le film m'a tapé dans l'oeil quand il était mis en exergue dans un dossier de vocable espagnol sur le dynamisme du cinéma d'amérique latine. je ne saurais pas trop dire si j'ai déjà vu un film colombien, je ne connais pas bien cette partie du monde mais elle m'intéresse, j'essaye de ne pas limiter les films internationaux à ceux choisis par thierry fremeaux, donc go.
il est sorti en france où il a floppé (20k) mais a eu de belles critiques dans les quelques journaux en ayant parlé.
ça commençait à la fois bien et mal, avec une chronique sans jugement d'une bande de racailles colombiennes. alors d'un côté ça fait découvrir le pays, la pauvreté, la vie dans la rue, plein de choses. et d'un autre, des bandes de jeunes garçons sûrement victimes de la societer mais néanmoins atrocement toxiques qui s'insultent tout le temps, se battent, volent, détruisent des trucs à droite à gauche parce que c'est marrant, sont bêtes et belliqueux c'est vraiment pas mon délire.
j'ai failli arrêter, puis finalement un des membres de cette bande apprend que la justice lui restitue les terres qui avaient été confisquées à sa grand mère par des paramilitaires. on rentre dans des détails historiques qui ne sont pas expliqués du tout, mais c'est pas très grave.
et ils entament donc un voyage vers le fond de la colombie pour retrouver ces terres, une sorte de ruée vers l'or, sur ces terres familiales de ces garçons sans familles, de jeunes gens perdus dans un pays manifestement assez dysfonctionnel.
et ça n'est pas allé à cannes, mais c'est quand même extrêmement festivaleux, il y a des passages oniriques, des éclats de violence, une scène où ils dansent au ralenti sur une chanson pop, une scène où ils sont en ombre chinoise devant un grand feu, un long plan fixe où ils prennent toute l'injustice du monde dans la face, une fin qui ne résout rien mais qui en dit long, une absence de jugement moral sur ce que font les personnages mais un regard assassin sur les injustices de la société, des rencontres pleine d'humanité avec des petites gens... tout y est, et la non sélection dans une section parrallèle cannoise a dû être vécue comme une claque.
ce n'est pas forcément le formatage qui me passionne, et je suis un peu lassé de ces films que j'oublie généralement très vite, dont on n'entend plus jamais parler avant que le film suivant du réalisateur soit pris à un certain regard et le cycle se reproduit...
il n'en demeure pas moins qu'il y a plein de très beaux plans - une mise en scène sans grand personnalité mais avec du talent, que l'histoire est assez forte, que la plongée dans le pays est saisissante, que c'est toujours passionnant de voir les similitudes et les différences entre les différentes cultures (il y a plein de scènes où on dirait des pures racailles d'ici mais avec des codes totalement différents, c'est assez cocasse - et d'un autre côté l'absence totale de l'état), que le pays est filmé dans sa beauté et dans sa laideur...
mais bon.