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MessagePosté: 27 Mai 2013, 13:36 
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Antichrist
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La musique d'ouverture est trompeuse. Si le rythme des percussions évoque "Conan le barbare", ce n'est pas le film d'action moyenageux rêvé qui se déploie ici, mais une oeuvre exigeante et aride, plus cérébrale qu'émouvante, sur l'ordre et la morale. Michael Kohlhaas - Mads Mikkelsen, plus iconique que jamais - n'est pas homme à se laisser faire par un baron d'opérette. Alors quand il doit laisser en gage arbitrairement deux de ses chevaux qu'il récupère dans un piteux état, et que son valet, lui, est attaqué par des chiens, il se lance dans une folle croisade contre la justice (ou plutôt l'injustice) des puissants. Il y a des choses fortes qui se jouent ici, sur la nécessité des révolutions et le martyr de celui qui ose se lever contre l'ordre établi. En adoptant une mise en scène volontairement anti-spectaculaire, le réalisateur Arnaud des Pallières rend crédible ce moyen-âge de landes et d'arbalètes. Dommage que tout cela manque cruellement d'émotion, le cinéaste préférant la rigueur protestante à l'emphase catholique.

3/6

En images ici http://festival-de-cannes.parismatch.co ... que-516299


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 00:55 
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Personne d'autre depuis Cannes ?

Image

Karloff a écrit:
le cinéaste préférant la rigueur protestante à l'emphase catholique

Bah c'est très bien résumé. Encore un film de des Pallières potentiellement génial (quand même sacrément impressionnant, cette fois-ci), mais encore un film de des Pallières partiellement raté.

Le film pose deux choses.

Un récit d'une part : celui, pas toujours très limpide (beaucoup de trous à combler nous-même, un alignement de faits plus qu'une dramaturgie) de Michael Kohlhaas, marchand de chevaux qui se lance dans une vengeance contre tout un royaume, sur fond de transition religieuse. Cette dynamique basique (réparer l'injustice) est finalement la seule "émotion" (quoique très théorique) à laquelle on va pouvoir se raccrocher pour rentrer dans cette histoire. Ce qui fait, entre autres, qu'avant la scène où l'on ramène la femme au domaine, le film ne décolle pas.

Et puis la deuxième chose, c'est un univers (une diégèse, un parti-pris de représentation...) absolument génial. Soit prendre l'époque pour ce qu'elle est, la déromantiser complètement, la dénuder de toute son imagerie, y coller au détail : retrouver une sorte de vérisme brut et dépassionné (très "protestant", en effet). Et ensuite appuyer l'étrangeté de ce qu'on a obtenu : en faire ressortir la sévérité, la minéralité, l'obscurité (le film est quasi-entièrement composé de contre-jours). Mikkelsen en est l'exemple le plus frappant : on le ramène à la matérialité de son corps, à son visage de pierre, à l'essence, et on cultive l'iconicité d'un tel roc.

Or ces deux aspects du film marchent côte à côte : des Pallières ne les articule quasiment jamais pour faire narration. Le texte de Kleist et la forme qu'on lui a répondu évoluent en parallèle, se font face à face en miroir, mais ne font jamais fructifier leur rencontre - et, conséquence logique, on ne comprend pas exactement ce que ce film nous raconte. Dans combien de scènes on sent un élan en puissance, une majesté en gestation, et des Pallières rester dans cette sorte de recul froid, de constat rigoureux, dans la coupure sèche...

De fait, le film est fort lorsque ce regard de pierre se pose sur des évènements qui appelleraient l'emphase (la femme ramenée au foyer, la bataille observée de loin, la mise en feu de la ville, le final...), et dont des Pallières, dans ce réflexe du cinéaste moderne qu'il est, vient d'abord dénouer la logique. Je sais plus qui disait "la beauté n'est qu'un dommage collatéral de la recherche de vérité", et ce film, dans sa rigueur absolue, est d'une beauté ahurissante. Cela fonctionne aussi quand un acteur irradie assez pour que cette soustraction permanente trouve une résistance, pour que cette neutralisation émotive ne bouffe pas complètement son matériau : Mikkelsen évidemment, mais aussi la foule d'acteurs tous extraordinaires, de la princesse tout droit sortie d'une tapisserie (le choix de casting de l'année ?) à un Denis Lavant impressionnant, qui rattrape en une scène le goût un peu grossier de la performance dont il faisait preuve chez Carax. Bref, j'ai encore une fois le sentiment que le cinéma de des Pallières a fondamentalement besoin d'une altérité pour fonctionner (et le film historique, ou la star, en sont déjà une).

