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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:25 
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Georges Clou vit dans une de ces nouvelles banlieues résidentielles. Marié, il part au bureau le matin, va à la messe le dimanche, aime sa femme, son fils, son chien. Paul Marteau est jeune, beau, riche, intelligent. Mais déchiré entre la sévérité du jugement qu'il porte sur le monde et son désir malgré tout d'y appartenir. Un jour, par hasard, les chemins des deux hommes se croisent. Clou y voit l'occasion d'une nouvelle et sincère amitié. Marteau, lui, y trouve une nouvelle raison de vivre : crucifier l'idéal de bonheur de l'homme occidental, et son incarnation en la personne de Georges Clou. Un clou est une victime rêvée pour un marteau.

Parc fait partie de ces films où le synopsis fonctionne déjà comme une analyse de celui-ci. En le lisant après avoir vu le film je me suis rendu compte que je n'avais pas compris ça, ou pas juste ça mais que le film est beaucoup moins évident que ne le laisse entrevoir ce pitch.

J'ai pris une petite claque quand même en découvrant ce film. Il y a une maîtrise proprement hallucinante dans la mise en scène et dans la matière cinématographique du film. Rarement je n'avais eu le sentiment d'une telle prégnance formelle, d'une telle domination plastique sur tout les autres éléments du film. Le travail sur le son est par exemple tout bonnement génial et certaines séquences n'existent quasiment que grâce à lui, conférant en permanence par la rupture, les basses, la profondeur des voix un deuxième espace en sus de l'image. Et l'image jsutement n'est pas en reste. Quelle élégance dans les mouvements de caméra. Quelle beauté dans de simples travellings légers et recadrage sur des visages. Vraiment j'étais bluffé.

Mais au délà de ça, il y a ce que le film dégage. Une étrangeté malaisante. Il y a comme une pourriture qui sous-tend toute cette société et qui est prêt à exploser (le monde autour a déjà explosé, on est dans le contexte des émeutes de banlieue). Les deux acteurs principaux sont géniaux.

Et j'ai retrouvé ce que j'avais beaucoup apprecié dans l'autre film des Des Pallières que je connais, Disneyland mon vieux pays natal, c'est-à-dire cette passion pour les histoires et la mythologie contenue en elles. A travers la construction du film, on a plusieurs moments comme ça suspendue, où la parole emmène soudain ailleurs.

Après je ne suis pas certain d'avoir tout saisi, je trouve le dernier tiers un peu plus faible car on aimerait que les choses s'imbriquent, que tout commence à faire sens mais que le film ne se donne pas si facilement mais rien de bien grave, je suis resté envouté jusqu'à la fin.
Je me rends compte que j'en parle assez mal parce que c'est un film difficile à appréhender et je crois qu'il faut peut-être qu'il repose un peu.
Ah oui et le dernier plan (celui du générique) est tout simplement génial.

Bon gros 5/6 et je vais essayer de dégoter les précédents long du réal.[/b]

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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:34 
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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:36 
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Effectivement l'affiche est vraiment pourrie et donne pas forcément envie de voir le film. La bande-annonce non plus d'ailleurs qui ne m'avait pas emballé des masses et qui est bien loin de ce qu'est vraiment le film.

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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:38 
Parait que Adieu est une tuerie.


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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:53 
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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:55 
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T'as pas aimé ?

En tout cas le revue de presse d'allociné donne bien envie :

http://www.allocine.fr/film/revuedepresse_gen_cfilm=21477.html

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MessagePosté: 14 Jan 2009, 23:58 
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Adieu c'est pas une tuerie, non, c'est un film intéressant mais bourré de défauts, plein de très beaux passages, souvent vachement bien mis en scène, mais extrêmement inégal pour le coup, parfois un peu trop sophistiqué, un peu chiant.

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Dernière édition par Zad le 08 Fév 2009, 11:59, édité 1 fois.

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Je crois que le plus déprimant dans l'affaire, c'est la revue de presse de Parc, qui s'est pris une volée de bois vert comme pas permis, quand des daubasses passent le nez haut, intactes.

