Locarno
France (3) Les Enfants d'Isadora de Damien Manivel (deuxième sélection) - Universciné J’aime le cinéma de Damien Manivel. Je crois avoir vu tous ses films et Les Enfants d'Isadora figurait de longue date dans mes rattrapages. Le concept est assez rude : quatre personnages vivent le solo La Mère d’Isadora Duncan, Requiem dansé d'une puissance assez folle. La première partie est très belle, simple mais forte mais aussi j'ai trouvé le temps long, les motifs se répétant. Il faut admettre aussi que ce type de film et d'expérience mérite la salle tant l'exigence du dispositif demande une profonde attention au moindre geste. 3/6
Sophia Antipolis de Virgil Vernier (deuxième sélection) - Universciné J'avais été moyennement convaincu par Mercuriales, trop long, avec des actrices pas toujours à l'aise. On retrouve ce même défaut dans le premier tiers de Sophia Antipolis où les actrices , amatrices je suppose, ont du mal avec le texte, conférant au film une certaine maladresse, on va dire, où les intentions prennent le pas sur l'approche documentaire. Par contre, j'ai été scotché par la suite, les décrochages narratifs, la manière dont il lie mythologie presque moyen-âgeuse et réel hyper contemporain. Le lieu aussi est absolument dément, jamais filmé, ces espèces de grands ensembles hideux pour clientèle de luxe. Au final séduit donc. 4/6
Adolescentes de Sébastien Lifshitz Gros coup de coeur pour ce documentaire en mode Boyhood qui suit deux amies adolescentes de 13 à 18 ans. Alors bien sûr l'opposition physique et sociale et bientôt éducative entre les deux sautent aux yeux (mais bon, c'est Brive-la-Gaillarde, pas Nice ou Bordeaux...) et parfois on a l'impression qu'elles ont été "casté" pour cette opposition, un peu comme dans La Vie d'Adèle (film que j'adore). Mais le film est plus fort et fin que ça, tant il montre qu'au-delà des différences, les deux filles traversent des expériences de vie similaires, faisant l'expérience de la solitude de la vie. Il y a vraiment de jolies choses dans la mise en scène (et puis j'ai envie d'écouter Tindersticks jusqu'au bout de la nuit, c'est malin). 5/6
La Prunelle de mes yeux d’Axelle Ropert Mon premier film d'Axelle Ropert, connue aussi comme critique de cinéma. Bon, c'est à la fois charmant et inconséquent, j'ai dû mal à comprendre sa présence en compétition à Locarno il y a quelques années de cela mais le film déploie une fantaisie plutôt agréable. Après c'est très chiche en matière de mise en scène et j'ai un peu de mal avec l'acteur principal (par contre elle est très bien Mélanie Bernier). 3/6
Amérique du Nord (4) Metropolitan de Whit Stillman (première sélection) - Universciné Je connais très mal l'oeuvre de Whit Stillman, je crois n'avoir vu que Love & Friendship. Et bien j'ai beaucoup aimé. Les dialogues ciselés, le côté HSS chez la haute de New York, les beaux personnages tantôt agaçants, tantôt sublimes. Cette manière de capter une mélancolie naissante sur les visages de ses bourgeois qui s'ennuient un peu et qui ne sauront bientôt plus rire. Brillant dans l'écriture, un peu sage dans la mise en scène. 4/6
Génération rebelle de Richard Linklater (deuxième sélection) - Universciné Je n'avais jamais vu ce film culte de Richard Linklater (j'ai beaucoup de trous dans sa filmographie), en compétition à Locarno en 1993 (d'où ma découverte). Film très sympa, un peu anecdotique sans doute, comme Everybody Wants Some, mais cette vision d'une jeunesse sans drame, qui pense à s'amuser/se droguer/flirter m'a curieusement fait penser à Mektoub. Bon, bien sûr, c'est réjouissant aussi de découvrir les futurs grands acteurs et Matthew McConaughey transpire déjà la classe quand Ben Affleck est en mode Bully. 4/6
The Color Wheel d’Alex Ross Perry (troisième sélection) - Mubi Belle surprise que ce film Mumblecore d’Alex Ross Perry, moins misanthrope que par la suite, qui suit un couple frère-soeur sur les routes du Connecticut. Le duo est immédiatement attachant et si parfois les bavardages lassent un peu, il y a toujours une punchline qui fait mouche. Et la fin, plutôt inattendue, est très belle. Je conseille, c’est sur Mubi. 4/6