Le reste du temps, quand il n'a rien à "contrer", le film se ratatine. L'ouverture est assez difficile sur ce point, et les stigmates du film d'AAAuteur ("je vous entends faire l'amour"...) sont pas loin. Il y a toujours chez des Pallières ce réflexe de faire sourder la bande-sonore, cette fois-ci par les tambours et le vent : de constamment rappeler à l'oreille que quelque chose gronde sous la surface des péripéties que l’œil voit, qu'un magma invisible de tensions vit sous l'impassible surface - celle du visage de Mikkelsen, cette fois-ci. Mais il faudrait peut-être encore inventer d'autres ponts, trouver plus souvent les moyens de nous faire entrevoir, de temps à autre, l'existence de ce monde d'émotions souterrain auquel on nous demande de croire sans preuves, ni signes ; tous les spectateurs ne sont pas aussi protestants que le personnage principal...


Bon voilà, tout ça est très formel et chichiteux, si certains le voient on peut aussi plus simplement parler du film :D


EDIT : on peut commencer par un truc super bien vu de la critique (par ailleurs un peu vide) de Guillaume Orignac dans Chronic'art : "Voilà donc le fond de ce film, dont l’étrangeté se cache derrière les contraintes du genre : les enfants (baron, princesse, fille) y sont des rois insolents, et les adultes leurs jouets. Moins film historique (...) qu’évocation rêveuse d’un monde dérangé, Michael Kohlhaas est un songe sur la barbarie terrée au fond de la civilisation. ". En repensant au film à rebours, ce retournement est effectivement frappant (et ce sont d'ailleurs les trois persos flippants).


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:12 
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Sérieux, personne va y aller là ? Chow, Baptiste, Art Core, Griffin, Léo, Tetsuo, Déjà-vu... ?
C'est comme Post Tenebrae Lux, c'est un peu raté mais ça vaut le coup de se déplacer !


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:27 
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tellement entendu de mal au masque et la plume que cela a détruite mon intérêt. De plus, j'aime beaucoup le court roman


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:28 
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Ouais enfin, le masque et la plume... Au pire du pire, vous vous faire chier, et vous admirez les images magnifiques. Après effectivement, à ce que j'en entends, ça ne garde de Kleist que le récit, faut pas aller voir en espérant y retrouver quelque chose de la nouvelle.


Dernière édition par Tom le 07 Sep 2013, 11:31, édité 1 fois.

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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:31 
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c'était un peu ce qu'ils disaient. C'est beau mais d'un chiant. Ce que n'est pas du tout le livre comme le rappeler un chroniqueur


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:31 
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Bah oui mais c'est pas grave, ça !


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:39 
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bah chiant au point de s'endormir comme l'a avoué un chroniqueur qui a dû y retourner une seconde fois pour pouvoir en parler, cela ne motive pas des masses.

Et puis il n'est passé qu'une semaine chez moi.


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:41 
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Je dirais pas chiant. C'est plutôt très froid, très sec, ce qui fait qu'on est pas toujours dedans, mais y a toujours un truc passionnant qui attrape l'attention.

Enfin bref, je voulais juste noter que ça valait le coup, vu que ma critique était un peu négative...


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:45 
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Tom a écrit:
Sérieux, personne va y aller là ? Chow, Baptiste, Art Core, Griffin, Léo, Tetsuo, Déjà-vu... ?
C'est comme Post Tenebrae Lux, c'est un peu raté mais ça vaut le coup de se déplacer !


Tu regardes jamais le site des notes de Captain ?
Oui je l'ai vu il y a plusieurs mois déjà. J'ai beaucoup aimé.
Tu en parles d'ailleurs beaucoup mieux que je ne saurais le faire.

