Yasmina Khadra (que je n’ai pas lu), L’Attentat déjoue totalement l’attente de son pitch - je pensais que ce serait un film d’espionnage qui retarderait la révélation sur le fait que sa femme soit kamikaze ou non - pour se concentrer sur un personnage qui ne veut pas choisir son camp, entre Israël et Palestine, quitte à tout perdre - sa femme, ses amis, son identité. Alors bien sûr, il faut passer par un scénario un peu trop didactique et parfois un peu grossier sur le plan des symboles. Mais l’acteur est très bien - Ziad Doueiri est un excellent directeur d’acteur - et le fait que le film ait beaucoup dérangé par son refus de choisir un camp (censuré dans les pays arabes… qui ont produit le film) renforce son propos.
3-4/6

A Dark, Dark Man d’Adilljahn Yerzhanov, Kazahtakstan
Nouveau film de Yerzhanov dont La Tendre Indifférence du monde m'avait déjà séduit. Ici, on est plus dans le registre d'un Takashi Kitano des steppes avec l'odyssée macabre d'un homme corrompu qui se découvre un sens moral au contact d'une journaliste. C'est très beau formellement, bien sombre même si le réalisateur donne aussi dans un certain burlesque, un peu lent, surtout dans sa première partie mais ça mérite le voyage au Kazakhstan (d'ailleurs surpris que le régime totalitaire de ce pays finance ça).
4/6


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MessagePosté: 24 Jan 2021, 09:33 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23987
Bon presque à mi-parcours. Pas la meilleure sélection pour l'instant...


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MessagePosté: 24 Jan 2021, 09:36 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36698
Localisation: Paris
A quand "Mon festival Croq’Anime" ?

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 06 Nov 2021, 00:01 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23987
Et donc le palmarès tant attendu

Coquille d’or: Fitzcarraldo de Werner Herzog
Prix spécial du jury : Eden de Mia Hansen-Love
Coquille d'argent du meilleur réalisateur : Raoul Ruiz pour Les Mystères de Lisbonne
Coquille d'argent de la meilleure actrice : Itsaso Arana pour Eva en août et Amaia Aberasturi (ce cul bordel) pour les sorcières d’Akelarre
Coquille d'argent du meilleur acteur : Anthony Hopkins pour The Father
Prix du jury pour la meilleure photographie : Yuta Tsukinaga pour True Mothers
Prix du jury pour le meilleur scénario : Sale temps à l’hôtel El Royale de Drew Goddard


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