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 Sujet du message: Mon Festival de Locarno 2020
MessagePosté: 05 Aoû 2020, 21:58 
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Antichrist
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Locarno

France (3)
Les Enfants d'Isadora de Damien Manivel (deuxième sélection) - Universciné
J’aime le cinéma de Damien Manivel. Je crois avoir vu tous ses films et Les Enfants d'Isadora figurait de longue date dans mes rattrapages. Le concept est assez rude : quatre personnages vivent le solo La Mère d’Isadora Duncan, Requiem dansé d'une puissance assez folle. La première partie est très belle, simple mais forte mais aussi j'ai trouvé le temps long, les motifs se répétant. Il faut admettre aussi que ce type de film et d'expérience mérite la salle tant l'exigence du dispositif demande une profonde attention au moindre geste.
3/6

Sophia Antipolis de Virgil Vernier (deuxième sélection) - Universciné
J'avais été moyennement convaincu par Mercuriales, trop long, avec des actrices pas toujours à l'aise. On retrouve ce même défaut dans le premier tiers de Sophia Antipolis où les actrices , amatrices je suppose, ont du mal avec le texte, conférant au film une certaine maladresse, on va dire, où les intentions prennent le pas sur l'approche documentaire. Par contre, j'ai été scotché par la suite, les décrochages narratifs, la manière dont il lie mythologie presque moyen-âgeuse et réel hyper contemporain. Le lieu aussi est absolument dément, jamais filmé, ces espèces de grands ensembles hideux pour clientèle de luxe. Au final séduit donc.
4/6

Adolescentes de Sébastien Lifshitz
Gros coup de coeur pour ce documentaire en mode Boyhood qui suit deux amies adolescentes de 13 à 18 ans. Alors bien sûr l'opposition physique et sociale et bientôt éducative entre les deux sautent aux yeux (mais bon, c'est Brive-la-Gaillarde, pas Nice ou Bordeaux...) et parfois on a l'impression qu'elles ont été "casté" pour cette opposition, un peu comme dans La Vie d'Adèle (film que j'adore). Mais le film est plus fort et fin que ça, tant il montre qu'au-delà des différences, les deux filles traversent des expériences de vie similaires, faisant l'expérience de la solitude de la vie. Il y a vraiment de jolies choses dans la mise en scène (et puis j'ai envie d'écouter Tindersticks jusqu'au bout de la nuit, c'est malin).
5/6

La Prunelle de mes yeux d’Axelle Ropert
Mon premier film d'Axelle Ropert, connue aussi comme critique de cinéma. Bon, c'est à la fois charmant et inconséquent, j'ai dû mal à comprendre sa présence en compétition à Locarno il y a quelques années de cela mais le film déploie une fantaisie plutôt agréable. Après c'est très chiche en matière de mise en scène et j'ai un peu de mal avec l'acteur principal (par contre elle est très bien Mélanie Bernier).
3/6

Amérique du Nord (4)
Metropolitan de Whit Stillman (première sélection) - Universciné
Je connais très mal l'oeuvre de Whit Stillman, je crois n'avoir vu que Love & Friendship. Et bien j'ai beaucoup aimé. Les dialogues ciselés, le côté HSS chez la haute de New York, les beaux personnages tantôt agaçants, tantôt sublimes. Cette manière de capter une mélancolie naissante sur les visages de ses bourgeois qui s'ennuient un peu et qui ne sauront bientôt plus rire. Brillant dans l'écriture, un peu sage dans la mise en scène.
4/6

Génération rebelle de Richard Linklater (deuxième sélection) - Universciné
Je n'avais jamais vu ce film culte de Richard Linklater (j'ai beaucoup de trous dans sa filmographie), en compétition à Locarno en 1993 (d'où ma découverte). Film très sympa, un peu anecdotique sans doute, comme Everybody Wants Some, mais cette vision d'une jeunesse sans drame, qui pense à s'amuser/se droguer/flirter m'a curieusement fait penser à Mektoub. Bon, bien sûr, c'est réjouissant aussi de découvrir les futurs grands acteurs et Matthew McConaughey transpire déjà la classe quand Ben Affleck est en mode Bully.
4/6