Je suis totalement d'accord avec ça notamment :
Tom a écrit:
Et puis la deuxième chose, c'est un univers (une diégèse, un parti-pris de représentation...) absolument génial. Soit prendre l'époque pour ce qu'elle est, la déromantiser complètement, la dénuder de toute son imagerie, y coller au détail : retrouver une sorte de vérisme brut et dépassionné (très "protestant", en effet). Et ensuite appuyer l'étrangeté de ce qu'on a obtenu : en faire ressortir la sévérité, la minéralité, l'obscurité (le film est quasi-entièrement composé de contre-jours). Mikkelsen en est l'exemple le plus frappant : on le ramène à la matérialité de son corps, à son visage de pierre, à l'essence, et on cultive l'iconicité d'un tel roc.


C'est ce que j'ai trouvé le plus beau et bouleversant dans le film. Cette impression d'y être presque, d'en ressentir le vent et la dureté des éléments (très bon sound design). Mais contrairement à toi je trouve que la narration se construit dans cette iconicité, que la dialectique morale du film s'incarne dans ses images. Notamment ce dernier plan incroyable de simplicité mais qui semble tout résumer.

Après comme beaucoup je regrette un peu cette froideur, ce manque d'émotions (pour une histoire pourtant tragique). C'est ce qui va faire que paradoxalement malgré ses immenses qualités le film s'est déjà pas mal dissipé dans mon esprit.

_________________
CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 07 Sep 2013, 11:48, édité 1 fois.

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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:46 
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je crois que c'est le problème des gens qui ont vu le film. Ils disent toujours que le film a pleins de qualités mais quand on lit ou entend leurs avis, on ne voit que du négatif


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 11:55 
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Ah oui effectivement, j'y passe plus jamais sur le site de notes...

Art Core a écrit:
Mais contrairement à toi je trouve que la narration se construit dans cette iconicité, que la dialectique morale du film s'incarne dans ses images. Notamment ce dernier plan incroyable de simplicité mais qui semble tout résumer.

Après comme beaucoup je regrette un peu cette froideur, ce manque d'émotions (pour une histoire pourtant tragique). C'est ce qui va faire que paradoxalement malgré ses immenses qualités le film s'est déjà pas mal dissipé dans mon esprit.

Le dernier plan fait qu'on ressort tout bouillant, parce qu'effectivement enfant on un élan qui arrive presque à terme, quelque chose qui se soulève (avec cette musique superbe), qui semble se charger de tout ce qui a rongé le film. Mais effectivement après, on a pas beaucoup d'émotions auxquelles se retenir pour garder le film en bouche.

Sur cette froideur je suis partagé en fait. Je suis content que le film ait cette personnalité si particulière, qu'il ne soit pas dans la romantisation ou l'opératique, dans le bouillonnement ou le tragique à vif, dans un déferlement narratif... J'aime qu'il tienne cette ligne neutre et minérale, tout comme le personnage de Kohlhaas est absolument inflexible, sans compromis, jusqu'à la fin, malgré les larmes qui lui montent. Mais d'un autre côté j'aurais aimé que le film cultive un peu plus cette voie qu'il a choisi, qu'il en explore les particularités. Souvent j'ai l'impression que des Pallières se contente de simplement l'appliquer aux situations, quitte à foutre la scène en l'air. D'où ces moments de "trou" où la mayonnaise ne prend pas, ou on voit les acteurs jouer au milieu d'un décor naturel, ou le charisme du film tombe.


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 12:01 
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Sweet Home
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Tom a écrit:
Sérieux, personne va y aller là ? Chow, Baptiste, Art Core, Griffin, Léo, Tetsuo, Déjà-vu... ?
C'est comme Post Tenebrae Lux, c'est un peu raté mais ça vaut le coup de se déplacer !


Si, nous, ce WE ou le prochain.


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 12:02 
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Cool !


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MessagePosté: 07 Sep 2013, 12:03 
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Schtroumpf sodomite
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Tom a écrit:
Sérieux, personne va y aller là ? Chow, Baptiste, Art Core, Griffin, Léo, Tetsuo, Déjà-vu... ?
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C'est prévu, mais j'ai un retard considérable au cinoche, là...

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