Ici ce qui me surprend le plus, c'est à quel point la critique semble être passée à côté de l'humour du film (ce gros nul de Frodon prétend même qu'il n'y en a pas), qui n'est jamais aussi bon que quand il ne se prend pas au sérieux. En effet, c'est lorsque la forme, absolument somptueuse (la photo à tomber les compositions de cadres super-intelligentes font qu'on pense bien davantage à l'art contemporain, tendance Philippe Parreno ou Pierre Huyghe, qu'au cinéma français actuel, ceci accentué par la maîtrise hallucinante des montages image et son de Des Pallières, qui met en la matière pas mal de monde à l'amende -- bien épaulé il faut le dire par le toujours génial Martin Wheeler à la musique), est articulée avec une espèce de folie froide et baroque, j'allais dire Ruizienne, que le film donne le meilleur de lui-même. Il faut voir le magnifique découpage en succession de contre-plongées improbables lors de la très très drôle séquence de la visite de la maison par Jean-Pierre Khalfon pour bien en prendre la mesure. C'est très clairement, à mon sens, la plus belle scène du film, où tu peux mesurer ce que Des Pallières serait capable de faire, s'il n'était pas rattrapé régulièrement par un côté surcontemplatif parfois un peu agaçant. Dans cette séquence, tout fonctionne, tout est brillant, tout est justifié, depuis le travail absolument parfait sur le son, jusqu'à la rythmique, qui parvient en une seule et unique séquence à donner une telle dimension à un personnage, Khalfon, que l'on ne recroisera plus par la suite.

On retrouve cette performance, cette intelligence de fiction dans une autre séquence marquante, celle où la femme de Jean-Marc Barr lui fait sa fête lors d'un monologue génial au milieu d'une soirée mondaine, filmée en un plan-séquence juste mémorable, sur une simple et néanmoins brillante idée de mise en scène, tenue de bout en bout.

Ca marche moins lorsque Des Pallières est rattrapé par ce qui dès lors lui pend au nez : la tentation de se regarder filmer. Quand il filme Barr dans la piscine, plus intrigué par les reflets déformés de son corps sous l'eau et leur effet cinématographique que par l'envie de continuer d'avancer dans son film. Qui du coup, est un peu gâché par ces haltes contemplatives inutiles et potentiellement prétentieuses. Je dis potentiellement parce que malgré tout, hors du circuit de l'art contemporain (le plan final, du générique, pourrait être issu d'une installation vidéo), je connais peu de cinéastes français qui aient une telle vision esthétique -- donc le "potentiellement" veut dire : il peut bien se permettre. Mais quand même point trop n'en faut.

En cela je repense encore à Raoul Ruiz, qui dans ses meilleurs films enchaîne ce genre de prouesses techniques et esthétiques (la séquence de la réception mondaine, exemplairement, ressemble précisément à ce que Ruiz peut faire, en application avec son idée de la politique de plateau), mais ne leur sacrifie jamais le rythme, accepte sans regret de couper dans des plans incroyables, que personne d'autre que lui n'ose faire, parce qu'on est au cinéma et qu'un plan y chasse l'autre et que ce n'est que dans l'articulation des plans que naissent les séquences, etc, et donc in fine le film. Ruiz résout ça en s'obligeant à inventer à chaque plan quelque chose d'au moins aussi fort, ce qui fait qu'on n'est pas frustré par la coupe, puisqu'on sait qu'on va s'en reprendre une à la collure suivante.

Des Pallières pourrait aussi le faire, il le fait d'ailleurs régulièrement dans ce film. Et puis parfois s'oublie, s'absorbe comme dirait l'autre dans la contemplation de ses pieds. Un ange passe puis le film reprend.

Il faudrait que Des Pallières flingue ses anges.

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Dernière édition par Zad le 08 Fév 2009, 12:03, édité 1 fois.

