Baptiste a écrit:
Ah oui carrément, je caricaturais. Je soulignais simplement le fait que cette thématique me touche peu car j'ai l'impression de la connaître par cœur.
C'est l'effet que ça m'a fait la première fois. Je n'ai pas compris l'intérêt.
J'avais l'impression de ne rien apprendre du film, du sujet, ni d'ailleurs que l'information révélée allait très loin.
Comme tu dis, c'était du déjà-vu, c'était convenu, sans surprise (la paranoïa de Crowe ne débouche sur rien... la droiture de Pacino débouche sur sa démission...).
Et c'est précisément ce que j'adore à la revoyure... on a l'impression que tout le monde s'en branle, que ça ne change rien. Le rapport de force entre la grosse industrie et la santé publique dégoûte d'avance, le fait que l'addiction de la nicotine puisse avoir été boostée par l'industrie du tabac n'étonne personne, le conflit d'intérêt des journalistes est une porte ouverte etc. C'est un pet dans le vent.
C'est vraiment un film puissant sur l'apathie et le fatalisme, sur l'idéalisme et la citoyenneté.
A la fin, les deux personnages n'ont strictement rien changé au système, mais ils sont restés dignes et éthiques... c'est vraiment la beauté du truc.
Ils peuvent se regarder dans la glace, et c'est tout ce qui leur reste.
De bien des façons, je retrouve la conversation entre Sommerset et Mills au bar dans
Se7en.
C'est désespéré, noir, corrompu... et pourtant il reste un formidable espoir de survie au milieu de ce marasme, qui réside dans l'individu, s'il ne cède pas à la résignation.
C'est très dur de faire émerger ce thème sans proposer un background de fin du monde, et au contraire très ancré dans le contemporain et les rouages fonctionnels de l'urbain.
Retente à l'occasion.