The Color Wheel d’Alex Ross Perry (troisième sélection) - Mubi
Belle surprise que ce film Mumblecore d’Alex Ross Perry, moins misanthrope que par la suite, qui suit un couple frère-soeur sur les routes du Connecticut. Le duo est immédiatement attachant et si parfois les bavardages lassent un peu, il y a toujours une punchline qui fait mouche. Et la fin, plutôt inattendue, est très belle. Je conseille, c’est sur Mubi.
4/6

Curling de Denis Coté (première sélection) - Mubi
Quatrième film du réalisateur canadien que je vois et toujours ce même rythme neurasthénique qui me laisse perplexe. J'ai beaucoup lutté durant la première heure, surtout qu'il ne se passe pas grand chose à l'écran. La suite m'a davangage séduit, déjà car l'étrange prend place dans le récit et surtout que l'interprète principal joue enfin autre chose que Droopy au pays des Caribou. L'acteur et sa fille sont d'ailleurs très bien et il faut reconnaitre un vrai sens de la composition du cadre de la part du cinéaste. Si vous êtes curieux, c'est sur Mubi mais je vous préviens : c'est lent, tabernacle.
3/6

Europe (5)
Unrelated de Joanna Hogg (première sélection) Mubi
De façon assez surprenante, aucun film de Joanna Hogg n’a été encore distribué en France, alors qu’elle bénéficie d’une vrai cote d’amour dans les festivals et en Angleterre. Unrelated est son premier film et il m’a donné envie de découvrir les suivants, portrait d’une Quadra sur le fil, en vacances chez des amis en Toscane. La première partie m’a fait penser à Call Me By Your Name, le film le plus surestimé de l’histoire, mais Joanna Hogg abandonne la carte postale pour saisir le désarroi d’une femme qui n’a pas trouvé sa place au monde. L’actrice principale, Kathryn Worth, est excellente - une habitude chez nos amis brittons - et si la mise en scène ne fait pas d’éclat, c’est la finesse de l’écriture qui m’impressionne ici, surtout dans la dernière demi-heure.
4/6

Le chemin rêvé d’Angela Schalenec (première sélection) Mubi
La réalisatrice allemande Angela Schanelec était passée sous mes radars cinéphiles jusqu'à la découverte à Berlin l'an passé du beau et mystérieux I Was at Home, but... On retrouve les mêmes qualités ici : un vrai sens du cadre, des ruptures de ton (avec parfois de l'absurde), un glacis émotionnel aussi, qui laisse justement des émotions plus contrastées et durables. Cela ressemble un peu à Code Inconnu de Michael Haneke (en tout cas le souvenir que j'en ai). La première partie est assurément la meilleure (même si j'aime bien les dérèglements de la petite dans la seconde partie). Je vais en voir d'autres sur Mubi pour sûr.
4/6

La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata (première sélection) Mubi
Documentaire expérimental portugais qui mêle fiction (assez mince et plutôt cheap) et déambulation contemplative dans la ville de Macao (avec des images sublimes). C'est à la fois un peu vain, un peu prétentieux-arty mais je pense en garder quelque chose (Macao dans la brume). Parfois, ça m'a fait penser à du Virgil Vernier.
3/6

Echo de Rúnar Rúnarsson - Universciné
Pas emballé par cet "Happy Sweden" islandais, qui raconte en des vignettes très signifiantes la vie en Islande en 2020. N'est pas Roy Andersson qui veut, même si l'esthétique est très travaillée, les gags tombent souvent à plat et le résultat est très inégal. Il y a quelques scènes très belles (notamment celle de la jeune fille qui veut faire une surprise à son père), mais beaucoup trop de clichés.
2/6

Le septième continent de Michael Haneke (deuxième sélection)- Universciné
Le premier film de malade mental. Je ne l’avais jamais vu, quel choc. Après une heure un peu badine, avec déjà l'expression de l’humour sadique du réalisateur autrichien, place à quarante minutes terrifiantes, dont les images risquent de me hanter quelque temps. Plus que le scénario finalement assez simple, c’est bien sûr la mise en scène qui est (déjà) tétanisante de rigueur et de perfection clinique. Bien sûr, il y a un propos derrière et si le film est daté minutieusement, on a l’impression qu’il annonce déjà l’effondrement de nos valeurs capitalistes et bourgeoises.
5/6