Curling de Denis Coté (première sélection) - Mubi Quatrième film du réalisateur canadien que je vois et toujours ce même rythme neurasthénique qui me laisse perplexe. J'ai beaucoup lutté durant la première heure, surtout qu'il ne se passe pas grand chose à l'écran. La suite m'a davangage séduit, déjà car l'étrange prend place dans le récit et surtout que l'interprète principal joue enfin autre chose que Droopy au pays des Caribou. L'acteur et sa fille sont d'ailleurs très bien et il faut reconnaitre un vrai sens de la composition du cadre de la part du cinéaste. Si vous êtes curieux, c'est sur Mubi mais je vous préviens : c'est lent, tabernacle. 3/6
Europe (5) Unrelated de Joanna Hogg (première sélection) Mubi De façon assez surprenante, aucun film de Joanna Hogg n’a été encore distribué en France, alors qu’elle bénéficie d’une vrai cote d’amour dans les festivals et en Angleterre. Unrelated est son premier film et il m’a donné envie de découvrir les suivants, portrait d’une Quadra sur le fil, en vacances chez des amis en Toscane. La première partie m’a fait penser à Call Me By Your Name, le film le plus surestimé de l’histoire, mais Joanna Hogg abandonne la carte postale pour saisir le désarroi d’une femme qui n’a pas trouvé sa place au monde. L’actrice principale, Kathryn Worth, est excellente - une habitude chez nos amis brittons - et si la mise en scène ne fait pas d’éclat, c’est la finesse de l’écriture qui m’impressionne ici, surtout dans la dernière demi-heure. 4/6
Le chemin rêvé d’Angela Schalenec (première sélection) Mubi La réalisatrice allemande Angela Schanelec était passée sous mes radars cinéphiles jusqu'à la découverte à Berlin l'an passé du beau et mystérieux I Was at Home, but... On retrouve les mêmes qualités ici : un vrai sens du cadre, des ruptures de ton (avec parfois de l'absurde), un glacis émotionnel aussi, qui laisse justement des émotions plus contrastées et durables. Cela ressemble un peu à Code Inconnu de Michael Haneke (en tout cas le souvenir que j'en ai). La première partie est assurément la meilleure (même si j'aime bien les dérèglements de la petite dans la seconde partie). Je vais en voir d'autres sur Mubi pour sûr. 4/6
La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata (première sélection) Mubi Documentaire expérimental portugais qui mêle fiction (assez mince et plutôt cheap) et déambulation contemplative dans la ville de Macao (avec des images sublimes). C'est à la fois un peu vain, un peu prétentieux-arty mais je pense en garder quelque chose (Macao dans la brume). Parfois, ça m'a fait penser à du Virgil Vernier. 3/6
Echo de Rúnar Rúnarsson - Universciné Pas emballé par cet "Happy Sweden" islandais, qui raconte en des vignettes très signifiantes la vie en Islande en 2020. N'est pas Roy Andersson qui veut, même si l'esthétique est très travaillée, les gags tombent souvent à plat et le résultat est très inégal. Il y a quelques scènes très belles (notamment celle de la jeune fille qui veut faire une surprise à son père), mais beaucoup trop de clichés. 2/6
Le septième continent de Michael Haneke (deuxième sélection)- Universciné Le premier film de malade mental. Je ne l’avais jamais vu, quel choc. Après une heure un peu badine, avec déjà l'expression de l’humour sadique du réalisateur autrichien, place à quarante minutes terrifiantes, dont les images risquent de me hanter quelque temps. Plus que le scénario finalement assez simple, c’est bien sûr la mise en scène qui est (déjà) tétanisante de rigueur et de perfection clinique. Bien sûr, il y a un propos derrière et si le film est daté minutieusement, on a l’impression qu’il annonce déjà l’effondrement de nos valeurs capitalistes et bourgeoises. 5/6
Asie (6) L’infirmière de Koji Fukada (troisième sélection) - en salles Film très étrange de Koji Fukada, qui nous entraîne d'abord sur la piste du thriller psychologique pour se concentrer ensuite sur un portrait de femme en plein cauchemar social. Si on accepte quelques ficelles du scénario - pas toujours fan des artifices fantastiques -, l'expérience est brillante, surtout grâce à la performance XXL de Mariko Tsutsui, qui a... 59 ans dans la vraie vie. 4/6