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MessagePosté: 08 Fév 2009, 12:02 
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Pour Art, qui veut voir ses autres films : le film le plus proche de Parc, dans la filmo de Des Pallières (du moins celle que je connais, j'ai pas vu Is Dead, ni son bonus DVD à Chronique d'un été et pas mal de ses courts métrages, qu'il ne veut plus trop montrer apparemment), c'est peut-être Drancy (Avenir), on retrouve sa manière bien à lui de filmer les arbres, notamment (et tant pis si cette phrase est un peu ridicule, comme ça, hors contexte).

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MessagePosté: 11 Mai 2009, 23:40 
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Film intéressant dans son côté expérimental à la Gus Van Sant (différents points de vue au début à la Elephant ou Last Days) qui offre une vraie expérience sensitive plutôt envoutante. Le film est globalement très maîtrisé dans tous les domaines de mise en scène et ça fait plaisir. La fin par contre perd de son intensité et nous fait ressortir un peu malgré nous du film.

4/6

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MessagePosté: 11 Mai 2009, 23:49 
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Evidemment juste le mercredi où je pouvais enfin me libérer à l'heure du déjeuner pour le voir, le MK2 Beaubourg l'a viré.


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MessagePosté: 23 Sep 2010, 12:31 
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J'ai vu ces derniers jours Les Choses Rouges et Is Dead (portrait incomplet de Gertrud Stein) et je me disais que de ces œuvres de début, on pouvait voir les limites du cinéma d'Arnaud Des Pallières, et qu'elles pouvaient se résumer en un certain systématisme. J'entends par là que, devant les deux, je me suis dit, c'est beau, c'est plastiquement (au sens d'art plastique) juste, mais ça me berce, j'ai bien compris de quoi il en retourne, si je saute cinq minutes je retomberai sur mes pattes, le décor n'aura pas changé, je saurai toujours où je suis, je n'aurai pas peur, pas de regret d'avoir raté quelque chose.

Certes, ce sont des essais, de films mineurs, des tentatives, des expériences, mais je repensais au reste de sa filmographie et je me disais que Des Pallières avait peut-être besoin du motif, presque malgré lui, qu'il savait trop où mettre sa caméra, quel raccord faire, qu'il était presque étouffé par sa maîtrise, et que sa maîtrise ronronnait.

Qu'est-ce qui fait par exemple qu'il ne me reste pas grand chose en tête, sinon les très belles photos d'exploitation, d'Adieu, alors qu'il me reste beaucoup de l'inégal et boiteux Parc? Ne serait-ce pas par son imperfection, justement, que ce qu'il me reste relève du motif, moins que de la maestria de la mise en scène? C'est sans doute mal dit, mais disons qu'il me reste le décor, des positions dans le plan, des choses, du son, des architectures, un golf, l'histoire je ne sais plus trop, le passage Z de l'église aussi, parce que l'imagerie (pour dire autrement que le motif) allait à plein, l'emportait sur la relative bêtise de cette dérive narrative.

Alors qu'Adieu, Les Choses Rouges et Is Dead, ce sont des positions d'intelligence et un discours qui veulent prendre le dessus, qui étouffent le reste, dans Adieu, dans Les Choses Rouges, dans Is Dead, je vois les mouvements d'appareil et moins ce que l'appareil filme, je me berce aux voix (le son est toujours superbe chez Des Pallières) sans les écouter, du coup tant pis pour moi, à force je m'endors, elles me bercent vraiment. Ce qui est bien aussi, un film où on s'endort heureux vaut mieux qu'un film où l'on s'endort d'ennui ou bien où l'on s'endort pour s'enfuir, pour ne plus voir.

Pourquoi Disneyland, mon vieux pays natal, reste son meilleur film à ce jour, je n'en sais trop rien, p-ê parce qu'il condense le tout, qu'il n'est pas plus intelligent qu'un autre dans son discours, mais suffisamment intelligent pour être intelligible, et que le motif est puissant à chaque plan.