Asie (6)
L’infirmière de Koji Fukada (troisième sélection) - en salles
Film très étrange de Koji Fukada, qui nous entraîne d'abord sur la piste du thriller psychologique pour se concentrer ensuite sur un portrait de femme en plein cauchemar social. Si on accepte quelques ficelles du scénario - pas toujours fan des artifices fantastiques -, l'expérience est brillante, surtout grâce à la performance XXL de Mariko Tsutsui, qui a... 59 ans dans la vraie vie.
4/6

Winter Vacation de Li Hongqi (première sélection)
Locarno, encore, avec ce film chinois qui a remporté le Léopard d'or il y a quelques années de cela. Un peu un croisement entre Jia Zhang Ke (période Xiao Wu) et Roy Andersson, à la lenteur redoutable. Je suis plutôt résistant et j'aime le cinéma chinois contemporain et j'ai plongé deux fois... C'est dommage, car le réalisateur possède un sens comique indéniable et il possède un vrai sens du cadre.
3/6

Le policier de Nadav Lapid (deuxième sélection) - Universciné
Qu’il est fort Nadav Lapid, dont je découvre la filmographie à l’envers. Tout était déjà dans Le Policier, la puissance du Verbe, la critique du virilisme patriarcal de l’Etat d’Israël, la dimension mystique. Cela prend un peu son temps pour déployer le récit, surtout dans le deuxième acte, mais quelle puissance finale. J’en ai eu des frissons devant mon (petit) écran. C’est vraiment le cinéma que j’aime, celui qui te prend aux tripes, qui refuse l’identification facile et les artifices pour rendre aimable les personnages. Le dernier plan est vraiment magnifique, tout la détresse du monde dans les yeux des deux « héros ».
5/6

The Terrorizers d'Edward Yang (deuxième sélection) - Mubi
Locarno encore et toujours avec ce film d'Edward Yang sous haute influence d'Antonioni - Blow Out, bien sûr, cité dès l'affiche. Dans un premier temps, la narration m'a semblé un peu confuse mais plus le récit avance, plus le puzzle prend forme, plus les personnages deviennent complexes et humains. Sur le plan formel, le film est assez impressionnant, avec une mise en scène qui place les héros dans une dimension architecturale, et aussi des plans d'intérieur qui rappellent... Antonioni, encore lui. C'est plus cérébral qu'émouvant, avec aussi un jeu sur la fiction un peu forcé, mais c'est brillant. A voir sur Mubi.
4/6

From What is Before de Lav Diaz (quatrième sélection) - Mubi
Je continue mon exploration de la filmo de Lav Diaz sur Mubi et mon auto-festival Locarno (avec un peu de retard) avec From What is Before, qui avait reçu le Leopard d'or en 2014. Cette fois-ci, le film durait... 5h38 mais était beaucoup plus digeste que Melancholia. C'est simple, la première heure et demi vous happe et vous plonge dans la vie d'un village reculé où il se passe des choses mystérieuses... Il y a quelque chose de pourri dans le barrio... Ensuite, comme souvent chez l'auteur philippin, je trouve que le récit s'étire et répète certains motifs jusqu'à l'usure (pas fan de la femme qui espionne, par ex). Mais la dernière heure est d'une puissance rare et si certaines scènes auraient pu être laissées en table de montage, c'est quelque chose d'unique, un voyage dans la noirceur de l'âme humaine. Je le place ex-aequo avec Norte au sommet de sa filmographie. 
5/6

Amérique latine (1)
Rapado de Martín Rejtman (première sélection) - Mubi
Je continue ma rétro consacrée au Festival de Locarno avec ce petit film argentin d'un auteur que je ne connaissais pas, Martin Rejtman, qui suit les déboires d'un jeune garçon de la classe moyenne. C'est sympathique, les héros sont attachants mais cela ne dépasse pas le Chacun cherche son chat (enfin là c'est une mobylette) local. Mais la durée est courte (1h15) et cela se regarde très facilement (sur Mubi).
3/6