Winter Vacation de Li Hongqi (première sélection) Locarno, encore, avec ce film chinois qui a remporté le Léopard d'or il y a quelques années de cela. Un peu un croisement entre Jia Zhang Ke (période Xiao Wu) et Roy Andersson, à la lenteur redoutable. Je suis plutôt résistant et j'aime le cinéma chinois contemporain et j'ai plongé deux fois... C'est dommage, car le réalisateur possède un sens comique indéniable et il possède un vrai sens du cadre. 3/6
Le policier de Nadav Lapid (deuxième sélection) - Universciné Qu’il est fort Nadav Lapid, dont je découvre la filmographie à l’envers. Tout était déjà dans Le Policier, la puissance du Verbe, la critique du virilisme patriarcal de l’Etat d’Israël, la dimension mystique. Cela prend un peu son temps pour déployer le récit, surtout dans le deuxième acte, mais quelle puissance finale. J’en ai eu des frissons devant mon (petit) écran. C’est vraiment le cinéma que j’aime, celui qui te prend aux tripes, qui refuse l’identification facile et les artifices pour rendre aimable les personnages. Le dernier plan est vraiment magnifique, tout la détresse du monde dans les yeux des deux « héros ». 5/6
The Terrorizers d'Edward Yang (deuxième sélection) - Mubi Locarno encore et toujours avec ce film d'Edward Yang sous haute influence d'Antonioni - Blow Out, bien sûr, cité dès l'affiche. Dans un premier temps, la narration m'a semblé un peu confuse mais plus le récit avance, plus le puzzle prend forme, plus les personnages deviennent complexes et humains. Sur le plan formel, le film est assez impressionnant, avec une mise en scène qui place les héros dans une dimension architecturale, et aussi des plans d'intérieur qui rappellent... Antonioni, encore lui. C'est plus cérébral qu'émouvant, avec aussi un jeu sur la fiction un peu forcé, mais c'est brillant. A voir sur Mubi. 4/6
From What is Before de Lav Diaz (quatrième sélection) - Mubi Je continue mon exploration de la filmo de Lav Diaz sur Mubi et mon auto-festival Locarno (avec un peu de retard) avec From What is Before, qui avait reçu le Leopard d'or en 2014. Cette fois-ci, le film durait... 5h38 mais était beaucoup plus digeste que Melancholia. C'est simple, la première heure et demi vous happe et vous plonge dans la vie d'un village reculé où il se passe des choses mystérieuses... Il y a quelque chose de pourri dans le barrio... Ensuite, comme souvent chez l'auteur philippin, je trouve que le récit s'étire et répète certains motifs jusqu'à l'usure (pas fan de la femme qui espionne, par ex). Mais la dernière heure est d'une puissance rare et si certaines scènes auraient pu être laissées en table de montage, c'est quelque chose d'unique, un voyage dans la noirceur de l'âme humaine. Je le place ex-aequo avec Norte au sommet de sa filmographie. 5/6
Amérique latine (1) Rapado de Martín Rejtman (première sélection) - Mubi Je continue ma rétro consacrée au Festival de Locarno avec ce petit film argentin d'un auteur que je ne connaissais pas, Martin Rejtman, qui suit les déboires d'un jeune garçon de la classe moyenne. C'est sympathique, les héros sont attachants mais cela ne dépasse pas le Chacun cherche son chat (enfin là c'est une mobylette) local. Mais la durée est courte (1h15) et cela se regarde très facilement (sur Mubi). 3/6
Afrique (1)
Terminal Sud de Rabah Ameur-Zaïmeche - Universciné Je n'avais pas du tout aimé les Histoires de Judas, un somnifère puissant dans mon souvenir mais je voulais redonner sa chance à Rabah Ameur-Zaimeche, pour son excellente réputation dans les milieux autorisés de la critique. J'ai bien fait. Si Terminal Sud accuse quelques longueurs, il est traversé d'une telle humanité que la trajectoire du médecin m'a beaucoup touché. Ramzy Bedia trouve là son meilleur rôle - il a une présence à la Roschdy Zem - et le film réussit avec une certaine économie de moyens à nous faire ressentir la lente plongée dans la dictature - et l'impuissance des gens biens. 4/6
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