C'est cauchemardesque à dire, mais c'est ce qui était beau dans Disneyland, admettre que le motif omniprésent du capitalisme, ses lumières omniprésentes, son clinquant, sa vulgarité est cinégénique en diable, est le motif le plus fort à montrer, le motif dégueule et c'est à la caméra de le recevoir, de trouver qu'en faire (ça me renvoie à ce que je disais lors des Dragons, de mon malaise face à la beauté cinégénique cauchemardesque d'un paysage industriel, la beauté dans un cadre d'une usine, d'une cheminée qui fume, d'une grue vert fluo... et de ce questionnement permanent au montage face à l'imagerie, au comment la doser, au qu'en penser, qu'en dire, qu'en faire, comment l'admettre).

Dans Les Choses rouges, Des Pallières filme une sortie d'usine, en plan large, fac eà la grille où les ouvriers parqués en rang attendent désespérément que la grille s'ouvre, attendent d'être libérés du ventre de l'usine. Ce plan-là est terrifiant et beau, il pose des questions esthétiques à la François Emmanuel, elles convoquent une imagerie terrible. Des Pallières a très peur de ce plan, de fait, et je le comprends. Alors il ne dure pas trop, il préfère s'attarder sur un plan plus symbolique d'un ouvrier de fiction faisant du sur-place sur son vélo-solex, et ça ne marche pas, je ne sais pas pourquoi mais ça ne marche pas, c'est un plan-symbole, surligné comme tel, un plan très artificiel, et bizarrement c'est un plan terriblement naturaliste, allez comprendre, peut-être par son insistance et par l'indécision de Des Pallières à comment le filmer, du coup il multiplie les angles, il y revient, et c'est lourd.

Dans Parc, la séquence finale, sur la maison, c'est autre chose : Des Pallières a compris que l'artifice est dans le monde, que filmer le réel c'est la peur au sens Durassien du terme, que ce pavillon est terrifiant, ou magique, disons, comme le sont les préfabriqués de Streamside Day.

Parc est raté, je sais bien, on s'emmerde un peu des fois, mais j'y repense souvent, j'hésite à le revoir vraiment (je me balade parfois dans le divx).

J'étais surpris l'autre jour en voulant faire des captures d'écran du film de ne jamais retrouver en plan fixe l'impression esthétique forte, angoissante, étouffante, qu'avait provoqué chez moi le film, dont j'imaginais pourtant qu'il avait des airs d'exposition de photo contemporaine. Cette impression n'est là qu'en mouvement, il y a bien plus de hors-champ que je ne m'en souvenais.

(le DVD de Parc vient de sortir)

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MessagePosté: 23 Sep 2010, 12:35 
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Tu avais pas l'impression que le "système" dont tu parles tournait un peu à vide, dans Parc, justement ? Du mal à voir naître de vraies scènes (enfin y a des tentatives, celle de la soirée par exemple, l'ouverture, mais je reste pas très convaincu). Adieu et Les choses rouges sont certes inégaux, parfois un peu poussifs, mais leurs passages de "fiction" (tout le conte de Jonas, les histoire du miroir du diable) sont autrement plus puissants.

Plus simplement, je me demande si DesPallières est pas à l'aise quand il est en position de conteur - c'est le cas quasiment en continu dans Disneyland. C'est toujours les moments, j'ai l'impression, où ses films sont le mieux mis en scène.


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MessagePosté: 23 Sep 2010, 12:38 
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Disons que dans Parc, j'ai des souvenirs visuels et auditifs, je me fous de l'histoire.
Dans Adieu, dans Les Choses Rouges, dans Is Dead, je sais trop ce que ça raconte, je sais trop la note d'intention.
Dans Disneyland, je sais tout, j'ai tout, le conteur et le metteur en scène.

C'est pour ça que Disneyland je l'aime sans nuance, et pour Parc j'ai beaucoup de tendresse, tandis que les autres, je les regarde comme des objets théoriques, des systèmes.

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MessagePosté: 23 Sep 2010, 12:43 
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A noter que son prochain film, Michael Kohlaas, se passe au XV° siècle et raconte l'histoire d'un vendeur de chevaux.

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