Afrique (1)

Terminal Sud de Rabah Ameur-Zaïmeche  - Universciné
Je n'avais pas du tout aimé les Histoires de Judas, un somnifère puissant dans mon souvenir mais je voulais redonner sa chance à Rabah Ameur-Zaimeche, pour son excellente réputation dans les milieux autorisés de la critique. J'ai bien fait. Si Terminal Sud accuse quelques longueurs, il est traversé d'une telle humanité que la trajectoire du médecin m'a beaucoup touché. Ramzy Bedia trouve là son meilleur rôle - il a une présence à la Roschdy Zem - et le film réussit avec une certaine économie de moyens à nous faire ressentir la lente plongée dans la dictature - et l'impuissance des gens biens.
4/6


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MessagePosté: 03 Oct 2020, 14:13 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23987
C'est le grand jour du palmarès, un bon cru avec plein de bons films...

Leopard d’or : From What is Before de Lav Diaz
Le film a ses défauts (5h38 en même temps), mais c'est tellement hors-norme, puissant, dingue par séquence...

Grand prix du jury : Le Policier de Nadav Lapid
Voilà un réalisateur que j'ai découvert sur le tard et dont j'aime chaque film. Celui-là, c'est une bonne claque dans ta gueule.

Prix du jury : Adolescentes de Sébastien Lifhistz
Spéciale dédicace à Lohmann. J'ai beaucoup aimé ce doc qui m'a beaucoup rappelé ma propre adolescence, curieusement et je trouve que l'amour que porte le cinéaste pour les deux filles transpire à travers l'écran.

Acteur : Ramzy Bedia pour Terminal Sud
Oui, l'acteur de Balle perdue. Il est énorme dans ce film, qui a ses défauts bien sûr, mais aussi une profonde humanité (je travaille pour les formules toutes faites sur les affiches.

Actrice : Kathryn Worth pour Unrelated
Un rôle tout en nuance, magnifiquement écrit.

Mise en scène : Michael Haneke pour Le Septième continent et Edward Yang pour The Terrorizers
Deux seigneurs de la mise en scène pour deux films nihilistes.

Scénario : Whit Stillman pour Metropolitan
Des dialogues ciselés, des personnages complexes, un sous-texte politique et des punchlines...


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MessagePosté: 28 Jan 2021, 10:59 
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Inscription: 09 Nov 2011, 16:07
Messages: 433
Karloff a écrit:
Unrelated de Joanna Hogg (première sélection) Mubi
De façon assez surprenante, aucun film de Joanna Hogg n’a été encore distribué en France, alors qu’elle bénéficie d’une vrai cote d’amour dans les festivals et en Angleterre. Unrelated est son premier film et il m’a donné envie de découvrir les suivants, portrait d’une Quadra sur le fil, en vacances chez des amis en Toscane. La première partie m’a fait penser à Call Me By Your Name, le film le plus surestimé de l’histoire, mais Joanna Hogg abandonne la carte postale pour saisir le désarroi d’une femme qui n’a pas trouvé sa place au monde. L’actrice principale, Kathryn Worth, est excellente - une habitude chez nos amis brittons - et si la mise en scène ne fait pas d’éclat, c’est la finesse de l’écriture qui m’impressionne ici, surtout dans la dernière demi-heure.
4/6


Bon, je viens d'enquiller les 3 films de Hogg suite à la vision de son dernier (The Souvenir) qui m'avait laissé hésitant. Le pb de Hogg c'est que c'est extrêmement poseur (elle sait qu'elle sait cadrer...), chiant (que de longueurs...), ça se prend terriblement au sérieux et ça gravite toujours avec force complaisance dans une bulle, un petit monde petit ou grand bourgeois dont les problèmes me paraissent somme toute très inintéressants (mais je conviens que ça ne regarde que moi). Ceci étant dit ça m'étonne aussi que ses films ne soient pas sortis en salles en France ! lol


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